« Mes brebis écoutent ma voix ;
moi, je les connais,
et elles me suivent." | © Flickr/lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0
Homélie

Homélie du 8 mai 2022 (Jn 10, 27-30)

Chanoine Joseph Voutaz – Eglise Saint-Etienne, Sembrancher, VS

Nous sommes aujourd’hui le 4ème dimanche de Pâques. Nous appelons ce dimanche le dimanche du Bon Pasteur. Pourquoi ? Parce que l’évangile nous présente la figure de Jésus comme celle d’un bon berger, un pasteur qui nous fait du bien, qui est plein d’affection pour nous, et qui prend soin de nous.

J’aime cette image de Jésus comme berger. Dans notre région, on parle d’aller « en champ les vaches » lorsque nous menons paître les troupeaux dans les champs. Nous sommes en Valais, c’est le pays de la race d’Hérens et des reines à corne ! Pour moi, ce sont des souvenirs d’enfance concrets, et qui me touchent !

Un coeur débordant de bonté

Quoi qu’il en soit, cet évangile nous propose trois attitudes du Bon Pasteur qui peuvent nous toucher et qui nous montrent qu’être un bon pasteur, ce n’est pas d’abord une histoire de compétences, mais une affirmation d’un cœur qui est débordant de bonté et qui sait comment nous aimer.

La première chose est que le bon pasteur connaît ses brebis. Dans la Bible, ce verbe est tellement riche de significations ! Pour l’Écriture, connaître quelqu’un c’est l’aimer, savoir qui il est, le  comprendre par l’intime, mesurer sa valeur. Quand Jésus dit qu’il nous connaît, cela veut dire qu’il sait qui nous sommes. Il est au courant de notre histoire personnelle, de nos souffrances, de nos moments pénibles. Mais il ne nous juge pas ! Il nous aime avec tout cela ! Il regarde avec beaucoup de compréhension nos misères !

Souvent quand nous disons de quelqu’un « Ah oui, je le connais », c’est un jugement. On croit avoir fait le tour de sa personnalité, mais en fait on le juge à bon marché… « Oui, je le connais celui-là… ». Mais quand Jésus dit Je connais mes brebis, c’est tout le contraire : Sachant nos difficultés, il prend soin de nous. Il ne va pas nous accuser, mais nous soutenir, nous épauler. Je pense ici à une phrase de sainte Thérèse de Lisieux qui m’éclaire beaucoup : « Quelle douce joie de penser que le Bon Dieu est juste, c’est  à dire qu’il tient compte de notre faiblesse ! »

La deuxième chose que nous pouvons retenir : Jésus nous donne la vie, et la vie éternelle. Le plus grand désir de Dieu, son plus grand rêve, c’est de nous communiquer la vie débordant de son cœur ! Lorsque Jésus apparaît aux disciples après Pâques, il a soin sans cesse de redire : « La paix soit avec vous », comme pour nous dire : Je sais que votre cœur a besoin de paix. Je sais que vous recherchez la vie, le bonheur, je veux vous la donner à tout prix. C’est très beau. Jésus nous donne la vie et la vie éternelle, la vie en plénitude !

La vie éternelle va nous combler

J’aime beaucoup dire, quand je célèbre un enterrement, que la vie éternelle, ce n’est pas une simple survie, qu’on espère vaguement… On aimerait bien que cette vie se prolonge. On n’aimerait pas que ça s’arrête. Non, c’est infiniment plus que cela ! Dit de manière plus savante : il y a un saut ontologique entre la vie que nous menons maintenant et la vie éternelle. On ne peut pas soupçonner, on ne peut pas imaginer à quel point la vie éternelle va nous combler, dépasser nos attentes. Comme disent nos amis vaudois : on sera déçus en bien, et cela de manière inimaginable !

De plus, cette vie éternelle, Jésus veut nous la donner dès maintenant. C’est cela qui est important. Ce n’est pas une vague promesse pour le futur. Jésus nous donne dès aujourd’hui la vie éternelle, même si nos soucis demeurent, même si parfois nos vies sont en clair-obscur. Quand nous avons Jésus dans le cœur, nous goûtons déjà quelque chose de cette plénitude inouïe que nous vivrons dans l’éternité.

Il faut le dire, nous avons parfois transformé le christianisme, c’est à dire la suite de Jésus Vivant, en quelque chose de triste. Nous l’avons parfois perverti dans une morale étriquée, dans un devoir pénible que nous accomplissons tant bien que mal en traînant les pieds. Alors que Jésus nous propose vraiment une présence chaleureuse au fond du cœur, une grande libération ! Avec Jésus, c’est vraiment la vraie vie, c’est la liberté du dimanche de Pâques, le printemps qui jaillit du tombeau !

Il y a un troisième point :  Jésus nous dit que nous sommes dans la main, de Dieu. Le texte nous le répète par deux fois. « Personne n’enlèvera mes brebis de ma main » et plus loin, « Personne n’enlèvera les brebis de la main de mon Père ». Je trouve que cette formule est particulièrement touchante. Il y a quelque chose de si beau ! Nous sommes les chéris de Dieu. Dans cette marche que nous faisons sur la terre, et qui parfois est difficile, nous pouvons nous dire : Il y a comme un cœur qui bat pour moi! Quelqu’un qui me comprend et me soutient indéfectiblement !

La main du Père est protection, assurance

Alors,  confiance ! Il y aura toujours avec moi cette main du Père, cette protection, cette assurance. Je serai toujours écouté, soutenu, encouragé. Oui, nous ne sommes pas loin de la main du père et c’est là notre confiance chrétienne. Il nous faut nous y accrocher avec beaucoup de fermeté, de décision. Le père est là, le père m’aime. Il me connaît il me soutient dans le secret, aussi discret soit-il, dans mes épreuves, dans ma maladie, dans ma vieillesse.

Je pense à vous nos auditeurs et auditrices de ce matin. Peut-être êtes-vous fatigués, découragés, atteints dans votre santé ? J’aimerais vous dire, pauvrement, mais avec beaucoup de force et de confiance : le Père est avec vous, il vous aime… confiance en Lui !

Je vais conclure. Ce dimanche du bon berger est traditionnellement dans notre église le dimanche ou nous prions pour les vocations, c’est à dire pour ceux qui sont appelés, à la suite de Jésus, à devenir prêtres au service de l’Église.

Alors oui, certainement, prions pour les vocations, pour que des prêtres surgissent dans notre Église. Nous en avons tellement besoin. Mais prions vraiment pour que ces prêtres ne soient pas des fonctionnaires mais des bons pasteurs, qu’ils aient un cœur brûlant de passion pour leurs brebis. Comme dit le pape François, de manière si belle et si imagée : que les pasteurs que Dieu veut nous donner aient vraiment l’odeur des brebis sur eux. Qu’ils aient l’odeur des brebis, c’est à dire qu’ils aient la passion, qu’ils connaissent les gens à qui ils sont envoyés, leurs joies et leurs peines, leurs angoisses et leurs questions.

Qu’ils donnent leur vie pour eux. Qu’ils n’aient pas d’abord des soucis de sacristie, des soucis de naphtaline, mais qu’ils aiment généreusement le troupeau qui leur est confié, et qu’ils le placent dans les mains du Père !

Frères et sœurs, priez pour les vocations, et priez pour vos prêtres, nous en avons besoin ! Et moi, qui ai été appelé, je demande au bon Berger de vous bénir tendrement.
Et moi, qui ai été appelé, je demande au bon Berger de vous bénir tendrement. Que sa joie soit votre joie ! Amen !

4e DIMANCHE DE PÂQUE
Lectures bibliques : Actes 13, 14.43-52; Psaume : 99, 1-2, 3, 5; Apocalypse 7, 9.14b-17; Jean 10, 27-30

 « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.» | © Flickr/lawrence OP/CC BY-NC-ND 2.0
8 mai 2022 | 09:35
Temps de lecture : env. 5  min.
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