2018-2024: les cinq rencontres du pape François et d'Emmanuel Macron
Neuf mois après son voyage à Marseille, le pape François va retrouver le président français Emmanuel Macron à l’occasion d’une brève rencontre bilatérale – probablement autour d’un quart d’heure – lors du sommet du G7 le 14 juin 2024. Retour en date sur les cinq rencontres entre les deux hommes.
Juin 2018: un tête-à-tête d’une durée record
26 juin 2018, Emmanuel Macron se rend à Rome pour recevoir son titre de chanoine d’honneur dans la basilique Saint-Jean-de-Latran. Juste avant, le président de la République est reçu par le pape François pour un tête-à-tête d’une durée record de 57 minutes. Le chef de l’État français fait mieux que Barack Obama (52 minutes), Recep Tayyip Erdogan (50 minutes), François Hollande (45 minutes), Nicolas Sarkozy (44 minutes) ou encore Donald Trump (29 minutes), faisait remarquer à l’époque le journal Le Monde.
Durant l’audience – conclue par une embrassade chaleureuse –, les deux hommes évoquent les thèmes de la laïcité, de l’environnement, des migrations ou encore du multilatéralisme.
Quelques heures plus tard, dans les jardins de l’ambassade de France près le Saint-Siège, Emmanuel Macron confie avoir été frappé par «l’humilité» du Souverain pontife, parlant d’un homme qui ne cherche «aucun rapport de force». Cela est «très rare dans la vie diplomatique contemporaine» où les dirigeants cherchent avant tout à convaincre leurs partenaires internationaux.
Novembre 2021: Emmanuel Macron tutoie le pape
Le 26 novembre 2021, à quelques mois des élections présidentielles, Emmanuel Macron revient au Vatican pour une seconde audience. Il passe cette fois une heure entière à discuter avec le Souverain pontife, soit trois minutes de plus que l’audience précédente.
Les deux hommes, à l’issue de leur discussion, montrent une certaine proximité, allant jusqu’à se tutoyer devant les caméras dans une atmosphère en apparence chaleureuse.
Selon l’Élysée, les grandes thématiques internationales – pandémie, écologie, Liban ont été évoquées durant le huis clos. Mais Paris ne mentionnera pas dans la liste des sujets de discussion le rapport de la Ciase sur les abus commis par le clergé, publié quelques semaines auparavant.
Octobre 2022: Un président bavard
24 octobre 2022, le président français Emmanuel Macron est reçu pour la troisième fois au Vatican par le pape François. Présente dans la délégation, son épouse, Brigitte Macron, en profite pour glisser au pontife: «Je prie pour vous, je prie pour vous tous les jours».
En privé, le pape et le président consacrent la majeure partie de leur entretien au conflit en Ukraine. Les deux hommes s’accordent alors sur le besoin de sortir de la logique de surenchère et tenter d’entretenir le dialogue avec Moscou pour préparer le jour où la Russie aura besoin de revenir à la table des négociations. Durant la rencontre, ils évoquent aussi l’Arménie, le Liban, la situation des chrétiens d’Orient.
Emmanuel Macron exprime par ailleurs au pape sa position sur les questions de fin de vie, à la veille du lancement d’une consultation nationale sur le sujet. Sur ce thème sensible, les deux hommes ne sont pas d’accord. Trois jours avant l’audience, le pape François avait d’ailleurs envoyé un signal fort en assurant devant des élus du nord de la France qu’on ne pouvait pas demander aux soignants «de tuer leurs patients».
À l’issue de cette troisième rencontre – qui elle aussi a duré près d’une heure -, le pape François confiera en souriant à un groupe qui patientait depuis un certain temps que le président français aimait bien parler…
Septembre 2023: Un quatrième entretien à Marseille
À Marseille, où le pontife venait participer aux Rencontres méditerranéennes, un événement ecclésial, le pape et Emmanuel Macron ont pu échanger en privé pendant 23 minutes dans le Salon d’honneur du Palais du Pharo. L’entrevue a donné lieu à une photo officielle et à un échange de cadeaux, mais pas à des discours publics, afin de ne pas donner à ce déplacement le caractère d’une visite d’État.
D’après l’Élysée, les échanges entre les deux hommes ont été l’occasion d’évoquer «les zones de crises actuelles telles que la situation en Ukraine, en Afrique ou au Haut-Karabagh». Autres thèmes abordés: la situation politique en Argentine, pays d’origine du pape, ainsi que l’écologie et l’immigration.
Le président Macron a ensuite assisté à la messe célébrée par le pontife dans le Stade Vélodrome, sans communier. Il a enfin raccompagné le pontife à l’aéroport Marseille Provence.
Dans l’avion du retour, le pape François a déclaré ne pas avoir parlé du projet de loi sur la fin de vie lors de sa rencontre avec le président Emmanuel Macron, mais l’avoir en revanche abordé lors de sa précédente rencontre au Vatican en octobre 2022. «Je lui ai parlé clairement, je lui ai donné mon point de vue», a insisté le pape. «Avec la vie on ne joue pas, ni au début ni à la fin», affirme-t-il lui avoir déclaré.
Juin 2024: Une brève entrevue dans les Pouilles
Ce 14 juin, le pontife est invité par la présidente du conseil italienne Giorgia Meloni à intervenir sur la question de l’intelligence artificielle au cours d’une réunion du G7, auquel appartient la France. À cette occasion, le pape François et Emmanuel Macron auront un entretien privé à 13h15 selon l’Élysée.
La rencontre entre les deux chefs d’État sera brève, environ un quart d’heure, le pape ayant prévu de rencontrer dix autres chefs d’État – notamment les présidents américain et ukrainien – et de prononcer un discours dans l’après-midi.
La rencontre se déroule dans un contexte particulièrement délicat pour le président français, qui a annoncé dissoudre l’Assemblée nationale après la défaite enregistrée par son camp aux élections européennes le 9 juin dernier. Cette crise politique pourrait compter parmi les sujets évoqués, a indiqué une source romaine à I.MEDIA.
Bien que le débat parlementaire sur le projet de loi sur la fin de vie soit interrompu en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale, le pape pourrait de nouveau profiter de sa rencontre pour signifier sa préoccupation concernant un texte qui autoriserait le suicide assisté et l’euthanasie. (cath.ch/imedia/hl/cd/bh)





