Russie: Controverse entre orthodoxes et catholiques sur l’enclave de Kaliningrad
15 lieux de culte ont été remis aux orthodoxes
Moscou, 26 novembre 2010 (Apic) L’Eglise orthodoxe russe a rejeté les protestations formulées par l’archevêque catholique romain du pays, après que les autorités gouvernementales de l’enclave de Kaliningrad ont accordé au diocèse orthodoxe local la propriété d’une église catholique confisquée par le régime soviétique, rapporte l’agence de presse ENI.
«La manière dont l’Eglise catholique aborde cet enjeu aujourd’hui est révélatrice de ses nombreuses contradictions intrinsèques», a déclaré Dmitri Sizonenko, secrétaire intérimaire chargé des relations entre chrétiens au Patriarcat de Moscou. «Les catholiques, en proie à des divisions internes, se comportent de manière injustifiée comme une minorité religieuse lésée et publient des déclarations au nom d’une Eglise qui compte plus d’un milliard de fidèles dans le monde».
Le collaborateur de l’Eglise orthodoxe réagissait à une déclaration publiée le 4 novembre par l’archevêque Paolo Pezzi, de nationalité italienne, qui est à la tête de l’archidiocèse catholique de la Mère de Dieu, basé à Moscou. Mgr Pezzi a condamné la décision de la douma (conseil) du district de Kaliningrad, établissant que quinze lieux de culte situés dans la cité portuaire de la Baltique devaient être remis à l’Eglise orthodoxe.
Controverse au sujet de l’église de la Sainte-Famille
Dans une interview accordée le 16 novembre à l’agence de presse russe Interfax, Dmitri Sizonenko a mentionné en particulier l’église de la Sainte-Famille, en disant que la communauté catholique locale l’avait négligée durant de nombreuses années et que le conseil avait dû en décider la rénovation au début des années 1970. Par la suite, l’église avait été transformée en salle de concerts par «l’effort commun de tous les citoyens» de Kaliningrad, et qu’elle devait maintenant être considérée comme leur «héritage commun». «L’Eglise orthodoxe russe a toujours cherché à prendre ses décisions à propos de questions aussi délicates d’une manière acceptable pour tous», a indiqué Dmitri Sizonenko à Interfax.
L’enclave de Kaliningrad, l’ancienne Königsberg allemande, a été cédée à l’Union soviétique en 1945 et sert de base militaire, entre la Pologne et la Lituanie, pour la flotte russe en mer Baltique.
15 bâtiments à vocation religieuse mis à la disposition des orthodoxes
En juillet 2009, l’archevêque Pezzi a fermé le vicariat de l’Eglise catholique à Kaliningrad, qui comprenait 23 paroisses, en signe de bonne volonté à l’égard de l’Eglise orthodoxe, et cela malgré les plaintes formulées du côté catholique. La douma du district a maintenant fait savoir qu’elle avait décidé de mettre quinze «bâtiments à vocation religieuse» à la disposition du diocèse orthodoxe de Kaliningrad et Smolensk.
L’archevêque Pezzi a protesté contre cette mesure, en affirmant que la décision de la douma «relevait des techniques de lobbying et avait été prise en secret». Il a ajouté que l’inclusion de l’église de la Sainte-Famille dans la liste ne pouvait que susciter «l’incompréhension et la peine» chez les catholiques romains, qui essayaient d’en reprendre possession depuis deux décennies. «Ceci est le fruit empoisonné de la fraude, de la méfiance, de la xénophobie et de la mythologie pseudo-patriotique abondamment diffusées par les médias séculiers et religieux dans les années 1990», a déclaré l’archevêque. En 2007 après avoir pris ses fonctions, certains catholiques russes l’accusaient d’avoir une attitude trop accommodante à l’égard des dirigeants orthodoxes russes. «Les catholiques locaux n’hésiteront pas à défendre leurs intérêts légitimes et leur dignité civique en recourant à tous les moyens qui leur sont fournis par les normes juridiques internationales ainsi que par la constitution et la législation existante de la Fédération de Russie», a conclu Mgr Pezzi.
Les relations entre orthodoxes et catholiques romains connaissent périodiquement des tensions en Russie à la suite des accusations de prosélytisme formulées par les orthodoxes à l’égard des catholiques, accusations que ceux-ci rejettent. La situation s’est détériorée après la création, en février 2002, de quatre diocèses catholiques en Russie. Pourtant, les deux Eglises se sont engagées à plusieurs reprises à collaborer sur les questions sociales et morales. Elles ont mis en place, en 2004, un groupe mixte de travail chargé de régler les points de désaccord qui subsistent. (apic/eni/jl/ggc)