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Homélie

Homélie du 6 août 2023 (Mt 17, 1-9)

Chanoine Hugues de la Boussinière – Hospice du Grand-Saint-Bernard, VS

Dans la seconde lecture, Pierre raconte l’expérience bouleversante qu’il a vécue quelques années avant sur le Mont Thabor : la vision de Jésus transfiguré. Dans un court moment, l’homme Jésus qu’il connaissait bien a révélé la grandeur de sa divinité. Et Pierre insiste pour dire que cette expérience est bien réelle. Ce n’est ni une image, ni le fruit de son imagination : « Ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur ». Sur cette montagne, Pierre, Jacques et Jean ont vu de leurs propres yeux que vraiment Jésus est l’envoyé du Père. D’ailleurs l’épisode de la Transfiguration suit de près un autre grand moment de la vie de Pierre : sa confession de foi à Césarée. Jésus demande à ses disciples : Pour vous qui suis-je ? Pierre répond : Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant. L’expérience du Mont Thabor vient attester la proclamation de Pierre. Ce que Pierre a professé, il peut le voir maintenant.

La gloire de Dieu est une communion d’amour entre le Père, le Fils et le Saint Esprit

Au cœur de l’expérience du Mont Thabor, Pierre relève cette parole qui vient de la nuée lumineuse : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui je trouve ma joie ». Et il insiste pour dire qu’eux aussi comme apôtres, ils ont entendu cette parole : « Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte ». Cette parole ne concerne pas que Jésus, elle s’adresse aussi aux trois apôtres et donc à nous mêmes. Jésus est le Fils bien aimé du Père. La gloire de Dieu n’est donc pas une puissance écrasante. C’est une communion d’amour entre le Père, le Fils et le Saint Esprit. Et notre espérance est d’un jour entrer dans cette communion divine. Tel est notre appel, notre vocation. C’est ce que nous avons entendu dans la prière d’ouverture de cette liturgie : « tu as annoncé notre merveilleuse adoption ; accorde-nous d’écouter la voix de ton Fils bien-aimé, afin de pouvoir un jour partager avec lui son héritage ». Par notre baptême, nous devenons les héritiers de cette promesse formidable : devenir des fils bien aimés du Père dans le Fils unique : Jésus le Christ.

Une espérance qui nous guide à travers les lieux obscurs de nos vies

C’est un souffle d’espérance. C’est encore Pierre qui le dit : « Ainsi se confirme pour nous la parole prophétique ; vous faites bien de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs ». Combien de lieux obscurs en nos vies ! Cette espérance est pour nous la lumière qui peut nous guider à travers toutes les luttes de nos existences. Pour Pierre ce sera pendant les jours de la Passion, ce sera aussi à la fin de sa vie sur terre quand il sera lui aussi crucifié. Parmi ces lieux obscurs, le plus significatif pour nous est la mort. Depuis la Résurrection de notre Seigneur, la mort est devenue le lieu de la pleine réalisation de cet appel. C’est le moment où l’étoile du matin se lèvera en nos cœurs.

Prenons le temps de remonter sur la montagne sainte

La Transfiguration fait naître en nos cœurs cette merveille de l’adoption filiale, don gratuit du Seigneur. Dans les lieux obscurs de nos vies, prenons le temps de revenir à cette source. Prenons le temps de remonter souvent sur cette montagne sainte pour contempler, adorer la beauté de notre vocation. La Transfiguration est aussi l’expérience de la beauté de Dieu et de son projet d’amour pour nous. Ce retour à la source, nous le vivons dans la prière, dans la contemplation de la création du Seigneur. Nous le vivons de manière privilégiée à chaque Eucharistie : source et sommet de la vie chrétienne comme le dit le concile Vatican II. Par les signes sensibles, nous pouvons faire une première expérience de la gloire de Dieu et de notre magnifique destinée éternelle : vivre cette relation filiale avec le Père, dans le Fils et par l’Esprit.

C’est ce que rappelle le pape François dans sa lettre sur la liturgie Desiderio Desideravi : « La liturgie rend gloire à Dieu non pas parce que nous pouvons ajouter quelque chose à la beauté de la lumière inaccessible dans laquelle Dieu habite. Nous ne pouvons pas non plus ajouter à la perfection du chant angélique qui résonne éternellement dans les demeures célestes. La Liturgie rend gloire à Dieu parce qu’elle nous permet – ici, sur la terre – de voir Dieu dans la célébration des mystères et, en le voyant, de reprendre vie par sa Pâque ».

Fête de la Transfiguration du Seigneur
Lectures bibliques : Daniel 7, 9-14 ; Psaume 96 ; 2 Pierre 1, 16-19 ; Matthieu 17, 1-9

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6 août 2023 | 09:35
Temps de lecture : env. 3  min.
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