"Quand deux ou trois sont réunis en mon nom,
je suis là, au milieu d’eux.» | Wikimedia Commons
Homélie

Homélie du 6 septembre 2020 (Mt 18, 15-20)

Chanoine Olivier Roduit – Abbaye de Saint-Maurice, VS

J’ai eu la chance, il y a bien longtemps, de faire des sessions de formation avec un vieil ami psychologue. Louis aimait bien, et il aime toujours, utiliser des formules frappantes. Ainsi, il nous demandait quel était le contraire de « être gentil ». On était tous tentés de répondre : « être méchant ». Et lui de dire : le contraire d’être gentil, c’est ne pas être gentil. Cela signifie être vrai, dire la vérité, même si elle peut faire mal.
J’y vois là le centre du message des lectures de ce jour.

Le psaume 94 proclame : « Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? Ne fermez pas votre cœur comme au désert où vos père m’ont tenté et provoqué. » Il s’agit de laisser la Parole entrer en nous. Et cette parole c’est la vérité.
Mais qu’il est difficile de toujours vivre selon la vérité, de toujours parler en vérité. Combien de fois utilisons-nous des formules alambiquées pour parler en faisant attention à ce que cela ne se retourne pas contre nous.

Le risque de se faire corriger à notre tour

On n’aime pas devoir aller faire des reproches aux autres car ils risquent de nous révéler nos manquements. Jésus a une parabole pour illustrer cela, c’est celle de la paille et de la poutre. « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? » (Lc 6,41).

De plus il est si difficile d’accueillir une parole qui vient nous montrer que nous avons mal agi. C’est alors notre orgueil qui est touché. « Est-ce possible que j’agisse si mal, au point que l’on doive venir me corriger ? »
Comment alors être juste lorsque l’on doit aller faire des reproches à celui qui a péché contre nous, comme le demande Jésus dans l’Evangile de ce jour. Peut-être que celui que l’on doit réprimander va nous révéler nos manquements à nous ?

Ce que l’on appelle la correction fraternelle est si difficile que nous ne la pratiquons pas, car il y a tant de risques de se faire corriger en retour. On est « gentil » avec les autres, et on ne vit plus dans la vérité, ni dans l’amour.

Le tu tue

Et jaillit la tentation des reproches lancés méchamment. « Tu n’as pas fait ceci ! Tu dois faire cela ! » Et comme le dirait encore mon ami psychologue, le tu tue. Car il n’y a plus la vérité, ni l’amour.

Écoutons saint Paul s’adressant aux Romains : « N’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel ».

Paul reprend l’enseignement de Jésus lorsqu’il rappelle que tous les commandements se résument dans la sentence : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », et il va jusqu’à s’écrier : « Le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour ».

J’ai vu dernièrement une série de films d’action français dont le scénario a été écrit par Luc Besson. Dans les films Taken 1, 2 et 3, on voit à chaque fois le héros, un ancien agent secret, aller jusqu’au bout du monde et combattre les méchants qui s’en étaient pris à sa fille. Une démonstration parmi tant d’autres de ce à quoi peut conduire l’amour du prochain.

Nous sommes à Saint-Maurice sur une terre abreuvée du sang des martyrs qui ont refusé, au risque de leur vie, d’aller massacrer d’autres chrétiens. Leur parole face aux ordres impies de l’empereur, a été la plus forte.

Guetter, une démarche d’humilité

Dans la première lecture, nous voyons que le Seigneur fait d’Ezéchiel un guetteur… pour la maison d’Israël. Pourquoi donc guetter ? Certainement parce que l’on craint un danger. Et c’est une démarche d’humilité.

Notre monde n’a-t-il pas fait preuve d’orgueil, pensant qu’il avait tout maîtrisé et que rien ne pourrait plus lui arriver. Et nous avons vu ce qui s’est passé lorsqu’un tout petit virus a commencé à circuler dans le monde entier.

Le guetteur que le Seigneur désigne ne doit pas s’endormir. Il doit être attentif aux tout petits signes d’égarement de son peuple. Et il doit parler à celui qui a une mauvaise conduite.

Encore une fois, il s’agit d’une question de vie et de mort. Dans l’industrie et le business, on a développé des services de veille stratégique qui explorent le monde entier à la recherche de nouvelles technologies et surtout pour ne pas rater de nouveaux marchés potentiels.
Si le Seigneur demande de veiller c’est pour la recherche de la vérité et pour le bien des hommes.
Et si c’est difficile, il faut en demander la force à Dieu et ne pas rester seul. Lorsque deux ou trois sont réunis en son nom, il est à au milieu d’eux.
Veillons et prions !

23e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques
: Ézéchiel 33, 7-9; Psaume 94, 1-2, 6-7ab, 7d-8a .9; Romains 13, 8-10; Matthieu 18, 15-20

«Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux.» | Wikimedia Commons
6 septembre 2020 | 16:54
Temps de lecture: env. 3 min.
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