La résurrection de la fille de Jaïre
Homélie

Homélie du 6 novembre 2022 (Lc 20, 27-38)

Chanoine Olivier Roduit – Basilique de l’Abbaye de Saint-Maurice

Ce dimanche, l’Église nous parle de résurrection. Un thème que je trouvai difficile à aborder sereinement au cours d’une prédication. Cependant lorsque j’ai évoqué mes difficultés à rédiger cette homélie, la journaliste de la radio m’a répondu en me provoquant gentiment : « Si l’Église ne parle pas de résurrection, qui donc va en parler ? Laisserons-nous la place aux médiums et autres théories ? »

Il est vrai que l’on évoque la vie après la vie de bien différentes manières. Ainsi, il devient tendance de parler avec les morts. Dimanche dernier l’émission religieuse de la RTS Hautes Fréquences a consacré un sujet à la médiumnité. Selon ses adeptes, tout un chacun peut cultiver ce « canal entre le monde spirituel et notre terre » pour communiquer avec les défunts et même « prouver la vie après la mort ».

Nous avons tous entendu des témoignages de personnes ayant vécu une expérience de mort imminente et affirmant n’avoir désormais plus peur du passage vers l’au-delà. Et que dire encore de la compréhension occidentale de la réincarnation qui séduit tant de nos contemporains.

Croire en la résurrection n’est pas naturel

C’est que croire en la résurrection n’est pas naturel ! Cela ne l’est même pas pour une bonne partie de la Bible. Dans les siècles anciens, les Hébreux n’avaient pas foi en la résurrection. La mort était vue comme une rupture définitive. Mais peu à peu certains ont fini par comprendre que l’intimité avec Dieu durant la vie terrestre ne pouvait se terminer avec le dernier souffle. Le psalmiste a osé dire avec confiance : « Tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption » (Ps 16.10).

L’espérance de la résurrection a fini par se répandre largement, mais ce n’est qu’au IIe siècle avant Jésus-Christ qu’elle est affirmée avec certitude. C’est ce qui ressort du Livre des Martyrs d’Israël et tout particulièrement du passage que nous avons entendu dans la première lecture de cette messe. « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu. » (2 M 7,14).

La résurrection, message central de l’Evangile

Avec Jésus, la résurrection devient le message central des Évangiles et de tout le nouveau Testament. Il a insisté sur la certitude de la résurrection, il a même annoncé sa propre résurrection.

Cependant ses contemporains ont dû faire un long chemin de foi pour le suivre. L’épisode rapporté par l’Évangile d’aujourd’hui en est témoin. « Des Sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus et l’interrogèrent. » (Lc 20,27)

Ils veulent prouver à Jésus que la résurrection est impossible car elle aurait des conséquences ridicules. Duquel de ces 7 frères décédés, cette femme veuve sera-t-elle l’épouse à la résurrection ?

Jésus ne se laisse pas enfermer par cette problématique. La résurrection n’est pas un retour à la vie terrestre, mais elle inaugure une vie totalement nouvelle et des relations personnelles à Dieu.

Il s’agit de ne pas se faire une idée trop matérielle de la vie après la mort. Certes notre condition humaine nous pousse à l’imaginer. Je pense à tous les messages et témoignages prononcés lors des enterrements où l’on parle au défunt à la 2e personne. Cela nous fait du bien à nous les vivants de parler ainsi… comme si la personne défunte était encore présente.

De la vie après la mort, on ne peut en parler à partir de notre propre expérience. Seule la Parole de Dieu nous permet d’avancer quelques mots de confiance. Saint Paul le dit avec ses mots : « Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. » (1 Co 13.12).

Une belle image maternelle nous permet de dire un peu de ce rapport entre vie mortelle et résurrection. Un enfant dans le sein de sa mère, que peut-il comprendre de la vie au-dehors ? Rien, si ce n’est qu’il est en sécurité et aimé.

Ainsi nous pouvons affirmer que la résurrection nous conduira dans un tout autre monde, dans une affectueuse communion avec Dieu.

La Parole de Dieu : semence d’immortalité dans nos vies

Et la parole de Dieu est cette semence d’immortalité dans nos vies. Nous sommes invités à accueillir cette Parole et à la laisser croître. Et dès lors le paradis peut commencer dès maintenant.

Me revient cette belle image parmi les mosaïques de notre baptistère. Sur le linteau de la porte, l’artiste Madeline Diener a représenté le cheminement des élus qui ont triomphé de la mort, cheminement si bien évoqué par ce negro-spiritual : « Alors que les élus vont vers le paradis, j’aimerais être de leur nombre ! « O when the saints go marching in, I want to be in that number ».

Oui, sachons accueillir la Parole de Dieu et la laisser nous transformer en toute confiance pour que nous puissions un jour rejoindre la foule immense de tous les saints. Amen.

 Oh, when the saints, go marching in (3x) Good Lord, I want to be in that number Oh when the saints, go marching in.

Oh, when the drums begin to bang (bis)

Oh, when the stars fall from the sky (bis)

Oh, when the trumpet sounds its call (bis)

32e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques :
2 Maccabées 7, 1-2.9-14; Psaume 16; 2 Thessaloniciens 2, 16 – 3,5; Luc 20, 27-38

La résurrection de la fille de Jaïre
6 novembre 2022 | 09:35
Temps de lecture : env. 4  min.
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