(Photo:Lawrence OP/Flickr/CC BY-NC 2.0)
Homélie

Homélie du 28 mai 2023 (Jn 20, 19-23)

Emmanuel Rudacogora-Mugenga, prêtre in solidum de Renens – Eglise Saint-Joseph, Lausanne

                       De la confusion de Babel à la communion de la Pentecôte

Ils avaient une même langue et un même projet de bâtir une tour qui relierait la terre et le ciel par leurs propres moyens et ils sont tombés dans la confusion (Genèse 11) ; les apôtres n’avaient aucune folie de grandeur, ils étaient terrorisés et confinés sans aucun projet, et ils ont appris un langage nouveau. O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre.

L’Église de la Pentecôte sait surprendre : des hommes ivres de Dieu, d’hier et d’aujourd’hui, des nuls qui deviennent des témoins, des traîtres qui se laissent transformés en prêcheurs, et surtout un ramassis d’hommes incompétents aux parcours variés (pêcheurs, publicains, zélotes, etc.) qui forment désormais une équipe, plutôt fondent l’Église. Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre.

L’Église de la Pentecôte qui se fait comprendre, ne peut se contenter de maintenir ses positions statiques en proclamant que tout est sous contrôle ou  communiquer avec l’extérieur par des déclarations solennelles et des promesses évasives, mais en proclamant une parole qui libère et qui apprend  à cheminer dans la synodalité, pour mettre en route tous ceux qui ont accueilli la parole et ceux qui ont soif de la même espérance.

Sauver le feu pour qu’il ne s’éteigne jamais

L’Esprit saint n’avait pas pour mission de remplir les cerveaux de ces « fils du vent » par des idées et des stratégies ; son unique objectif était d’incendier leurs cœurs. Des vrais pompiers qui ne protègent pas du feu mais qui s’engagent à sauver le feu pour qu’il ne s’éteigne jamais.

La fidélité à l’Esprit de pentecôte n’est pas de se complaire à fonctionner, à « administrer les cendres » mais à ne jamais avoir peur de se brûler les doigts et les cœurs en remuant et en entretenant les charbons ardents.

Le feu de l’amour, le feu du courage

Les hommes de la Pentecôte sont obligés de sortir, car il y a un feu dans la maison et si les pompiers devaient venir, ce n’est pas pour l’éteindre mais pour l’alimenter. Le feu de l’amour, le feu du courage.

L’Église de la Pentecôte n’a pas reçu un remède contre la peur (ils étaient confinés) ; elle a reçu le courage et la force qui ont fait oublier la peur. Le vent de la pentecôte n’a pas obligé les apôtres à se barricader en renforçant portes et fenêtres pour se protéger ; au contraire, il les a poussés à les ouvrir grandement pour sortir à la rencontre de ceux qui attendaient une « parole ».

Avec le don du Saint Esprit, le Christ vient déverrouiller les portes de nos peurs.

Il est possible de connaître et de parler la langue de l’autre mais est-ce une garantie qu’on parle à l’autre. Réveiller un désir, susciter une envie pour que chacun se pose la vraie question est la mission de l’Église de Pentecôte. Après le discours de Pierre, il n’y avait ni compliments ni applaudissements du style, tu as bien parlé mais une seule question : « Que devons-nous faire ». Être sous l’emprise du Saint Esprit qu’il faut consommer sans modération, c’est accepter un dopage qui nous propulse en avant sans risque d’être contrôlé. C’est à nous les disciples d’aujourd’hui comme à ceux d’hier de trouver les mots justes pour mieux communiquer et communier. Mais comment parler de Lui si nous n’avons pas auparavant parlé avec Lui ? Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre.

Fête de la Pentecôte
Lectures bibliques : Actes 2, 1-11 ; Psaume 103 ; 1 Corinthiens 3-13 ; Jean 20, 19-23

28 mai 2023 | 09:35
Temps de lecture : env. 3  min.
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