Homélie du 9 octobre 2022 (Luc 17, 11-19)
Père Lucien Favre – chapelle de l’École des Missions, Saint-Gingolph (VS)
Frères et sœurs,
La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à reconnaître que tout vient de Dieu et que nous avons à Lui rendre grâce en toutes circonstances (cf. Thessaloniciens 5,18). Rendre grâce à Dieu, signifie à la fois reconnaître Celui qui est à l’origine de la Vie, des dons et des bienfaits que nous avons reçus, et savoir aussi Lui dire: Merci!
L’Évangile nous a raconté la guérison de dix lépreux. La lèpre les avait exclus, rejetés de la société et ils cherchaient quelqu’un qui pouvait les guérir afin de retrouver une vie normale, digne. A Jésus qui marchait vers Jérusalem, dix lépreux lui crièrent à distance: « Jésus, Maître, prends pitié de nous! » Et Jésus répond à leur demande en les libérant tous de leur maladie alors qu’ils étaient en route pour se montrer aux prêtres.
Un seul lépreux revient pour remercier Jésus
Ce qui est étonnant c’est qu’un seul de ces dix lépreux guéris, est revenu sur ses pas pour remercier Jésus en louant Dieu à pleine voix. Et cet homme, nous dit l’Évangile, était un étranger, un Samaritain, considéré par les Juifs de l’époque comme hérétique, comme païen.
Devant le Samaritain qui se jette face contre terre à ses pieds, Jésus reconnaît que c’est une foi sincère qui anime cet homme. Cette foi sincère, Jésus l’avait déjà rencontrée en dehors du peuple juif, chez le centurion romain, chez la femme syro-phénicienne, il la rencontrera bientôt dans les paroles du bon larron: « Jésus souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne! » (cf. Luc 23,43)
Dans sa marche vers Jérusalem, marche qui le mène à sa Passion, sa mort et sa résurrection, Jésus annonce une nouvelle fois que le Salut est pour tous, que la foi n’est pas réservée à une seule nation, à une seule race, à une seule religion. Le Salut est pour tous, mais bien souvent ce ne sont pas ceux qui croient être le plus proche qui l’accueillent le mieux.
Jésus s’interroge: Les dix lépreux n’ont-ils pas été purifiés?
Devant le Samaritain qui chante la gloire de Dieu, Jésus s’interroge: « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés? Les neuf autres, où sont-ils? Il ne s’est trouvé que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu! » Et de dire au Samaritain: « Relève-toi et va: ta foi t’a sauvé. »
Quant aux neuf autres lépreux, ils n’ont pas reconnu en Jésus le Messie tant attendu! Et pourtant, ils l’ont croisé, ils ont bénéficié d’une guérison identique à celle du Samaritain mais ils n’ont pas été capables de faire demi-tour pour exprimer leur reconnaissance.
En bon religieux connaissant la Loi juive, ils sont partis se montrer aux prêtres qui, selon la coutume, étaient les seuls à valider leur guérison et à leur permettre de mener à nouveau une vie normale.
Le Salut est pour tous, et Saint Paul, dans sa lettre à Timothée, identifie le Salut à une personne, Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts: Il est notre Salut, notre gloire éternelle (2 Tm 2, 8-13). Et pour bénéficier de ce Salut, le Samaritain de l’Évangile comme d’ailleurs Naaman le Syrien, nous indique le chemin.
L’histoire de Naaman…
Frères et sœurs, rappelez-vous l’histoire de Naaman: Naaman, était le chef de l’armée de Syrie. Un jour les Syriens avaient capturé une jeune Israélite qui était devenue esclave de la femme de Naaman.
Comme Naaman était atteint de la lèpre, la jeune captive dit à sa maîtresse: « Ah! si mon maître s’adressait au prophète qui est à Samarie, celui-ci le délivrerait de sa lèpre. » Naaman voulait guérir. Il se rendit donc en Israël avec dix lingots d’argent, six mille pièces d’or et dix vêtements de fête… Quand il fut arrivé devant la maison du prophète Élisée, Élisée ne sortit pas pour l’accueillir mais il envoya son serviteur dire à Naaman d’aller se baigner sept fois dans le Jourdain.
Cela déplut à Naaman, qui fit demi-tour et s’en alla en colère en déclarant: « Je m’étais dit: sûrement le prophète va sortir, et se tenir debout pour invoquer le nom du Seigneur son Dieu; puis il agitera sa main au-dessus de l’endroit malade et guérira ma lèpre. Les fleuves de mon pays ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d’Israël? » Mais un de ses serviteurs lui dit: « Si le prophète t’avait demandé quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait? Pourquoi donc ne veux-tu pas te baigner, comme il l’a dit? » Naaman, écoutant son serviteur, alla se plonger sept fois dans le Jourdain et fut complètement guéri.
L’attitude de Naaman nous ressemble bien souvent
La manière d’agir de Naaman ressemble bien souvent à la nôtre: plus c’est compliqué, plus nous sommes attirés, fascinés! Plus un produit est cher, plus nous pensons qu’il a de la valeur! En lisant cette semaine une revue spécialisée (cf. Public Eye – Le Magazine N° 37, septembre 2022, p.25), j’ai été surpris par le prix astronomique d’un médicament recommandé pour lutter contre le cancer du sang : 6544,90 CHF la boîte de 21 comprimés. A ce prix-là, si on peut sauver une vie, ça vaut la peine… puis lorsque j’ai lu que le prix de production de ce médicament est de …4,20 CHF! un sentiment de révolte et d’injustice m’a saisi.
La logique de l’homme est bien différente de celle de Dieu car Tout ce qui vient de Dieu est cadeau, gratuit et nous pensons que ça n’a pas de valeur, et c’est bien vrai: une guérison ça n’a pas de prix, l’amour, ça n’a pas de prix, le pardon, ça n’a pas de prix. C’est pourquoi, le prophète Élisée a refusé les nombreux cadeaux de Naaman car il sait bien que c’est Dieu seul qui guérit et que personne ne peut acheter Dieu.
En fin de compte, Dieu ne nous demande pas des choses extraordinaires, des choses compliquées, coûteuses, il nous demande simplement notre confiance, notre foi et notre reconnaissance: Merci Seigneur! Merci pour ton amour libérateur qui nous engage à être témoins d’espérance, à être des artisans de Justice et de Paix! Amen
28e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : 2 Rois 5, 14-17 ; Psaume 97 ; 2 Timothée 2, 8-13 ; Luc 17, 11-19
Les droits de l’ensemble des contenus de ce site sont déposés à Cath-Info. Toute diffusion de texte, de son ou d’image sur quelque support que ce soit est payante. L’enregistrement dans d’autres bases de données est interdit.