Homélie du 22 septembre 2013

Prédicateur : Abbé Guy Oberson
Date : 22 septembre 2013
Lieu : EMS d’Humilimont, Marsens
Type : radio

Chères sœurs, chers frères de l’EMS d’Humilimont, chères auditrices, chers auditeurs,

Après l’écoute des trois lectures de ce dimanche, comment ne pas faire le lien avec les dramatiques problèmes d’argent qui secouent notre planète, avec les conséquences désastreuses qui pèsent sur différents peuples, tels la Grèce. Chypre, et les plus fragiles des populations des pays riches dans l’angoisse de ne pouvoir vivre décemment.

La lecture du prophète Amos et l’évangile de Luc se rejoignent pour dénoncer les graves dangers que fait courir à l’homme un attachement excessif aux biens matériels, notamment à l’argent. Il ne s’agit pas seulement d’un vilain défaut nommé cupidité, mais d’un système pervers qui fait de l’argent une idole sacrée, intouchable.

En donnant la parole à des marchands sans scrupules, le prophète Amos dévoile leurs intentions secrètes : les fêtes religieuses à peine passées, ils s’empressent de pratiquer leur commerce pervers en diminuant les mesures, en faussant les balances et en augmentant les prix.

Plus encore déclarent-ils : « Nous pourrons acheter le malheureux pour un peu d’argent, le pauvre pour une paire de sandales ». Que deviennent les personnes humaines avec de telles pratiques ?

Le cri prophétique d’Amos ne garde-t-il pas toute sa pertinence pour notre temps. Pensons simplement à la votation de ce dimanche sur l’ouverture des shops sept jours sur sept, 24 heures sur 24, ouverture qui vise la satisfaction individuelle et l’appât au gain, sans la moindre prise en compte du droit au dimanche et de cet espace si nécessaire pour vivre ensemble une vie de qualité. Mgr Martin Werlen nous rappelle l’enjeu du repos dominical en ces termes : « Lorsque performance et consommation sont érigés en maîtres, l’homme subit une pression toujours plus forte. Il devient toujours plus agité et ressent peu à peu le néant l’envahir. Or le dimanche férié vient briser cette spirale malfaisante ». Plus largement encore, le message d’Amos questionne et interpelle quant au fossé qui se creuse entre pays riches et pays pauvres, comme les salaires se creusent chez nous entre les travailleurs des entreprises et leurs managers. Des initiatives diverses tentent de stopper cet écart qui va grandissant.

Nous le constatons, le message de l’évangile prend également et, je dirais nécessairement, le chemin de l’action politique, visant à promouvoir le développement d’une société juste et solidaire, mettant au centre le bien de chaque personne humaine.

L’évangile dans sa lecture brève que nous avons retenue, affirme impérativement que nous ne pouvons pas servir deux maîtres à la fois, Dieu et l’argent.

Que faut-il comprendre ? L’un des enseignements fondamentaux, premier du message évangélique est le service, selon la déclaration de Jésus lui-même : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir » servir Dieu son Père en servant l’homme. Jésus ne nous demande pas de nous désintéresser de l’argent. Au contraire comme il le dit, il nous invite à être dignes de confiance dans les toutes petites affaires et à fortiori dans les grandes. Nous devons être dignes de confiance avec l’argent trompeur de telle sorte que nous le soyons avec le bien véritable. Et le bien véritable ne serait-ce pas le service de l’homme en toute chose, notamment dans la manière de gérer l’argent.

Or, nous ne cessons d’être choqués par toutes les affaires qui font scandales : fraudes, tromperies, blanchiments, malversations, spéculations, escroqueries et j’en passe. Et l’Eglise elle-même n’est pas épargnée comme en témoignent les préoccupations de notre pape François au sujet de la banque du Vatican. Que d’interrogations pour les croyants que nous voulons être au plus prêt de notre conscience, interrogations toujours plus pressantes qui renvoient nécessairement à un besoin de transparence et d’honnêteté dans l’action personnelle et sociale.

L’enseignement social de l’Eglise nous dit que la richesse existe pour être partagée. Je cite : « Les biens, même légitimement possédés, conservent toujours une destination universelle ; toute forme d’accumulation indue est immorale, car en plein contraste avec la destination universelle assignée par Dieu Créateur à tous les biens ». Dans la première lettre à Timothée, saint Paul nous dit : «Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont transpercé l’âme de tourments sans nombre. » (1 Tm 6,10) Serait-ce la raison pour laquelle, Paul demande à Timothée dans la deuxième lecture de ce dimanche de prier « pour les chefs d’Etat et tous ceux qui ont des responsabilités, afin que nous puissions mener notre vie dans le calme et la sécurité, en hommes religieux et sérieux ». C’est à eux qu’incombe, en premier, la responsabilité de mettre l’argent au service de tous les hommes.

L’atmosphère sociale et morale du monde sera-t-elle respirable demain si les nouvelles générations se contentent de reproduire et même d’amplifier les dérives d’aujourd’hui ? Puissions-nous servir Dieu en servant l’homme.»

25e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Amos 8,4-7; 1Timothée 2,1-8; Luc 16,1-13

 

22 septembre 2013 | 11:43
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!

plus d'articles de la catégorie «Homélie»