La fuite en Egypte. Par Vittore Carpaccio. Huile sur bois. Vers 1515 | Domaine public
Homélie

Homélie du 29 décembre 2019 (Mt 2, 13 – 15.19 – 23)

Abbé Wolfgang Birrer – Basilique Notre-Dame, Lausanne

« Prends l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte » dit l’ange à saint Joseph. Aujourd’hui, c’est le descendant du roi David, saint Joseph, qui va nous aider à grandir dans notre lien à Jésus. 

Un adage dit : « Qui se ressemble, s’assemble ». Il pourrait être appliqué à saint Joseph : comme son épouse, c’est un silencieux et un écoutant. Saint Joseph est le modèle de celui qui, silencieux, écoute Dieu par ses messagers les anges. La sainte Vierge est elle aussi d’abord une femme du silence et d’écoute : écoute notamment de l’ange Gabriel et des bergers lors de la Nativité, écoute aussi de son Fils Jésus. De même pour Jésus : lui aussi, les évangiles nous Le montreront comme se retirant très régulièrement seul, dans le silence, en étant sans cesse à l’écoute du Père.

Un climat de silence habité

Saint Joseph comme Notre-Dame sont pour nous des modèles de croyants qui d’abord écoutent Dieu, dans un climat de silence, un silence habité. Puis ils agissent en fonction de la Parole de Dieu qu’ils ont reçue. Dans notre évangile, l’écoute de saint Joseph le conduit à poser des actions courageuses. Il faut du courage pour fuir et s’installer pour une période prolongée dans un pays étranger. Il faut aussi du courage pour revenir et recommencer à neuf, une deuxième fois en relativement peu de temps, par sa réinstallation dans sa région d’origine.

La persévérance de Joseph : un exemple

Aujourd’hui, à notre tour, dans notre vie à la suite de Jésus, nous pouvons nous inspirer de l’exemple de saint Joseph et de la Sainte Famille. En écoutant d’abord la Parole de Dieu de ce dimanche, nous sommes encouragés à agir : dans la 1ère lecture, c’est honorer nos parents, ce qui est l’œuvre – dans la mesure du possible – de toute notre vie. Quant à la 2ème lecture, notre écoute nous conduit à agir à la manière du Christ dans nos relations les uns avec les autres, au sein de nos familles humaines et dans nos liens entre chrétiens – ce qui est aussi l’œuvre de toute une vie. Être persévérants et endurants dans cette dynamique demande parfois beaucoup de courage, selon la diversité des réalités et situations vécues. L’exemple de persévérance de saint Joseph peut nous inspirer et nous soutenir.

Un plus de vie

Être à l’écoute, dans un climat d’un silence habité, à l’exemple de saint Joseph, cela engendre un « plus » de vie. Pour la Sainte Famille, cela a été la vie sauve en exil ainsi que sa subsistance au quotidien, tant durant l’exil en Egypte qu’à son retour pour de nombreuses années à Nazareth.

Pour nous, le silence et l’écoute peuvent aussi servir à un « plus » de vie à plus d’un titre. C’était la conviction du pape saint Paul VI, dans son homélie si actuelle donnée à Nazareth le 5 janvier 1964 : « Que renaisse en nous l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l’esprit, en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne, bruyante et hypersensibilisée. O silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l’intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l’étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret ».

C’est dans un climat d’un silence habité et actif que la Sainte Famille a vécu. Cette réalité peut nous inspirer encore aujourd’hui.

Humilité et vulnérabilité de Dieu

Enfin, cette fête liturgique nous ouvre aussi une fenêtre sur l’humilité de Dieu. C’est saint Joseph, un simple homme, qui « sauve » Dieu, le Christ, en mettant l’Enfant-Jésus à l’abri. Dieu accepte de se remettre en ses mains pour être mis à l’abri. Nous croyons en un Dieu infiniment humble : humble et vulnérable dans sa naissance, dans son exil, dans sa dépendance envers Joseph et Marie. Aujourd’hui encore, le Christ se remet en nos mains en laissant à l’Eglise le don extraordinaire de la sainte Eucharistie. Il est là, présent, avec la même dépendance, humilité et vulnérabilité que jadis, confié aux soins de Joseph et Marie.

Que le Christ, dans le don de la sainte Communion, nous donne de vivre quelque chose de l’intériorité active de saint Joseph : nous Lui redisons ce qui nous tient à cœur et nous nous laissons combler par le Christ présent, vivant et agissant dans sa sainte Eucharistie. Aujourd’hui encore, le Christ se remet en nos mains. Dans sa sainte Communion, Il se fait lui-même notre nourriture et notre soutien.

Merci Seigneur, de rester proche de nous et présent à nous, comme tu le fus jadis avec Joseph et Marie. Amen.

FÊTE DE LA SAINTE FAMILLE
Lectures bibliques :
Siracide 3, 2 – 6.12 – 14 ; Psaume 127 ; Colossiens 3, 12 – 21 ; Matthieu 2, 13 – 15.19 – 23

La fuite en Egypte. Par Vittore Carpaccio. Huile sur bois. Vers 1515 | Domaine public
29 décembre 2019 | 09:45
Temps de lecture: env. 3 min.
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