Homélie du 30 avril 2023 ( Jn 10, 1-10)
Abbé Joseph Demierre et Marie Colongo – Eglise Saint Joseph, Lausanne
Dimanche du Bon Pasteur et Journée Mondiale de Prière pour les Vocations
Journée Mondiale de prière pour les vocations : qu’est-ce à dire ? Le mot « vocation » n’a pas bonne presse dans le monde actuel, pour deux raisons :
- D’abord parce qu’il y a de moins en moins de vocations
- Ensuite à cause du contexte et des déviances que cela a pu ou peut engendrer dans l’Église, liées plus ou moins au célibat des prêtres.
Alors, comment se situer ? Pour qui ou pour quoi prier ? C’est peut-être l’occasion de redécouvrir ce qu’est une vocation.
Je dirais d’abord que nous avons tous et toutes une vocation. Nous sommes chacun et chacune une vocation. A la naissance, comme au baptême ou à la confirmation, comme au jour du mariage, comme à chaque étape de notre vie, et jusqu’à l’heure de notre mort, c’est Dieu qui dit à quelqu’un : « Je t’ai appelé par ton nom, tu es précieux/précieuse pour moi, et je t’aime. »
La vocation : une déclaration d’amour
La vocation, c’est donc d’abord une déclaration d’amour, comme deux fiancés qui se déclarent leur flamme pour la première fois. La vocation, c’est donc d’abord un don, un cadeau, une grâce, elle nous dit l’Amour premier de Dieu pour chacun-e.
A l’origine de toute vocation, il y a donc le Christ. Et le Christ-Ressuscité se présente à nous aujourd’hui comme le Bon Pasteur. Il n’est pas un berger mercenaire. Il n’est pas un gourou qui veut manipuler ses ouailles. Pour lui, les brebis sont tellement importantes qu’il va jusqu’à donner sa vie pour elles. Et dans l’Évangile d’aujourd’hui : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et l’aient en abondance ! »
Accéder à la plénitude de soi-même
Ensuite « ses brebis écoutent sa voix. Il les appelle chacune par son nom, et les fais sortir ». Jésus est le nouveau Moïse qui vient libérer son peuple de l’esclavage pour le conduire vers la terre promise, ruisselante de lait et de miel. Il ne s’agit donc pas d’enrôler quelqu’un, mais de lui permettre d’accéder à la plénitude de lui-même. Voilà le deuxième fondement : chacun est unique, chacun/chacune a sa vocation propre. Et toutes les vocations sont importantes, que ce soit celle du malade sur son lit d’hôpital ou de la personne qui le soigne, ou celle du prisonnier en attente d’un verdict ou d’une libération, ou celle des jeunes étudiants de l’EFL ou de l’Université voisine d’ici, ou celle des parents et des grands parents, ou celle de la moniale dans son ermitage ou celle du missionnaire dans un bidonville du Brésil. Et demain, c’est le premier mai : la fête des travailleurs. Les travailleurs et travailleuses ont aussi leur vocation propre. Chacun/chacune a son rôle à jouer. Il y a donc autant de vocations que de personnes sur cette terre, dans la diversité et la multiplicité des appels et des charismes.
Diversité des vocations qui manifestent le mystère de Dieu
Enfin, le Bon Pasteur prend soin de ses brebis : il les rassemble, il les nourrit, il les soigne, il les guérit, par les sacrements, notamment dans l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. A l’heure de l’épreuve, il nous guide et nous fortifie. Aux jours d’angoisse, il nous mène vers les eaux paisibles. Voilà comment je comprends aussi moi-même ma vocation de prêtre, depuis 44 ans. Et il y a diversité de vocations qui peuvent manifester ce mystère d’un Dieu qui aime ses enfants et qui prend soin d’eux.
De plus, il faut bien comprendre que c’est la communauté qui appelle. La vocation, l’appel vient bien de la communauté et passe par la communauté en tant que Peuple de Dieu. Et la communauté, c’est nous. Ce ne sont donc pas les vocations qui manquent, mais peut-être la vitalité de nos communautés. Dans des communautés vivantes, les vocations peuvent foisonner. C’est bien cela que nous découvrons et vivons dans un camp-vocations, comme il y en a chaque année en Suisse Romande, pour tous les âges. (Abbé Joseph Demierre)
Témoignage de Marie Colongo :
Je m’appelle Marie, j’ai 21 ans et je suis en 3ème année de Bachelor de médecine. Je vais vous parler des expériences que j’ai pu vivre lors des camps Vocations. Je participe à ces camps depuis quelques années, que ça soit en tant que participante dans différents camps ou animatrice dans le camp-voc’ musique.
Je vois les camps-voc’ comme notre microbiote, avec une grande quantité de bactéries qui sont essentielles à notre vie, qui permettent d’éviter des infections pathogènes, qui régulent notre digestion, nous apporte des vitamines. Toutes ces bactéries vivent en communauté et elles se régulent entre elles.
Les « camps-voc » : des lieux vivants et dynamiques
A l’image du microbiote, les « camps-voc » sont des lieux vivants et dynamiques qui rassemblent des enfants, des jeunes et des adultes. Dans notre société, on peut avoir l’impression d’être un peu seul comme croyant, et ces camps-voc permettent de se retrouver avec toutes ces personnes qui partagent la même foi et de vivre des moments forts pendant une semaine. Tout cela fortifie et renforce notre foi pour après se tourner vers l’extérieur le reste de l’année.
Dans un microbiote, il y a plusieurs bactéries différentes mais qui sont toutes complémentaires les unes aux autres. Au camp -voc, c’est pareil. Il y a des enfants, des jeunes, des animateurs, des familles, des mariés, des prêtres et religieux et religieuses. Ils ont tous-tes choisi un chemin de foi différent mais se complémentent toutes et tous.
Je n’ai pas une foi très « traditionnelle », je ne suis pas la plus assidue pour aller à la messe, mais j’aime penser que Dieu est présent partout, dans tout notre quotidien et notamment à travers la musique ou les personnes que je rencontre.
Je me retrouve bien justement dans l’image des Camps Voc : il y a quelques messes et temps de prière mais il y a aussi beaucoup de temps consacré au partage, au bricolage, à des jeux, aux moments de rires, et surtout, dans notre Camp-Voc , à la musique.
Le Camp-Voc : des provisions pour tout le reste de l’année
Au fil de la semaine, une petite communauté se crée, un lieu de confiance où l’échange est possible. Comme pour le bon pasteur, les brebis le suivent car elles ont confiance en lui. Je vois l’année un peu comme une très longue randonnée et ma foi comme un sac de rando plus ou moins rempli de provisions. De temps en temps, on recharge un peu les réserves, mais c’est aux camps-voc que l’on peut vraiment faire de grandes provisions pour tout le reste de l’année, on est chargé à bloc de tous ces moments de partage, que ça soit en parole, en rires ou en musique.
J’ai toujours aimé m’occuper d’enfants. Mais le fait de pouvoir parler de ma foi et la transmettre à d’autres donne une tout autre dimension à ma vie. Pouvoir vivre sa foi seul, c’est une chose mais pouvoir la partager, cela la rend d’autant plus importante, car ça la nourrit aussi. Je pense que finalement, on reçoit beaucoup plus que ce qu’on donne. J’espère que les jeunes en venant aux camps-voc’ qui sont en questionnement, puissent être guidés, ouvrir et passer la porte du Bon Pasteur.
4e dimanche du Temps pascal
Lectures bibliques : Actes 2, 14. 36-41 ; Psaume 22 ; 1 Pierre 2, 20-25 ; Jean 10, 1-10
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