Homélie du 28 avril 2013
Prédicateur : Abbé Claude Pauli
Date : 28 avril 2013
Lieu : Foyer Saint-Paul, Cologny
Type : radio
Chers résidents du foyer St-Paul,
Très chers malades,
Mon frère au volant, chez toi ou au travail,
vous qui nous suivez sur les ondes d’Espace 2,
Mes frères et mes sœurs bien-aimés,
Combien de fois à l’issue d’un enterrement n’entend-t-on pas les gens dire : il semble que nous sommes tous des saints le jour de notre départ de ce monde tant on s’applique à souligner les innombrables qualités de la personne défunte, omettant volontairement les zones plus sombres de sa vie. Mais au fond, n’est-ce pas là chose légitime que de ne vouloir garder que les graines d’amour, de générosité, de gentillesse qui ont poussé dans son cœur et dont nous avons été les bénéficiaires ? N’est-ce pas là un authentique acte de charité que de ne garder que le positif, laissant à Dieu seul le soin de purifier ce qui doit encore l’être, comme on passe l’or au feu du creuset ?
Plus intime encore la question pour moi que bien souvent ces jours là je me pose : que dira-t-on de toi ?
La réponse, chers frères et sœurs, est dans la mise en pratique quotidienne de la page d’évangile que nous recevons aujourd’hui.
Le Christ invite ses disciples, donc chacun d’entre nous, à nous aimer les uns les autres.
Mais il ne s’agit pas de n’importe quel amour !
Que de « je t’aime » raisonnent parfois que comme un cri d’autosatisfaction de ce que l’autre m’apporte…
Que de « je t’aime » raisonnent parfois comme un dû, bafouant la loi naturelle, au cœur d’une société qui admet tout type de relation comme légitime parce que visant soi-disant un pseudo épanouissement de la personne au détriment non avoué de son équilibre humain.
Le Christ lui nous invite à nous aimer les uns les autres COMME il nous a aimés. Il nous a aimés d’un amour sans retour jusqu’à donner sa vie pour nous. Un amour qu’il a ancré dans l’intimité avec le Père. Un amour qui ne juge pas mais qui relève et fait exister l’autre. Un amour blessé mais non désespéré devant la froideur et l’hypocrisie de ses contemporains. Un amour qui ira jusqu’au pardon dans le don de sa vie pour nous sauver.
Un des premiers témoins vivant de cet amour spécifique, nous l’avons chanté au début de cette eucharistie, c’est Joseph. Rien dans sa vie ne s’est passé comme il l’avait prévu mais il a fait confiance, ne vivant que pour Marie et l’Enfant. Il est pour chacun de nous, lorsque nous sommes face à l’imprévu, à l’inattendu, joyeux ou douloureux, un exemple de foi et d’abandon. Une brave petite dame que je visitais m’a dit : « vous savez Monsieur l’abbé, avant que l’on me prenne ma vie, je me dépêche de l’offrir au Seigneur »
Cher résident, cher malade, mon frère en humanité qui te joint à notre prière, l’amour chrétien est un amour revivifié dans la prière et nourri de la grâce des sacrements. Il met petit à petit au cœur du disciple de Jésus la capacité de voir, d’accueillir et d’aimer l’autre comme Dieu l’aime.
« La seule mesure de l’amour est d’aimer sans mesure » dit Saint Bernard.
En définitive et il n’est pas difficile de s’en rendre compte, nous ne possédons rien. Tout peut être très vite chamboulé. Seul l’amour non seulement ne peut être volé mais il peut grandir alors que nous diminuons. « Je suis une petite chose avec un cœur immense » chantait l’enfant de la rue.
Ainsi chers résidents, chers malades, chers frères et sœurs, chaque nouvelle journée devient une chance de plus de se rapprocher de Dieu en vivant au diapason de son amour. Il n’y a plus de jours perdus… Il n’y a que des jours gagnés. Comme nous l’a rappelé l’apocalypse, c’est chaque jour « que le Seigneur fait toute chose nouvelle. « Si Dieu est à nos cotés : nos nuits remplie parfois d’angoisse sont promise à un matin de Pâques.
Quoi qu’on en dise, nos résidences, nos EMS, nos hôpitaux ne sont pas des mouroirs, sinistres et tristes, où nous serions assis sur le quai du départ, attendant le train de la mort, NON !
Non, nos résidences, nos EMS, nos hôpitaux sont, excusez-moi l’invention du mot, des amouroirs, c’est à dire des lieux de vie où chaque geste, chaque regard, chaque instant passé ensemble est vécu comme un acte d’amour et d’offrande. Le travail de tant de médecins, de soignants, d’accompagnants et de bénévoles est réellement vécu comme une vocation et incarne de manière visible cette merveilleuse phrase de Mère Thérésa : « le fruit de la foi est l’amour, le fruit de l’amour est le service, le fruit du service est la paix. »
Frères et sœurs, je reviens à mon enterrement ou plutôt à mon encielement que j’espère, comme chacun d’entre vous le plus tard possible, mais je me dis que si ce jour là on dit de moi qu’au service de ceux qui m’ont été confiés, j’ai vécu le mieux possible la devise de mon ordination : Jésus, ma joie, c’est de t’aimer ! et bien j’aurai mis en pratique le trésor de l’évangile de ce jour. C’est ce que je nous souhaite à tous. Je vous aime et vous porte dans ma prière.
AMEN.
5e dimanche de Pâques
Lectures bibliques : Actes 14, 21b-27; Apocalypse 21, 1-5a;Jean 13, 31-33a, 34-35
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