Homélie du 30 juillet 2023 (Mt 13, 44-52)
Chanoine Raphaël Duchoud – Hospice du Grand-Saint-Bernard, VS
Chers Pèlerins ici rassemblés dans cette église de l’Hospice du Grand-Saint-Bernard,
chers frères et sœurs dans le Christ qui vous vous unissez à notre célébration par l’intermédiaire des ondes de la Radio romande, nous sommes réunis en liturgie autour du Christ ressuscité qui nous rassemble pour célébrer la vie.
Depuis le 15 juin dernier, patronale de l’Hospice qui célébrait dans la joie son patron fondateur saint Bernard de Monjoux, nous vivons un temps d’action de grâce dans la célébration du centième anniversaire de la proclamation, en 1923, de saint Bernard comme Patron des alpinistes et des habitants de la montagne par le Pape Pie XI, temps de Jubilé qui est marqué par plusieurs cérémonies et célébrations sur le col comme ailleurs.
Il n’est pas étonnant que le thème des pèlerinages alpins organisés par l’Hospice cet été oriente les fidèles à se laisser guider par le Christ avec saint Bernard, rappelant ainsi l’importance de ce témoin du Christ pour notre vie spirituelle si nous acceptons de se laisser interpeller afin de se mettre en chemin à la suite du Christ par un acte de confiance.
Le Royaume des Cieux : une réalité dynamique
Si les personnes de passage sur le col s’arrêtent à l’exposition temporaire du musée, cette année, ils découvrent que le thème de celle-ci s’intitule «la voie des guides», attirant l’attention sur de nombreux témoignages de ces personnes qui ont pris ou qui prennent encore aujourd’hui la responsabilité de conduire une ou tout un groupe de personnes sur les chemins de randonnée en montagne.
Cette image peut très bien s’insérer dans celles du trésor caché dans le champ et de la perle rare, utilisées par le Christ dans l’Evangile de ce dimanche, présentant le Royaume des Cieux comme une réalité dynamique, engageant toute la vie de celui qui découvre la Sagesse, celle qui mène à la vie. La voie, le chemin qu’un guide de montagne propose à ses accompagnateurs s’ouvre vers l’inconnu, l’infini et amène à vivre ceux qui l’entreprennent une expérience souvent marquante qui reste souvent gravée dans leur cœur et les porte à considérer la vie sous un autre point de vue inattendu au départ. C’est à cela que le Christ adresse une invitation à chacun : découvrir le Royaume non comme une réalité statique mais dynamisante, transformant le cœur humain pour lui faire découvrir une autre face de la vie.
La parabole du trésor caché dans le champ, celle de la perle précieuse ont ceci de commun : plus rien ne compte pour celui qui découvre les vraies valeurs ; prêt à se déposséder des valeurs qui lui semblaient essentielles pour assurer les sécurités nécessaires, plus rien ne semble aussi important que la découverte qui se présente sous ses yeux.
Une ouverture de soi à l’inconnu dans la confiance
Se mettre donc à la suite du Christ avec saint Bernard comporte donc une ouverture de soi à l’inconnu habité par la confiance. Comme une cordée se met à la suite d’un guide, habitée par la confiance en celui qui est compétent dans la matière, celui qui se déclare chrétien reconnaît que le message évangélique annoncé et enseigné par l’Eglise est la base essentielle de toute sagesse qui veut s’appuyer sur les vraies valeurs religieuses et humaines de la vie.
Dans la première lecture tirée du premier livre des Rois, Salomon demande au Seigneur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner son peuple et discerner le bien et le mal. Désireux de se placer sous la grâce de Dieu, il exprime sa prière afin d’entrer dans le plan divin du salut de son peuple. Il sent donc que sa mission consiste à devenir le guide, chargé de tracer la voie du salut pour que son peuple parvienne à la connaissance de Dieu, non seulement par le rite liturgique, mais en prenant conscience de sa vocation particulière qui le distingue des autres peuples : être un peuple consacré au Seigneur son Dieu.
La voie du salut tracée par les nombreux guides qu’ont été les prophètes envoyés par Dieu le Père au cours de l’histoire sainte s’actualise encore aujourd’hui. Saint Paul s’adressant aux Romains les sensibilise au fait que, « quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. » Celui qui se sent appelé entend une voix au plus profond de lui-même, une voix qui l’interpelle, qui lui indique une marche à suivre. C’est ainsi qu’en montagne, les membres de la cordée à la suite du guide écoutent sa voix, suivent ses indications pour se mettre pleinement au diapason de l’équipe dans l’excursion qu’elle entreprend et lui font entièrement confiance.
Invités à l’audace, dans un acte de foi
Il n’est certes pas évident pour beaucoup de faire entièrement confiance dans les temps qui courent et le besoin de s’accrocher à des sécurités se fait de plus en plus sentir. C’est là, l’épreuve de la liberté ; là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. Jésus Christ, qui librement a donné sa vie pour le salut du genre humain, désire des personnes qui répondent librement, comme le fit saint Bernard, à son appel à la sainteté. La voix de notre guide spirituel, le Fils de Dieu fait homme, invite donc à l’audace, à risquer notre vie à sa suite comme Abraham dans un acte de foi. Il nous est bon dans ce contexte du jubilé du centenaire de la proclamation de saint Bernard comme Patron protecteur des habitants de la montagne, de nous rappeler ce passage de la prière du Pèlerin de la montagne :
" A l’exemple de saint Bernard,
j’ai à écouter ta parole,
j’ai à me laisser ébranler par ton amour;
sans cesse tenté de vivre tranquille,
tu me demandes de risquer ma vie,
comme Abraham, dans un acte de foi;
sans cesse tenté de m’installer,
tu me demandes de marcher en espérance
vers Toi le plus haut sommet dans la gloire du Père. «
Créé par amour, pour aimer,
fais, Seigneur, que je marche, que je monte, par les sommets
vers Toi,
avec toute ma vie, avec tous mes frères,
avec toute la création,
dans l’audace et l’adoration. Amen.
Puissions-nous nous laisser guider par le Christ, en suivant le témoignage que nous ont donné ceux qui se sont engagés à le suivre jusqu’au bout, la Vierge Marie tout d’abord, puis le fondateur de l’Hospice, désormais presque millénaire, qui porte son nom, saint Bernard de Monjoux ainsi que les nombreux témoins de l’Evangile qui restent des balises placés sur le chemin qui mène à la Vie. Amen.
17ème dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : I Rois 3, 5-12; Psaume 118; Romains 8, 28-30; Matthieu 13, 44-52
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