© Pierre Pistoletti
Homélie

Homélie du 24 octobre 2021 (Mc 10, 46b-52)

Abbé Joseph Hien – Chapelle de l’École des Missions, Bouveret/St-Gingolph, VS

               « Allez ! De toutes les nations, faites des disciples : baptisez-les….. apprenez-leur à observer tout ce que je nous ai commandé ». (Mt 28,18-19).

           C’est Jésus ressuscité qui l’a dit aux onze apôtres en Galilée, à la montagne où il « leur a avait ordonné de se rendre ». (Mt 28,18). Donc, Jésus a bien préparé cette rencontre, il a choisi lui-même le lieu de leur rendez-vous, un lieu tenu secret et loin de la foule. Ce très bref discours d’adieu de Jésus mettait ses disciples en mouvement : « De toute les nations faites des disciples…. Jusqu’à la fin du monde ». (Mt 28, 18.20). Ce discours de Jésus n’est-il pas l’origine de la célébration du dimanche de la mission universelle d’aujourd’hui ?

Impossible de nous taire

           Frères et sœurs, la liturgie de ce dimanche nous invite à écouter la réponse de Pierre et de Jean devant les autorités de Jérusalem : « Il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu ». (Ac 4,20). La liturgie nous invite également à regarder Bartimée, le mendiant aveugle de Jéricho qui a miraculeusement été guéri et il « suivait Jésus sur la route ». Et ce matin nous prions avec l’église du Viêtnam, l’église hôte du dimanche de la mission.

           « Il nous est impossible de nous taire », c’est l’affirmation de Pierre et Jean devant les autorités de Jérusalem. Or, Pierre et Jean et d’autres apôtres, ils sont au nombre de douze et sont choisis par Jésus et formés à son école missionnaire dont Jésus est maître.

           Ces douze hommes sont des gens simples. Ils ont librement tout quitté, leur famille et leur profession pour répondre à l’invitation de Jésus : « Suis-moi ». Ils menaient une vie nouvelle avec Jésus. Ils ont partagé le quotidien avec leur maître. Ils sont formés par des rencontres de l’enseignement de leur maître avec des foules ou de colloque entre eux à la maison. Ces douze apôtres choisis par Jésus ont progressivement découvert l’identité de Jésus qui est le « Messie et envoyé du Père », un Messie investi de puissance infinie de Dieu. Il a la parole de la vie éternelle, il est la miséricorde de Dieu. Il parle le langage de Dieu, car il est Fils de Dieu. Désormais, l’esprit missionnaire de Jésus habite leur cœur, ils sont devenus des « pêcheurs d’hommes », c’est pourquoi ils ont affirmé avec force : « Il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu ». Le Pape François, dans son message pour le dimanche de la Mission universelle de cette année a écrit : « Quand nous expérimentons la force de l’amour de Dieu, quand nous reconnaissons sa présence de Père dans notre vie personnelle ou communautaire, il nous est impossible de ne pas annoncer ou partager ce que nous avons vu et entendu ». (Message du Pape François 2021).

Le manteau de Bartimée

       Revenons à l’évangile de ce dimanche : la guérison miraculeuse du mendiant aveugle de Jéricho. Il s’appelle Bartimée, assis au bord de la route et couvert d’un manteau qui est toute sa richesse. « Appelez-le », dit Jésus à ceux avaient empêché Bartimée de s’approcher de Jésus.

        «L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus». Marc, évangéliste, n’a pas oublié le petit détail : «jeter le manteau» et courir vers Jésus avec joie. Peut-être, nous avons du mal à mesurer la portée de ce détail, mais l’aveugle de Jéricho, comme d’autres pauvres mendiants à l’époque, ne possédait certainement rien d’autres que ce manteau pour se couvrir. L’ancien testament accorde beaucoup d’importance au manteau du pauvre. Dans le livre de l’Exode, il existe dans la loi de Moïse une très belle prescription concernant le manteau : «Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. Car c’est sa seule couverture, c’est le manteau de son corps dans lequel il se couche». (Exode 22, 25-26).

       Bartimée a abandonné, sans hésitation, son manteau, son seul bien, pour venir à Jésus avant même d’être guéri.

       «Assis au bord de la route», maintenant il est un homme nouveau, debout, il marche librement. «Il suivait Jésus sur la route». Mais quel chemin ? Jésus en marche vers Jérusalem qui est précisément le début du chemin de la passion. Et c’est la fin d’une histoire simple de l’aveugle de Jéricho. On ne sait plus rien. Ce n’est pas important, car son rôle est terminé. Son histoire se confond désormais avec celle de tout homme, avec la nôtre, qui prend les moyens de marcher à la suite de Jésus.

L’Eglise du Vietnam

           Frères et sœurs, en ce dimanche de la mission universelle, nous sommes invités à prier avec l’Eglise du Viêtnam, choisie comme l’église hôte. Le bulletin « Missio, partage et échange entre Eglises » nous donne quelques informations sur l’église du Vietnam. Le Viêtnam voit arriver les premiers missionnaires au 16e siècle et surtout au 17e siècle. Les missionnaires étaient très actifs dans les régions d’Asie. Le Vietnam a vécu des guerres interminables, de longues persécutions et la division du pays en 1954 puis la réunification en 1975. Aujourd’hui, le Viêtnam compte 27 diocèses dont 3 archidiocèses, 52 évêques pour 7 millions de fidèles sur 98 millions d’habitants.

           L’église du Viêtnam compte plus de 2800 séminaristes dans onze grands séminaires, 80000 jeunes laïcs engagés dans la catéchèse et plus de 2668 prêtres répartis dans 2228 paroisses. En 1988, le Pape Jean-Paul II a canonisé 117 catholiques, au nom des centaines de milliers de martyrs vietnamiens.

           Frères et sœurs, chers enfants, le Pape Jean-Paul II, durant son long pontificat, a souvent insisté sur la « ré-évangélisation de l’Eglise », et le Pape François aujourd’hui nous parle de l’urgence de la « transformation missionnaire de l’Eglise ». L’Eglise, par sa nature, est missionnaire. Tous les baptisés, par leur vocation baptismale, sont des envoyés, ils sont des missionnaires. « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux », (Lc 10,2), L’Eglise d’hier, l’Eglise d’aujourd’hui et celle  de demain a toujours besoin d’ouvriers, de bons ouvriers, car la mission d’évangélisation est difficile : « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups », (Lc 10,3). La route missionnaire n’est pas facile, mais n’ayons pas peur, car nous avons la certitude que Jésus « le bon pasteur, le puissant berger » est avec nous, il marche avec nous et nous invite tous les jours : « Allez, vous aussi, travailler à ma vigne » (Mt 20,4). Amen.

30e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : Jérémie 31, 7-9; Psaume 125, 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6;e; Hébreux 5, 1-6; Marc 10, 46b-52

© Pierre Pistoletti
24 octobre 2021 | 09:35
Temps de lecture: env. 5 min.
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