Fribourg: L’Institut Philanthropos fêtera ses 10 ans le 29 mars

50 étudiants suivent actuellement le cursus de formation

Fribourg, 14 mars 2014 (Apic) L’Institut Philanthropos, près de Fribourg, marquera ses 10 ans d’existence par une journée anniversaire le 29 mars 2014. Le directeur Fabrice Hadjadj, écrivain et professeur de philosophie, et le président Nicolas Michel, ancien Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques des Nations-Unies, ont présenté leur institut le 14 mars aux journalistes catholiques de Suisse romande. Au fil des années, la maison a accueilli de 19 à 50 étudiants et doit même refuser des candidats afin de préserver une ambiance fraternelle et communautaire.

L’institut propose une année de vie communautaire (dans l’ancienne maison des Sœurs de Baldegg à Bourguillon), d’études de théologie et de philosophie «très poussées» et de cheminement dans la foi chrétienne, indique son directeur. Il ne s’agit ni d’une année sabbatique, ni d’un discernement, mais bien d’un cursus d’études. Une année passée à Philanthropos correspond d’ailleurs à une année universitaire, ponctuée par 60 crédits ECTS. Les étudiants sortis de l’institut peuvent directement passer en 2e année dans plusieurs facultés de théologie, dont celle de Fribourg.

De 19 étudiants en 2004, l’institut est passé à 50 cette année, «un nombre critique», selon Fabrice Hadjadj. Il y a bien davantage de candidats, mais si elle acceptait davantage, l’institut n’aurait plus une taille «familiale», garante d’une vie fraternelle et communautaire. «Si on accueillait vraiment tous les candidats, on serait au moins 80, et peut-être même 100», selon le directeur. Les exigences d’admission ont donc été renforcées, en vue également de garantir aux étudiants les meilleures chances de succès. Une nette majorité des étudiants sont Français (206 sur 324 durant ces 10 dernières années, soit environ 63%).

La prudence pastorale de Mgr Genoud

A ses débuts, l’Eglise catholique a manifesté une «prudence pastorale», voire une certaine réserve face à l’apparition de cet institut, perçu un peu comme une concurrence face à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg, se rappelle Nicolas Michel. Mgr Bernard Genoud a attendu que les structures se mettent en place avant de soutenir le projet avec confiance, notamment grâce à la collaboration entreprise par plusieurs dominicains professeurs à l’université. Actuellement Mgr Charles Morerod célèbre chaque mois la messe à la chapelle de Philanthropos et Mgr Chardonnens, vicaire général, est membre du comité.

«Le mardi, nos étudiants suivent les cours de la Faculté de théologie à Fribourg. Les salles habituellement à moitié vides se remplissent l’espace d’un jour», souligne Fabrice Hadjadj. En 10 ans, le rapport de force s’est en quelque sorte inversé. «La Faculté de théologie a besoin de Philanthropos, qui amène un paquet d’étudiants à.

«Nous ne sommes pas l’école de la Fraternité Eucharistein», lance Fabrice Hadjadj, «Cette fraternité réside à côté et ses membres sont présents chez nous pour rendre des services. Et lorsque Nicolas Buttet, son fondateur, est de passage, il vient volontiers célébrer la messe chez nous, mais l’institut accueille en ses murs une grande diversité de tendances de l’Eglise catholique». Les étudiants vivent dans un climat de grande liberté et, au bout de leur année de formation, les responsables de Philanthropos les poussent à s’engager dans les communautés chrétiennes – paroisses et mouvements – de leur région.

La plupart des candidats (60 à 70% selon les estimations), ont été mis en contact par des anciens étudiants. Les autres en ont entendu parler lors de retraites ou encore par le site internet.

L’esprit du don inscrit dans l’ADN de Philanthropos

Le budget se monte à environ un million de francs. «Un montant très modeste», selon Nicolas Michel, «grâce à de nombreuses aides bénévoles et les salaires modestes des enseignants». «L’esprit du don est inscrit dans l’ADN de Philanthropos», souligne son président.

Les 2/3 du budget sont couverts par les contributions des étudiants, même si certains doivent recevoir une bourse pour assurer les quelque 13’000 francs de taxe annuelle, qui comprennent la pension (8’190 frs) et la scolarité (4’800 frs). Le reste des frais est couvert par quelques généreux donateurs, qui versent 20’000 à 30’000 francs par an, et par les membres d’une association d’amis. «Certains font même un effort supplémentaire si l’on n’arrive vraiment pas à boucler nos comptes», souligne Nicolas Michel.

Encadré:

Témoignages d’étudiants

Sophie, de Bordeaux en France, a entendu parler de Philanthropos par sa cousine qui avait suivi le cursus l’année dernière. Elle est venue deux jours et a compris qu’elle pouvait y trouver des réponses à sa soif de découvrir Dieu. «A mon âge, je me trouve à un carrefour de ma vie. Après avoir suivi 3 ans d’études de psychologie, je dois prendre certaines décisions quant à mon avenir et j’ai pensé que cette année passée à Philanthropos pourrait m’aider», souligne-t-elle. Sophie se dit impressionnée par la qualité des cours, et a été séduite par la vie spirituelle et l’ambiance d’accueil rencontrée chez les autres étudiants.

Elvis, du Locle en Suisse romande, est ingénieur et a travaillé au CERN (Centre européen de recherche nucléaire) à Genève. Il a entamé un cheminement de foi il y a environ 4 ans. La science n’explique pas tout, notamment sur le sens de la vie, relève-t-il. Lorsque son contrat de travail est arrivé à échéance, il a eu envie d’approfondir encore les questions liées à la foi et a rencontré une autre personne qui a fréquenté Philanthropos. Il est venu assister à des cours et a remarqué que l’offre correspondait parfaitement à ce qu’il attendait. «Sa décision a été courageuse», souligne Fabrice Hadjadj, «car il avait reçu d’autres propositions d’engagement à l’étranger».

Encadré:

Les 10 années de vie de Philanthropos en quelques statistiques

Nombre total d’étudiants : 324, dont 134 hommes et 190 femmes.

Répartition par nationalité :

– France : 206

– Suisse : 68

– Belgique : 21

– Canada : 11

– Autres : 18

Moyenne d’âge actuelle des étudiants : 22,1 ans.

Taux d’obtention du diplôme de Philanthropos : entre 63% (2011-12) et 96% (2005-6).

Encadré:

Journée de fête le 29 mars

L’Institut Philanthropos marquera ses 10 ans par une journée de fête le samedi 29 mars.

Au programme :

– 14h : accueil

– 14h30 – 15h30 : Allocutions du conseiller d’Etat fribourgeois Jean-Pierre Siggen, directeur de l’Instruction publique, de la culture et du sport et ancien président de l’Association des amis de Philanthroopos, de Nicolas Michel, président de l’Institut Philanthropos, de l’archiduc Rudolf d’Autriche, président de la Fondation Philanthropos, et du Père Nicolas Buttet, fondateur de la Fraternité Eucharistein et inspirateur du projet Philanthropos.

– 16h – 17h30 : Conférences « Créé à l’image de l’incompréhensible », Dialogue entre Jean-Luc Marion, de l’Académie française, et Fabrice Hadjadj, directeur de l’Institut Philanthropos.

– 18h : Messe

– 19h30 : Buffet

– 20h30 : Théâtre « Le sexe de l’argent – une Jeanne d’Arc chez les Posthumains », pièce inédite de Fabrice Hadjadj.

La journée anniversaire sera précédée d’un colloque scientifique sur le thème du transhumanisme :

– 26 mars à 20h30, Fabrice Hadjadj « Faire naître : figures de la technique, de la maïeutique à la Matrix ».

– 27 mars à 20h30 : Jean-Claude Guillebaud « La haine du corps, ou portrait du technocrate en nouveau pudibond ».

– 28 mars à 17h30 : Ruedi Imbach « Le Transumanar de Dante : une divine traversée ».

Programme entier du colloque sur le site www.philanthropos.org .

(apic/bb)

15 mars 2014 | 09:40
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 5 min.
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