Philippe Golay

Di comme

Agglomération genevoise, lundi midi. Pierre rencontre Simon, vieux copain.

 

Pierre: – Figure-toi que je me suis réveillé hier avec, c’est  véridique, «Dieu» au bord des lèvres. Pour un dimanche, c’est réussi, mais je me demande encore pourquoi.

 

Simon: – Explore l’avant de l’instant vécu, puis ce moment-là, et l’après.

 

Pierre: – Faisons-le ensemble en cassant la croûte chez moi ; au besoin, mes bouquins seront utiles.

 

Quelque part entre St Paul et le temple de Chêne, dans un appart.

 

Pierre (tout en mangeant): – Dieu et dimanche commencent les deux par les mêmes lettres. Ceci encore: à la nourriture spirituelle, savoir la messe du premier jour de la semaine, succède le repas dominical, le seul que les membres de la famille réussissent à prendre ensemble. Sûr qu’autour de la table plusieurs mots commençant par di furent prononcés et figurent sur l’une des 33 pages idoines du Robert. J’ai compté hier. Cela va de dia à dizygote. En début de liste, je me souviens avoir lu diabète, diable, dialogue, diapason. En fin: divinité, divisible, dixit. Je peux même te donner le nombre de verbes commençant par di: 70, de diagnostiquer à divulguer.

 

Simon (aussi attentif aux propos de Pierre qu’au contenu de son assiette): – C’est tout?

 

Pierre: – Tu connais mon attrait pour les livres. J’ai découvert qu’il  y a exactement cent mots entre Dieu et dimanche, dans le petit Robert. Parmi eux, diffuser, digérer, dignité. Juste avant Dieu ? Diététiste. Il s’agit d’un spécialiste de la nutrition, de l’alimentation et de la diététique, au Québec. Après Dieu ? Diffa, qui signifie réception des hôtes de marque, accompagnée d’un… devine… repas et de réjouissances, dans la tradition musulmane du Maghreb.

 

Simon: – Tu t’es réveillé hier avec «Dieu» au bord des lèvres, excuse-moi mais c’est naturel. Je te rappelle ce que disait Maurice Zundel, ce petit physiquement, mais tout grand bonhomme . Je te le donne de mémoire, cela me vient de mes parents: Dieu est la vie de ma vie. De celle de chacun. Pas étonnant, au fond, qu’il sollicite ton attention comme il l’a fait hier dimanche. Pour ta culture, si tu vas dans le dico historique de la langue française, tu verras que chaque un est à l’origine de chacun. C’est bien trouvé.

 

Pierre: – O.K. Mais tu m’étonnes de ne pas ajouter qu’à chacun revient le choix des mots pour dire au «presque tout» constituant les autres – joli n’est-ce pas ? – dire les résonnances des êtres et des choses que l’on ressent quand on est disponible. Mais, dis, avec un s cette fois, t’as vu l’heure ?

 

Phil’obs

Avec l’agence pro info

4 octobre 2011 | 21:57
par Philippe Golay
Temps de lecture: env. 2 min.
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