Homélie du 5 février 2023 (Mt 5, 13-16)
Chanoine Olivier Roduit – Basilique de l’Abbaye de Saint-Maurice, VS
Chers frères et sœurs,
Il y a quelques jours, à la table de la communauté de l’abbaye, la discussion est arrivée sur le terme boisseau. Savez-vous vraiment ce que c’est ? J’imaginais d’abord un objet qui serve à protéger quelque chose. Eh bien non, le boisseau est un ustensile servant de mesure pour le grain. La mesure est différente selon les régions, mais il semble que le boisseau romain, dont il est question dans cet évangile, était une mesure sèche d’une capacité de 8,6 litres. Le boisseau est donc une sorte de grand vase, ouvert vers le haut. Mais il devait être probablement souvent déposé à l’envers pour éviter que des détritus viennent le salir. Ainsi mettre quelque chose sous le boisseau, cela signifie vouloir vraiment le cacher.
Tout ceci pour dire la portée de l’expression évangélique : mettre la lampe sous le boisseau, ce qui signifie proprement vouloir intentionnellement la cacher, l’utiliser pour le sens contraire de sa fonction première. La lumière est faite pour éclairer et non pour disparaître.
Lumière du monde, sel de la terre
La lumière est faite pour éclairer… et Jésus nous dit que nous sommes la lumière du monde. Pas n’importe quelle lumière, mais la lumière du monde, celle qui éclaire le monde entier !
De plus, nous sommes le sel de la terre. Quelle responsabilité… et quelle chance !
Lorsque dernièrement on évoquait cet évangile dans un groupe de spiritualité, une dame nous disait avec émotion comment cette page d’évangile l’avait aidée au moment où elle s’était trouvée seule avec 4 jeunes enfants. Elle avait entendu cette lecture au cours d’une messe et ces mots avaient retenti très fortement dans son cœur. Elle avait alors saisi sa responsabilité de devoir apporter à ses enfants, non pas le désespoir, mais le sel qui donne goût à la vie et la lumière qui illumine l’existence. Elle y avait trouvé la force pour continuer sa mission malgré toute la cruauté de sa situation.
Une responsabilité
Le sel de la terre, la lumière du monde : une parole de vie, que ces mots, mais aussi une responsabilité. Moi, nous, vous… apportons saveur et clarté au monde… alors que nous pouvons nous sentir si souvent médiocres, de pauvres pécheurs bien loin de la sainteté.
Je crois n’être pas le seul à penser que ma vie de tous les jours n’a rien d’exemplaire.
Et pourtant, avec vous, j’entends : « Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde ».
Comment cela peut-il se faire ?
Une présence extraordinaire en nous : celle de Dieu
Tout simplement parce qu’il y a en nous une présence extraordinaire : celle de Dieu. Et si nous la laissons rayonner, tout se transforme.
Et si la sainteté n’était pas dans l’accomplissement consciencieux de nos petites tâches quotidiennes ? N’en avons-nous pas tant de témoignages ?
C’est bien pour cela que cette page d’évangile est emblématique pour tous les mouvements d’apostolat des laïcs. L’Église c’est vous, nous, tous ensemble ; des baptisés réunis dans la foi et l’espérance.
Bien avant Jésus le prophète Isaïe avait exprimé cette même idée. Si tu accueilles le pauvre, si tu aides celui qui est dans la difficulté et si tu ne te dérobes pas à ton semblable — combien de fois essayons-nous de ne pas rencontrer celui qui est dans la difficulté —, alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite.
Et il y a cette si belle image, une image de lumière : Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche.
Lorsque j’avance dans la vie, il y a la justice devant moi, et dans mes traces, la gloire du Seigneur. Comment passer inaperçu ? Cela me fait penser à ces spectacles où sur une scène dans l’obscurité, on voit avancer une personne uniquement éclairée dans un faisceau lumineux.
Que donc retenir au terme de cette méditation ?
Si tu vis selon la justice… sans nécessairement faire des choses extraordinaires aux yeux des hommes,
Si tu te laisses transformer intérieurement par le sel et la lumière divins,
Alors tu vas donner du goût à cette vie et tu apporteras un peu de lumière à ce monde.
5e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Isaïe 58, 7-10 ; Psaume 111 ; 1 Corinthiens 2, 1-5 ; Matthieu 5, 13-16
Les droits de l’ensemble des contenus de ce site sont déposés à Cath-Info. Toute diffusion de texte, de son ou d’image sur quelque support que ce soit est payante. L’enregistrement dans d’autres bases de données est interdit.