2026: les mutations se poursuivront au Vatican
Entre la fin du Jubilé, la tenue d’un consistoire, la perspective des nominations importantes ou la publication d’une première encyclique, les perspectives sont nombreuses pour le pape Léon XIV en 2026. L’agence I.Média fait un tour d’horizon.
Clap de fin pour le jubilé
Le 24 décembre 2024, c’est un pape François âgé et éprouvé qui avait ouvert la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre, sans pouvoir se lever de son fauteuil roulant. Il avait ainsi lancé l’Année sainte 2025, qu’il avait voulue consacrée à l’espérance. Léon XIV a repris le flambeau jubilaire après son élection le 8 mai. Le 6 janvier prochain, il deviendra le deuxième pape à refermer la lourde porte de la basilique vaticane sans l’avoir ouverte – le dernier cas remonte au Jubilé de 1700 (Innocent XII et Clément XI).
Un premier consistoire
Au lendemain de la fermeture de la «Porte sainte» de la basilique Saint-Pierre, Léon XIV organise un consistoire extraordinaire à Rome les 7 et 8 janvier. Pour la première fois depuis le conclave, le pape rassemblera ainsi l’ensemble des cardinaux. Ce type de réunion à huis clos, convoquée par le pape «lorsque des nécessités particulières de l’Église ou l’étude d’affaires de grande importance le conseillent» (comme le précise le droit canonique), était rarement utilisé par François durant son pontificat. À l’inverse, Léon XIV a insisté à plusieurs reprises sur sa volonté de gouverner de manière collégiale. Ce consistoire pourrait donc lui offrir l’occasion de définir, en concertation avec les cardinaux, les grandes orientations de son pontificat.
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Renouvellement de la Curie
Depuis son élection, Léon XIV a reconduit la quasi-totalité des hauts responsables de la Curie romaine, s’appuyant principalement sur l’équipe héritée de François, tout en prenant son temps pour les nominations. À ce jour, la seule décision majeure concerne son successeur à la tête du dicastère pour les Évêques, Mgr Filippo Iannone, mais dès 2026, le pape devrait commencer à renouveler son équipe de collaborateurs. Plusieurs préfets ont déjà dépassé l’âge de la retraite, comme les cardinaux Michael Czerny (Service du développement humain intégral), Marcello Semeraro (Causes des saints), Kurt Koch (Unité des chrétiens), Arthur Roche (Culte divin) et Kevin Farrell (Laïcs, famille et vie). Par ailleurs, le dicastère pour les Textes législatifs, actuellement vacant, perdra également son secrétaire en avril, tandis que le cardinal Lazarus You (Clergé) atteindra ses 75 ans en novembre. Des remaniements sont aussi envisageables au sein du dicastère pour la Communication, de la secrétairerie d’État ou du dicastère pour la Doctrine de la foi.
Une première encyclique
Depuis l’été dernier, le pape Léon XIV travaillerait à la rédaction d’une première encyclique. Dans la lignée de Rerum novarum (1891), l’encyclique de Léon XIII (1878-1903) qui posa les bases de la Doctrine sociale de l’Église, ce texte devrait s’intéresser aux grands défis auxquels l’homme contemporain doit faire face. Interrogé en novembre par I.Média, le cardinal Victor Manuel Fernandez, préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, a annoncé que le document ne porterait pas seulement sur l’intelligence artificielle, une thématique qui intéresse particulièrement Léon XIV, «mais sur la situation générale de la société». Il a affirmé s’attendre à ce que le document soit publié «prochainement». Un titre a déjà fuité dans les médias italiens – Magnifica humanitas – «Humanité magnifique».
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Le Synode sur la synodalité se poursuit
Depuis son élection, Léon XIV a affirmé son intention d’assumer l’héritage de François concernant le Synode sur la synodalité, ce vaste chantier mondial lancé en 2021 pour rendre l’Église catholique plus participative et moins cléricale. «La synodalité doit devenir une mentalité, ancrée dans les cœurs, les processus décisionnels et les modes d’action», a-t-il souligné en juin dernier. Le pape, qui a participé aux deux précédentes assemblées synodales à Rome en 2023 et 2024, a maintenu cette dynamique.

Le synode est désormais entré dans une phase d’évaluation de sa mise en œuvre, qui doit se poursuivre dans les diocèses jusqu’en décembre 2026. Cependant, certains points devraient déjà être examinés à Rome cette année. D’ici au 31 décembre, Léon XIV recevra les rapports des groupes de travail sur les thématiques délicates émergées au cours du processus synodal. Par ailleurs, le Saint-Siège suivra avec attention l’interprétation de la synodalité par l’Église en Allemagne, source de tensions récurrentes ces dernières années.
Un procès à terminer
Le 3 février prochain, le procès en appel de la grande affaire financière dite «de l’immeuble de Londres» reprendra au Vatican, après une interruption de trois mois. Parmi les accusés figurent le cardinal Angelo Becciu, ancien substitut de la secrétairerie d’État, ainsi que huit autres personnes condamnées en première instance en décembre 2023 pour leur rôle dans les transactions entourant des investissements controversés de la secrétairerie d’État sous le pontificat de François – notamment l’acquisition d’un immeuble à Londres.

Depuis l’ouverture de la procédure en appel, les avocats de la défense ont exercé une forte pression sur le promoteur de justice, Alessandro Diddi, certains allant jusqu’à demander sa récusation. La Cour de cassation, composée de cinq cardinaux et deux juristes laïcs, doit se prononcer sur cette demande d’ici février. Si Alessandro Diddi, accusé par la défense d’avoir été influencé par un tiers lors de son enquête, était écarté, cela renforcerait considérablement les revendications du cardinal Becciu et des autres accusés, qui continuent de clamer leur innocence.
Le procès de Marko Rupnik
L’autre procès qui devrait marquer l’année au Vatican est celui de l’ancien jésuite Marko Rupnik. Ce prêtre et célèbre mosaïste slovène, dont les œuvres tapissent les parois des plus grandes églises et sanctuaires du monde (Lourdes, Vatican, Fatima…), est accusé de graves abus par de nombreuses femmes. En 2023, le pape François avait demandé au dicastère pour la Doctrine de la foi d’examiner ce dossier sans prendre en compte les délais de prescription. En octobre, des juges ont finalement été désignés et le procès canonique – qui se tient intégralement à huis-clos – a été lancé. Interrogé sur la procédure, Léon XIV a invité à la patience et assuré vouloir respecter les droits de toutes les parties.
Un déménagement attendu
Ces derniers jours, des ouvriers ont encore été aperçus en train de travailler sur la toiture du Palais apostolique, au-dessus des appartements pontificaux. Léon XIV devrait prochainement s’y installer, quand les travaux de rénovation en cours seront terminés. Une grande partie des appartements sont restés inoccupés pendant douze ans, François ayant choisi d’habiter dans la résidence Sainte-Marthe pendant tout son pontificat. Questionné le 9 décembre sur son installation prochaine, Léon XIV a indiqué qu’aucune date n’était fixée et qu’il se sentait «bien» dans ses appartements actuels, au palais du Saint-Office. Il a précisé que seuls ses deux secrétaires particuliers feraient partie de la «famille pontificale» et vivraient avec lui. (cath.ch/imedia/cd/bh)





