Homélie du 5 mars 2023 (Mt 17, 1-9)
Diacre Éric Monneron – Eglise Saint-Jean-Baptiste, Gland, VD
La Transfiguration
Aujourd’hui, vous le voyez, il y a quelque chose qui brille sur la montagne…
Ne serait-ce pas un trésor ?…
Oui, c’est un trésor !…
Mais ce trésor, ce n’est pas quelque chose… C’est quelqu’un ! Un trésor bien plus précieux que de l’or… C’est Jésus, le Trésor des trésors !
Jésus, éblouissant comme le soleil ! Jésus, qui nous révèle vraiment qui il est : cet homme, c’est Dieu !
Vous vous rendez compte ?
À la fois homme et Dieu ! C’est une nouveauté incroyable, et pourtant nous y croyons à cette nouveauté des nouveautés, qui nous comble de joie !
Participer à la vie de Dieu en plénitude
Jusqu’alors, il manquait quelque chose à la plénitude de Dieu : il manquait à Dieu d’être homme aussi !
Et maintenant que nous voyons que Dieu et l’homme peuvent s’unir à ce point, nous croyons que l’Homme peut trouver sa plénitude en participant, en plénitude lui aussi, à la Vie de Dieu !
D’ailleurs, les disciples pressentent quelque chose de cette joie : « Il est bon que nous soyons ici ! » C’est vrai, c’est tellement agréable…
Mais ils sont surtout impressionnés, ces disciples, par le côté extraordinaire de ce qui se passe. Les Évangélistes nous le disent chacun à sa manière : pour Marc, les disciples ont été effrayés en voyant Jésus transfiguré, alors que Luc écrit qu’ils se mettent à frémir en entrant dans la nuée, et Matthieu, que c’est en entendant la voix de Dieu le Père qu’ils tombent la face contre terre…
Quoiqu’il en fût, frères et sœurs, aujourd’hui, nous n’avons pas à frémir de frayeur, mais seulement et à être pleinement comblés de joie !
Oui, pourquoi aurions-nous peur de cette lumière de toute beauté ?
Oui, pourquoi aurions-nous peur de cette nuée lumineuse, nuée de tendresse qui abrite et embrasse, nuée de consolation, nuée de miséricorde ?
Et pourquoi aurions-nous peur de cette voix, cette voix qui est la voix de l’Amour ? « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
Joie d’être aimés
Alors donc, place à la joie !
Car nous aussi, avec le Fils tout-aimé, nous sommes enveloppés par la nuée, et comme lui nous sommes des fils et des filles tout-aimés, et en nous aussi Dieu notre Père met toute sa joie !
Alors, dans cet Amour, il n’y a de place que pour la confiance et la reconnaissance. Il n’y a de place que pour la joie !
Joie d’être aimés,
Joie d’être créés par cet Amour et pour cet Amour.
Joie de cette Alliance, de cette communion d’Amour avec notre Dieu qui se révèle aujourd’hui notre Père, qui se manifeste aujourd’hui dans toute sa beauté et dans toute sa bonté, qui nous dit à chacun, à chacune : « Tu es beau, mon enfant ! Regarde bien et écoute bien : toute ma beauté, elle est pour toi ! »
Et de même que cet instant de révélation éclaire toute la vie de Jésus, depuis son origine en gloire jusqu’à son avenir de gloire, cet instant illumine toute notre vie, de la grâce de notre conception jusqu’à la grâce de notre mort.
Oui, cet instant illumine tout notre passé et tout notre avenir de cette certitude que Dieu dans sa bonté était toujours avec nous, et sera toujours avec nous : « Tu étais là, et je ne le savais pas ! »
De petites transfigurations
Mais, bien sûr il y a eu aussi toutes les fois où nous l’avons su !
Toutes ces fois qui étaient des moments de révélation, comme de petites transfigurations, des moments de bonheur partagés avec d’autres, comme les grands événements religieux de notre vie : notre première communion, la célébration de notre mariage, celle de notre ordination ; ou bien des moments de bouleversements intimes au secret de notre cœur, dans le silence de la prière ; ou bien un simple service que nous rend un frère, une sœur ; ou bien le sourire de ce même frère, de cette même sœur, lorsque nous sommes étendus sur un lit d’hôpital…
N’oublions pas toutes ces joies qui nous révèlent l’Amour de Dieu et qui nous sont offertes au quotidien….
Alors, Frères et Sœurs, sommes-nous assez reconnaissants pour toutes ces transfigurations qui apparaissent sur notre chemin ?
Oui, il est bon de chanter au Seigneur la litanie de toutes ces joies, de se les rappeler, d’en faire mémoire dans la prière, et aussi d’en fêter l’anniversaire, car ces petites transfigurations sont des instants de grâce qui nous sont donnés pour illuminer tout le quotidien, on pourrait dire tout le banal de notre vie, mais qui est en fait chaque jour extraordinaire.
Reconnaître cette Présence qui est un Trésor
Chers Amis, c’est finalement tout simple : il s’agit de savoir reconnaître une Présence, une Présence qui se cache, cette Présence qui est le Trésor des trésors et la joie des joies !
Cette Présence qui émerveille les poètes, qui veulent nous aider à y être sensibles : « En toute chose le silence dit Dieu… Il suffit d’être… pour adorer », voilà ce que nous dit le grand poète Patrice de la Tour du Pin.
Une Présence qui nous fait aussi fredonner : « Y’a de l’amour dans l’air », et j’ajouterai : « Ça m’a bien l’air… d’être Quelqu’un. »
Oui, partout ce Trésor, partout cette Présence, partout cet Amour, partout cette joie, puisque l’Univers est dans la main de Dieu, et que nous sommes tous dans sa main.
Et puis… et puis ne l’oublions pas : il est en nous ce Trésor, il est dans notre cœur, toujours présent dans notre cœur, notre cœur qui est un petit Mont Thabor intérieur, une montagne de la Transfiguration que nous portons toujours en nous… pour notre joie… pour notre plus grande joie !
Amen.
2e Dimanche de Carême
Lectures bibliques : Genèse 12, 1-4; Psaume 32; 2 Timothée 1, 8-10; Matthieu 17, 1-9
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