16’000 catholiques-chrétiens en Suisse

100e anniversaire de l’Union d’Utrecht (190989)

Berne, 19septembre(APIC) Les Vieux-catholiques (appelés catholiques-chrétiens en Suisse) célèbrent le week-end prochain le 100e anniversaire de

l’Union d’ Utrecht. Le 24 septembre 1889 en effet, les communautés vieilles-catholiques des Pays-Bas, d’Allemagne et de Suisse signèrent à Utrecht

la Déclaration d’Utrecht qui fondait l’Eglise vieille-catholique, une Eglise qui s’est séparée de l’Eglise catholique romaine à la suite du Concile

Vatican I et de la proclamation du dogme de l’infaillibilité pontificale.

N’ayant pas d’évêques, les laïcs et le clergé qui refusèrent ce dogme se

rapprochèrent de la «Petite Eglise d’Utrecht», issue du «schisme d’Utrecht»

de 1723, et qui s’était séparée de Rome en refusant de condamner le jansénisme. Cette Eglise avait toujours eu des évêques. L’Eglise vieille-catholique professe la foi catholique tout en refusant l’autorité romaine.

Actuellement, on dénombre dans le monde 15 évêques diocésains, 430 prêtres, 600 paroisses et un demi-million de croyants vieux-catholiques. C’est

aux Etats-Unis que les vieux-catholiques sont le plus nombreux : 250’000,

surtout d’origine polonaise. En Pologne, ils sont 50’000, en Autriche

30’000, en RFA, 20’000, aux Pays-Bas 9’000, alors qu’ils ne sont que 1’500

en France.

En Suisse, on trouve 16’000 catholiques-chrétiens regroupés en 35 paroisses, surtout en Suisse alémanique. L’une des plus importantes est celle

de Möhlin, en Argovie, avec 1500 fidèles sur une population d’environ 5’000

personnes. La paroisse vieille-catholique de Zurich compte quelque 3’000

fidèles. A Genève, il y a deux paroisses et une association regroupant

moins d’un millier de fidèles, puis viennent les paroisses du canton de

Neuchâtel (La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel), Lausanne, puis St-Imier et Bienne, dans le canton de Berne. Dans les autres régions romandes, ls catholiques-chrétiens vivent en diaspora.

Les festivités seront célébrées aux Pays-Bas le 24 septembre, mais n’auront lieu en Suisse que le 13 janvier 1990 à Zurich.

Mgr Hans Gerny, l’évêque de l’Eglise catholique-chrétienne de Suisse, a

son siège à Berne où se trouve également la Faculté de théologie catholique-chrétienne. L’évêque est élu démocratiquement par le synode national.

Chaque Eglise nationale étant autonome dans ses décisions, on a introduit

en Suisse le diaconat féminin, et en Allemagne fédérale, le synode a décidé

le 3 mai dernier d’introduire la prêtrise féminine malgré une déclaration

de l’Union de 1976 s’y opposant.

Comme l’a expliqué Mgr Gerny à l’agence APIC, la Conférence internationale des évêques vieux-catholiques, comme organe de l’Union d’Utrecht,

n’est pas une «centrale de décision» et n’a pas de pouvoir juridictionnel

sur d’autres diocèses. Le premier évêque vieux-catholique de Suisse, Mgr

Eduard Herzog à Lucerne, fut consacré en 1876 par Mgr Josef Hubert Reinkens, de Bonn, parce que l’archevêque d’Utrecht l’avait refusé. «Ce dernier

était méfiant, parce que les vieux-catholiques de Suisse avaient introduit

dans leur Eglise la participation des laïcs et l’usage des langues locales

pour la liturgie, de même qu’ils avaient levé l’obligation de se confesser

et le célibat pour les prêtres», explique Mgr Gerny.

Avant même que l’Eglise vieille-catholique de Suisse se donne en 1875 sa

propre constitution, il y a eu une conférence d’unification des

vieux-catholiques à Munich en 1871. Deux conférences de l’Union suivirent à

Bonn en 1874 et 1875 et déjà à l’époque, il y avait une aspiration au

dialogue avec les orthodoxes.

La démarche oecuménique est très avancée entre les vieux-catholiques et

les anglicans (l’intercommunion existe avec eux depuis 1931) et aussi avec

les orthodoxes au niveau doctrinal, bien que la spiritualité et la mentalité des deux confessions soient encore très éloignées. Les Eglises vieillescatholiques sont cependant convaincues depuis des années qu’il n’y a pas de

différence dogmatique entre elles et les Eglises d’Orient.

Après le Concile Vatican II, en 1964, une commission «Rome-Utrecht» a

été créée pour faire avancer le dialogue oecuménique entre l’Eglise catholique romaine (»la grande soeur dont on s’est séparé») et les vieux-catholiques. Mais depuis 1972 le dialogue stagne. Actuellement, les deux difficultés principales pour une avance de l’oecuménisme entre les deux confessions sont l’ordination des femmes décidée en RFA et l’acceptation de l’intercommunion entre les vieux-catholiques allemands et la Fédération des

Eglises protestantes d’Allemagne. (apic/eg/be/bd)

19 septembre 1989 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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