L'Ascension du Christ, miniature d'un manuscrit arménien, 1609 |  Bodleian Library, Oxford
Homélie

Homélie du 29 mai 2025, Ascension (Lc 24, 46-53)

Frère Nicolas-Jean Porret, OP – Eglise Saint-Paul, Cologny, GE

Le ciel, c’est le ciel du Seigneur ; la terre il l’a donnée aux fils d’Adam

« Le ciel, c’est le Ciel du Seigneur – dit un psaume – ; la terre il l’a donnée aux fils d’Adam » (Psaume 115, 16). Cette séparation entre ciel et terre cesse avec l’Ascension de Jésus. Désormais, si vous me passez l’expression, Ciel et terre ne se regardent plus « en chiens de faïence ». Déjà à Noël le Ciel s’était penché sur la terre — Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de sa faveur —, mais avec l’Ascension un pont solide arrime définitivement la terre au Ciel. Ce n’est certes pas le fameux « pont de l’Ascension » au sens où en parlent les médias ou les coiffeurs, ni un aqueduc d’une semaine, ou plutôt si : l’« Aqueduc de l’Église » qui fait le pont 365 jours par an, liant terre et Ciel. 

Notre humanité devient participante de la sainte Trinité

Le Seigneur Jésus, exalté au Ciel, siège désormais à la droite du Père. En lui, notre humanité est unie à la sienne, elle devient participante de la sainte Trinité. Voilà pourquoi les Onze étaient dans la joie, sans cesse au temple, unis dans la louange de Dieu Trinité. Avec Marie, Mère de Jésus, et ses proches, ils vivaient l’aurore d’une humanité nouvelle que l’on appelle l’Église. Tendue entre terre et Ciel, cette Église est l’Épouse des noces de l’Agneau : « L’Esprit et l’Épouse disent viens […] que l’être de désir reçoive l’eau de la vie » (Apocalypse 22, 17).

Dès à présent, selon l’épître aux hébreux, « nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire, grâce au sang de Jésus ». Ce sanctuaire n’est plus celui du temple de Jérusalem, mais celui du Ciel, mystère de communion avec Dieu. On y entre par la foi, les sacrements et toute la vie ecclésiale. On y entre « en avançant vers Dieu avec un cœur sincère et purifié ». Il n’y a plus le rideau ancien et opaque du Saint des saints, car le voile s’est déchiré. « Nous avons en Jésus un chemin nouveau et vivant, le rideau de sa chair ». Oui, un rideau qui est devenu un pont, la chair même de Jésus offerte pour notre Salut, toujours présente et agissante, prolongée dans le mystère de l’Église. Car si le corps historique de Jésus, né de Marie, échappe à nos regards nés 2000 ans trop tard, ce même corps de Jésus se laisse toucher à travers les Écritures lues en Église, se laisse goûter sous les espèces du pain eucharistique, se laisse vivre au sein de nos assemblées ecclésiales.

« En Lui Jésus, l’unique, nous sommes un. »

Le Ciel donc s’est ouvert : il aimante la terre donnée aux hommes, terre nouvelle devenue l’Église. Jésus demeure notre prêtre à jamais, souverain pontife intercédant depuis le Ciel pour nous, nous attirant vers lui. Connaissez-vous la devise de son vicaire sur la terre, notre nouveau pape Léon ? In illo uno unum — en français : « En Lui — Jésus — qui est un, nous sommes un. » L’expression vient de saint Augustin à qui emprunte toujours volontiers notre pape Léon : « Les chrétiens eux-mêmes, avec leur Tête qui a fait son Ascension au Ciel, sont un seul Christ : il n’est pas seul et nous plusieurs ; mais, bien que plusieurs, nous sommes un en lui qui est un (in illo uno unum) » (Enarratio in Psalmum 127).

Fasse le Seigneur Jésus que nous soyons toujours trouvés ensemble en lui, comme lui, le Fils, est un avec le Père et l’Esprit : que nous soyons fortifiés dans l’unité, membres de l’unique Église bien-aimée conduite sur la terre par le successeur de Pierre !

Fête de l’Ascension
Lectures bibliques : Actes 1, 1-11 ; Psaume 46 ; Hébreux 9, 24-28 ; 10, 19-23 ; Luc 24, 46-53

L'Ascension du Christ, miniature d'un manuscrit arménien, 1609 | Bodleian Library, Oxford
29 mai 2025 | 09:35
Temps de lecture : env. 3  min.
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