Frère Matthew | © Geneviève de Simone-Cornet
Homélie

Homélie TV du 21 décembre 2025 (Mt 1, 18-24)

Frère Matthew de Taizé – église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant, Paris XXe

C’est une grande joie de célébrer ici ce quatrième dimanche de l’Avent, à quelques jours seulement de notre Rencontre Européenne de Jeunes qui se tiendra à Paris et en Île-de-France, à l’invitation de l’archevêque Laurent Ulrich et des évêques de la région parisienne. Les Églises protestantes et orthodoxes se sont jointes à cet appel, signe de la fraternité et de l’unité que nous recevons déjà du Christ.  

L’arrivée des jeunes pèlerins est proche. Ils viennent nombreux de Pologne, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, mais aussi d’Ukraine, déchirée par la guerre, du Bélarus et de bien d’autres pays. L’hospitalité des paroisses et des communautés locales s’annonce généreuse : les familles ouvrent leurs portes et offrent un accueil qui vient du cœur de l’Évangile.

« Au nom de mes frères, je remercie les Églises, les fidèles et toutes les personnes de bonne volonté pour leur solidarité envers ces jeunes qu’ils ne connaissent pas encore »

Au nom de mes frères, je remercie les Églises, les fidèles et toutes les personnes de bonne volonté pour leur solidarité envers ces jeunes qu’ils ne connaissent pas encore. Merci à vous tous.  L’Évangile de ce dimanche qui précède la fête de la Nativité de Jésus raconte l’annonciation faite à Joseph. Il commence par ces mots : «Voici comment fut engendré Jésus Christ ». Le texte grec parle de «genèse », évoquant une nouvelle création, une intervention de Dieu comme au commencement. Mais cette nouveauté place Joseph dans une situation douloureuse : Marie, sa fiancée, est enceinte avant qu’ils aient vécu ensemble, et Joseph décide de la renvoyer discrètement.   L’Évangile dit qu’il était un « homme juste ». Joseph est juste au sens biblique : fidèle, à l’image de Dieu dont la justice est aussi amour. Il suspend son jugement et attend celui de Dieu.

C’est alors qu’un ange lui apparaît en songe et l’appelle « fils de David », lui rappelant la promesse faite à David d’un Messie dont le règne serait éternel. Dieu demeure fidèle à ses engagements. L’ange invite Joseph à accueillir Marie sans crainte : l’enfant qu’elle porte vient de l’Esprit Saint. Joseph n’en est pas le père biologique, mais il l’adoptera afin que Jésus soit reconnu comme fils de David. Il doit quitter ses peurs pour accueillir une œuvre divine qui le dépasse.

« Ainsi, Joseph entre pleinement dans sa mission de père adoptif. »

Selon la première lecture, c’est la mère du Messie qui lui donne son nom : Emmanuel. Mais dans l’Évangile, l’ange confie à Joseph le nom de l’enfant : Jésus, « Le-Seigneur-sauve ». Ainsi, Joseph entre pleinement dans sa mission de père adoptif.

De quoi Jésus sauve-t-il ? Il « sauvera son peuple de ses péchés », de ce qui entrave la communion avec Dieu. Sa naissance accomplit la parole d’Isaïe : « Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils ; on l’appellera Emmanuel ». Matthieu précise que ce « on », c’est nous tous : Jésus est Dieu-avec-nous. Au temps d’Isaïe, la guerre et la menace pesaient sur Israël. Aujourd’hui encore, dans un monde marqué par l’incertitude et la peur, sa parole nous rejoint : Dieu-avec-nous est une présence humble et fidèle, bien différente de l’éclat et de la puissance. Préparons-nous à accueillir cette présence.

« Peut-être les jeunes que nous accueillons ces jours-ci nous aideront-ils à dépasser nos peurs »

La confiance de Joseph renaît grâce au message reçu en songe. Il devient un modèle pour ceux qui cherchent à reconnaître l’agir de Dieu aujourd’hui et à s’ouvrir à la nouveauté qu’il crée. Où percevons-nous sa présence ? Peut-être les jeunes que nous accueillons ces jours-ci nous aideront-ils à dépasser nos peurs et à nous ouvrir à l’immensité de l’amour de Dieu, manifesté par la venue de Jésus.

Les jeunes pèlerins nous rappelleront que l’Esprit Saint agit toujours dans le monde et dans l’Église. Oui, Dieu est fidèle à ses promesses. Comme nous le faisons à Taizé, nous poursuivons la prière maintenant par un moment de silence. Dans le silence de nos  cœurs, cherchons à percevoir dans nos vies, les signes de la présence de ce Dieu fidèle pour lui en rendre grâce.

4e dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Isaïe 7, 10-16; Psaume 23; Romains 1, 1-7; Matthieu 1, 18-24

Frère Matthew | © Geneviève de Simone-Cornet
21 décembre 2025 | 11:30
Temps de lecture : env. 3  min.
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