Homélie du 25 janvier 2015

Prédicateur : Père Rolando Leo et Pasteur Daniele Campoli
Date : 25 janvier 2015
Lieu : Eglise évangélique réformée de Lugano
Type : tv

Méditation 1- œcuménisme des martyrs

Le Père Rolando Leo, vice président de la communauté de travail des Eglises chétiennes du Tessin, nous offre un 1er espace de méditation :

Le pape François a martelé ces derniers mois une expression forte: « L’œcuménisme du sang » . En effet, nous nous rendons compte tragiquement que celui qui persécute ne fait pas de différences de confessions. Le passage de l’Évangile que nous avons tout juste écouté, nous aide à comprendre ce qui arrive et Jésus affirme que la racine de la haine est l’éloignement du cœur profond de Dieu lui-même (« ils ne me connaissent pas… ils ne connaissent pas le Père… »).

Il y a entre nous une réalité difficile que Jean l’évangéliste appelle « monde » et il représente tout ce qui est hostile à Dieu. Il y a deux mois, le pape François et le patriarche orthodoxe Bartolomée Ier ont signé ensemble une importante déclaration. Elle rappelle aussi les retrouvailles historiques d’il y a 50 ans entre le pape Paul VI et le patriarche Atenagoras qui s’embrassaient. Nous pouvons nous demander si en 50 ans quelque chose a changé dans les rapports entre les Églises, et parfois nous pourrions nous sentir un peu découragés, mais la vraie réponse nous est donnée par l’histoire et par l’Évangile.

Par l’histoire, parce que nous sommes en train de vivre l’œcuménisme du sang, l’œcuménisme des martyrs, qui est aussi le thème de cette journée. En ces temps historiques, nous vivons une nouvelle manifestation de la bonne volonté de l’être humain, des Eglises, dans lesquelles le martyr se reconnait encore comme graine féconde pour la vie chrétienne.

Reconnaissons que la souffrance aide le chemin vers l’unité, et arrive à favoriser un dialogue avec l’Islam aussi, parce que nous sommes convaincus d’une chose: un unique appel universel existe à travailler ensemble pour amour de la justice, de la paix et du respect de la dignité et des droits de chaque personne.

Les divergences culturelles et éthiques qui rendent notre chemin plus compliqué, ne doivent pas nous effrayer!

Ce ne sont pas nos paroles, mais la réponse nous vient de l’Évangile lu aujourd’hui:

« Si le monde vous hait, dit Jésus, pensez au premier d’entre vous qui m’a haï… vous n’appartenez pas au monde, parce que le monde vous hait… s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ». La souffrance fait partie de notre chemin.

Mais nous sommes présents aussi depuis toujours dans la pensée de Dieu, dans son histoire! Jésus nous dit ainsi: « Vous avez été avec moi dès le commencement. » Il nous a prévenus!

Et Jésus nous avertit: « En tuant, ils penseront faire une chose agréable à Dieu! » Et c’est littéralement ce qui est en train d’arriver aujourd’hui. Il nous a avertis. On ne peut pas dire qu’il ne nous l’aie pas dit.

 

Mais l’Évangile a le dernier mot de consolation pour nous aujourd’hui. Quand nous pardonnons, quand nous permettons des rapports de paix, de fraternité et d’unité, le Christ renaît continuellement. La pierre du sépulcre a été renversée pour toujours. Le dernier mot est vraiment de Jésus: « Courage, j’ai vaincu le monde ».

Méditation 2 – solidarité

Un 2e espace de méditation par le pasteur Daniele Campoli, qui est pasteur au service de cette église protestante de Lugano.

L’apôtre Paul écrit une lettre à l’Eglise de Corinthe – une Eglise riche et forte –Dans cette lettre, il exhorte les destinataires de partager généreusement selon leurs moyens.

Le motif de la lettre – ou du moins du bref passage que nous avons lu – est très vite donné: il s’agit de partager les richesses – spirituelles, mais aussi matérielles – avec les croyants qui vivent à Jérusalem et qui sont mis à dure épreuve dans une période de restrictions.

L’apôtre Paul toque à la porte de la communauté de Corinthe, mais il toque également à la porte de toutes les autres communautés qu’il a visitées ou fondées autour de la Méditerranée, dans le but de susciter un mouvement de solidarité qui produise une aide concrète destinée à atténuer les souffrances des frères et sœurs qui se trouvent à Jérusalem.

La lettre date de près de deux mille ans. Mais pourtant, l’initiative de Paul – de faire une collecte et de susciter un élan de solidarité pour les frères et sœurs dans le besoin – est tout-à-fait compréhensible aujourd’hui. Et elle nous suggère quelques éléments de réflexion.

Premièrement, l’Apôtre nous donne à voir la dimension internationale – dans un vocabulaire chrétien, nous dirons universelle – de l’Eglise. L’Eglise n’est pas seulement ma famille, ma paroisse, l’église de ma région, mon diocèse, mais elle a une dimension beaucoup plus ample. Parfois il nous est difficile de nous souvenir de cette dimension. Notre vision est si limitée.

Deuxièmement, nous ne voyons pas seulement l’Eglise dans sa dimension universelle, mais aussi les besoins de l’Eglise repartie en de nombreuses régions du monde.

Nous ne pouvons pas ignorer ce qui se passe dans les Eglises chrétiennes en Irak, en Corée du Nord, en Turquie, en Syrie, au Nigéria et dans beaucoup d’autres pays: des soeurs et des frères en Christ sont victimes de situations difficiles, parfois dramatiques, et de grande souffrance.

Troisièmement, nous remarquons que l’apôtre Paul ne fait pas de différences en ce qui concerne les aides à mettre en œuvre. C’est-à-dire qu’il ne dit pas qu’il faut aider certains – ceux qui lui sont sympathiques – et non d’autres – ceux qui lui sont moins sympathiques.

Il aurait pu le faire, et il en aurait eu motif: les églises chrétiennes de la Palestine ne partageaient pas sa ligne de foi. De fait, Paul s’était disputé avec quelques responsables de communautés. Mais il ne dit pas : aidons seulement les chrétiens qui sont de notre obédience, aidons seulement les catholiques, ou seulement les protestants, ou seulement les orthodoxes, mais pas les autres, les catholiques oui, mais les évangéliques non, les orthodoxes oui, mais les catholiques non.

Encore une fois il s’agit d’élargir son cœur et sa propre vision, afin de redécouvrir l’œcuménisme chrétien. C’était le cas dans l’esprit et l’action de l’Apôtre. Est-ce que aussi le cas dans nos cœurs et dans nos esprits ?

Que le Seigneur élargisse notre cœur et ajuste nos yeux, afin de nous donner une vision plus ample de communion, de partage, de solidarité vécue et active.»

Lectures bibliques :Evangile selon Saint Jean 15,18-16,33 ; 2e épître de Saint Paul aux Corinthiens 8, 1-8

25 janvier 2015 | 11:14
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 4  min.
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