Homélie du 27 octobre 2013

Prédicateur : Père André Carron
Date : 27 octobre 2013
Lieu : Chapelle de l’Ecole des Missions, Le Bouveret
Type : radio

Une prière qui nous « ajuste » au cœur de Dieu et nous rend justes !

« Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres ! »

Une parabole, une histoire inventée par Jésus pour faire passer un message !

Etre juste !

Juste me fait penser à justesse !

A la justesse, par exemple, des instruments qui accompagnent nos chants, nos fêtes, nos liturgies…

Une guitare, un piano, un violon, çà a besoin de justesse et çà s’accorde régulièrement !

Pour sonner « juste »…

Et si on veut que les trois jouent ensemble, forment un « groupe », un début d’orchestre, c’est encore plus vrai !

Vous, les chanteurs du Chœur de jeunes, vous savez combien vos répétitions sont indispensables et utiles, chaque semaine, pour cultiver vos voix et apprendre à chanter vraiment ensemble.

Comme c’est beau quand toutes les voix et tous les instruments chantent et sonnent « juste » !

Nos cœurs sont comme ces instruments, comme nos voix : ils ont besoin d’être sans cesse réglés, accordés, pour sonner « juste » ! Pour s’accorder aux autres !

Avant chaque chant, le chef donne le ton…

Pour nous les chrétiens, c’est Jésus qui donne le ton, exactement à chacun, avec justesse ; il est d’ailleurs invoqué comme le « juste des justes »…

Le pharisien de l’histoire estime qu’il sonne juste !

Il est bavard… Il se vante !

Il n’envisage aucune remise en question… Il jette un regard de mépris sur ce publicain…

Il ose le juger, il n’a pas compris que, comme nous l’a rappelé le sage Ben Sirac :

« Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes. »

Le publicain, par contre, sait que dans sa vie çà « sonne faux »… Il se tient à distance… Il baisse les yeux ! Il sait trop bien que son cœur ne bat pas au même rythme que celui de Dieu qu’il vient rencontrer au temple… S’il est là au temple c’est qu’il cherche, qu’il a une envie au cœur !

Il a envie qu’on oublie qu’il est un pécheur, un nul… ce que les gens lui rappellent tous les jours, à lui le « vendu » au pouvoir des occupants romains ! Il a pressenti que Dieu peut oublier qu’il est pécheur et le regarder autrement… Il se frappe la poitrine et c’est son cœur qui parle : « Prends pitié du pécheur que je suis ! »

Qui d’entre nous, et moi le premier, ne se sent jamais supérieur ou meilleur que les autres !

Qui d’entre nous, et moi le premier, ne succombe à la tentation de juger les autres ?

Comme le pharisien !

Qui n’a pas honte et envie qu’on oublie certaines choses, d’être pardonné !

Comme le publicain !

Nous ressemblons aux deux, à ce pharisien et à ce publicain, on peut s’y reconnaître !

Des milliers de livres et des traités superbes ont été écrits sur la prière… sur la manière de prier… sur le sens de la prière… On peut prier :

Seul – Avec les autres comme ce matin – En ouvrant la Bible, l’Evangile – Avec la « Prière du Temps Présent », la grande prière officielle de l’Eglise (celle que les moines prient tous les jours), on peut consacrer du temps à la méditation… C’est aussi : Une pensée du matin – Une prière du soir – Une bougie allumée – Des fleurs déposées devant un modeste oratoire – Un arrêt près d’une croix – Un soupir de fatigue – Une larme – Des pleurs – et même un silence …

Prier, c’est toujours une rencontre !

Prier, c’est se couler dans le grand courant de l’amour de Dieu.

Prier c’est écouter la sublime mélodie de la tendresse, de l’amour et de la miséricorde de Dieu.

Prier, c’est découvrir la force, la puissance de l’orchestre dirigé par l’Esprit-Saint, capable de faire toutes choses nouvelles, de renouveler la « face de la terre » !

La prière « ouvre » le cœur aux autres, à l’étrange étranger… elle rend possible ce qui paraît impensable… Du coup, nos cœurs commencent à ressembler au cœur de Dieu, « ouvert » et offert à tous les hommes !

La prière nous installe dans la confiance… Saint Paul l’a vécu, il en témoigne :

« Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que je puisse annoncer jusqu’au bout l’Évangile et le faire entendre à toutes les nations païennes. »

Rappelons-nous un autre conseil de Jésus : « Pour toi quand tu pries, retire-toi dans ta chambre… »

Une affaire de cœur ! De cœur-à cœur avec Dieu, avec Jésus !

Ainsi, petit à petit, la prière, vécue comme une rencontre, « règle » nos cœurs sur la fréquence du cœur de Jésus !

Petit à petit notre cœur change, s’ajuste, notre regard sur soi, sur les autres, sur les événements se modifie… Notre intelligence s’éclaire et l’Esprit-Saint inspire nos actes !

C’est ce qu’a vécu le publicain de l’histoire de Jésus. Il est reparti avec un cœur neuf, « ajusté »…

« Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste… »

Dans le petit orchestre de ma famille, au milieu de mes amis, à l’école, auprès de mes collègues de travail, dans le grand orchestre de l’humanité, je suis appelé à jouer toujours plus « juste »…

A toutes les heures, l’actualité ne nous offre pas qu’une belle et harmonieuse mélodie !

C’est souvent comme un bruit, un bruit qui fait mal… « çà grince » !

Les réglages de la justice, du partage, du pardon sont difficiles… déjà chez nous mais de manière combien plus tragique dans tant d’autres pays,… entre autres au Malawi !

Parfois, on est frôlé par un certain découragement : à quoi çà sert de prier ! De demander avec l’impression de ne jamais être entendu ! On rêve pourtant de soulever, de changer le monde comme le pape François qui nous a invités, il y a quelque temps, à prier pour la paix…

Ma petite prière a-t-elle un effet, du poids ?

Jésus nous a donné une parabole… Je vous laisse avec cette histoire…

Histoire de la mésange !

« Dis-moi combien pèse un flocon de neige ? » demanda la mésange charbonnière à la colombe.

« Rien d’autre que rien ! » fut la réponse.

Et la mésange raconta alors à la colombe une histoire :

« J’étais sur la branche d’un sapin quand il se mit à neiger. Pas une tempête, non, juste comme un rêve, doucement, sans violence. Comme je n’avais rien d’autre de mieux à faire, je commençais à compter les flocons qui tombaient sur la branche où je me tenais. Il en tomba 3’751’952…

Lorsque tomba le 3’751’953 ème, rien d’autre que rien comme tu l’as dit, la branche cassa ! Sur ce la mésange s’envola. La colombe, une autorité en matière de paix depuis l’époque d’un certain Noé, réfléchit un moment et se dit finalement :

« Peut-être ne manque-t-il qu’une personne, qu’une prière pour que tout bascule et que le monde vive en paix ? »»

30e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Siracide 35, 12-14.16-18; Psaume : 33, 2-3, 16.18, 19.23 2e; 2 Timothée 4, 6-8.16-18; Luc 18, 9-14

27 octobre 2013 | 10:13
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 5  min.
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