Homélie du 28 janvier 2024 (Mc 1, 21-28)
Abbé Aimé Munyawa – Eglise Saint-Joseph, Lausanne
Chers frères et sœurs dans le Christ et vous tous bien aimés du Seigneur qui nous suivez à travers les ondes de la RTS,
Après avoir invité ses quatre premiers disciples à le suivre le dimanche dernier, aujourd’hui, en ce 4è dimanche, le Seigneur Jésus arrive dans la ville de Capharnaüm. Située au nord du lac de Tibériade, Capharnaüm était une ville de pécheurs et d’agriculteurs et par conséquent, elle était sur route du commerce, agglomération de passage et de négoce. En d’autres termes, un lieu de rencontres et de brassages culturels. Et c’est dans ce lieu des rencontres des peuples que le Seigneur vient manifester son autorité en tant que Fils de Dieu. Il nous invite nous aussi à laisser transparaître l’autorité de Dieu dans nos rencontres sans nous laisser posséder par les forces du mal. Dans cette ville, la première des choses qu’il entreprend, le jour du sabbat, est de se rendre à la synagogue, lieu de prière et d’éducation spirituelle et sociale pour les juifs.
Le mal n’a plus le dernier mot
En y arrivant, quelle surprise pour Jésus et ses disciples ! j’allais dire quels capharnaüms ! Au cœur de ce lieu social et spirituel, un homme se trouve possédé par un esprit impur. Inimaginable mais vrai ! L’esprit impur, c’est le corrupteur de notre conscience, il nous pousse à aimer le mal et à détester le bien pour lequel nous sommes créés.
Le face à face avec Dieu est insupportable pour l’esprit impur. Déstabilisé par l’autorité de Jésus, l’esprit impur attaque : que nous veux-tu ? es-tu venu pour nous perdre ? puisque nous savons qui tu es ! Oui, l’esprit impur a bien compris que son temps est fini et ses cris ne sont que des gémissements et des convulsions de sa fin. Jésus dit : « sors de cet homme ». Le mal n’a plus le dernier mot, mais c’est Jésus qui le tient. L’heure de la libération a sonné.
L’histoire du monde vient de basculer par l’enseignement de Jésus à la synagogue. À l’enseignement des scribes vient se substituer l’enseignement du sauveur lui-même. Désormais, Dieu parle directement à son peuple dans la personne de son fils. Un enseignement nouveau à plus d’un titre. D’abord par son humilité : fils de Dieu, parole faite chair, il se rend à la synagogue. Ensuite par la puissance de ses paroles qui réalisent l’œuvre rédemptrice de l’humanité. Le véritable enseignement de Jésus est celui qui libère l’être humain du poids de l’esprit du mal. En fin, l’autorité de Jésus vient remettre le mal à sa place c’est-à-dire : en dehors du cœur de l’homme.
La scène se passe à la synagogue, le jour du sabbat. Le sabbat étant le jour où le peuple célèbre le Dieu créateur et libérateur. Par la guérison du possédé, la Parole de Dieu nous montre qu’en Jésus, Dieu libère l’humanité de l’esclavage du mal. L’œuvre rédemptrice s’accomplit en Jésus
En disant : sors de cet homme, le Seigneur Jésus réaffirme le caractère sacré de tout être humain qui est le lieu de l’habitation de Dieu. Créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous sommes temple de l’esprit et maison de Dieu. Par conséquent, aucune force du mal ne doit élire domicile dans l’être humain. En disant sors de cet homme, l’autorité de Jésus purifie l’homme du mal et remet le mal à sa place. La place du mal, c’est hors du cœur de l’homme. Avons-nous conscience d’être des porteurs de Dieu ? des maisons d’habitation de Dieu ?
Une mission de libération
Chers frères et sœurs, les quatre disciples qui accompagnent Jésus sont non seulement les témoins mais ils représentent aussi l’Eglise qui reçoit de la part du Christ cette mission de libération.
Le possédé, quant à lui, il est l’image de l’humanité entière, possédée par le mal de la violence, de la haine, de la guerre, des conflits, de la division, de la domination, de la misère, du consumérisme, de la dépendance et même de la maladie. En faisant confiance au Christ, par le Christ, avec le Christ et dans le Christ nous devenons dépositaires de l’autorité du Christ pour museler la bouche du malin, auteur du mal, pour donner à l’humanité sa dignité et sa splendeur que la résurrection du Christ lui confère. La parole du Christ a l’autorité de nous restaurer intérieurement en brisant l’engrainage du mal qui est en nous et qui nous ronge.
Chers frères et sœurs, dans une société moderne, j’allais dire ultra moderne comme la nôtre, on risque de croire que le diable qui est la racine du mal n’existe pas. Parler du diable pour expliquer le mal dans le monde, semble revenir à une époque obscurantiste du moyen-âge. Et dans une situation de peur et d’angoisse persistantes, on risque de croire que le diable est partout. Ce sont les deux extrêmes erreurs à éviter : ni le sous-estimer, ni le surestimer. Nous devons reconnaître sa présence malicieuse au milieu de nous, tout en sachant que Dieu, qui nous aime et qui nous a libérés par son fils, est plus fort qui lui et il l’a déjà vaincu pour nous. Telle est notre foi. Ouvrons nos cœurs au Christ, écoutons sa parole et laissons-nous conduire par lui.
4e Dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Deutéronome 18, 15-20 ; Psaume 94 ; 1 Corinthiens 7, 32-35 ; Marc 1, 21-28
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