Homélie du 8 octobre 2023
Chanoine Olivier Roduit – Abbaye de Saint-Maurice, VS
Célestin… quel beau nom ! Célestin est un jeune étudiant passionné d’ornithologie. Il y a trois ans, il a pris contact avec l’Abbaye pour un projet qui lui tenait à cœur. Il nous demandait de pouvoir planter des arbres fruitiers et des arbustes indigènes sur les terrains qui entourent nos vignes sur la colline de Cries pour favoriser certaines espèces d’oiseau menacées. Le but principal de son association étant la promotion de la biodiversité sur ces parcelles, avec une attention particulière donnée aux oiseaux, comme la Pie-grièche écorcheur, le Torcol fourmilier et le Bruant zizi.
Par leur travail, Célestin et son association ont donc contribué à enrichir l’environnement et donc la qualité de nos vignes, comme l’avaient déjà commencé à faire nos vignerons.
Et en ces jours de vendanges, notre vigneron Damien me disait être très satisfait de la belle récolte — une récolte céleste — dans ce beau vignoble.
Pourquoi ma vie est-elle marquée par le péché et le mal ?
L’ami du prophète Isaïe, dans la première lecture, n’a pas eu le même succès avec sa vigne. Malgré tous les soins qu’il lui a accordés, il n’en récolta que de mauvais raisins.
Pourquoi donc cette vigne a-t-elle déçu ?
Pourquoi est-ce que je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas (Rm 7,19) ?
Pourquoi ma vie est-elle marquée par le péché et le mal ?
On a entendu le sort peu enviable que le maître de cette vigne réserva à sa propriété.
Et le prophète Isaïe s’empresse de donner la clef de cette parabole : « La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda ».
Nous sommes la vigne du Seigneur, c’est nous qu’il chérissait. Il attendait de nous le droit et voici le crime, il attendait la justice et voici les cris…
Ces paroles ne résonnent-elles pas avec une grande violence au moment où notre Église de Suisse est confrontée à une profonde crise suite aux scandales récemment révélés ? Que de blessures ! — Mais faut-il désespérer ?
Dans l’Évangile, Jésus reprend la belle image viticole. Cependant cette fois la vendange est magnifique.
Elle est si belle qu’elle en pervertit le cœur des vignerons qui deviennent des assassins cupides que le maître devra faire périr.
Quel curieux raisonnement de la part de ces viticulteurs : comment pouvaient-ils réellement croire qu’en assassinant le fils du maître ils pourraient en recevoir l’héritage ? Faut-il que leur raisonnement soit à ce point faussé pour ne pas voir le manque de logique ?
Voilà un des plus grands drames du péché : il fausse notre vie, nos raisonnements, notre vision du monde ; il obscurcit notre vue, notre justice et notre conscience. De même qu’il trompa Ève au paradis terrestre, de même le diviseur, le diable, se plaît à nous fourvoyer en ce monde.
La venue du Fils de Dieu parmi nous est le remède, car lui seul peut nous donner de devenir fils du Père. Même si nous l’avons livré à la mort à cause de nos fautes, comme les vignerons homicides, il nous a fait passer du statut d’« employés » à celui de « frères du Christ » et de « fils de Dieu ». Cette grâce du salut nous a été donnée pour que nous vivions des vies transformées, différentes, libérées.
Et le maître de la vigne confia sa vigne à d’autres vignerons qui lui remirent le produit en temps voulu.
Vivre selon la grâce du Fils ressuscité
Alors, qu’allons-nous en faire à présent ? Nous résignerons-nous à nous laisser dominer par le péché, ou vivrons-nous selon la grâce du Fils ressuscité ?
Que le Seigneur nous donne de vivre selon sa parole pour être les vrais témoins de son salut dans le monde, afin que cette vigne s’étende aux extrémités de la terre et que tous les hommes reçoivent le salut de Dieu !
Ainsi donc, si nous pouvons parfois désespérer de notre pauvre condition de pécheur ou douter d’un avenir serein pour les générations qui nous suivent, mettons notre espoir en Dieu. Son visage va s’éclaircir et nous serons sauvés…
La pierre rejetée des bâtisseurs va devenir la pierre d’angle, et la vigne va produire un fruit magnifique.
Saint Paul nous le dit dans la 2e lecture : « Ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce… Et le Dieu de la paix sera avec vous. » Amen.
27e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Isaïe 5, 1-7 ; Psaume 79 ; Philippiens 4, 6-9 ; Matthieu 21, 33-43
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