A 80 ans lundi, le cardinal Barreto Jimeno ne sera plus électeur
En atteignant lundi 12 février 2024 l’âge de 80 ans, le cardinal Pedro Ricardo Barreto Jimeno ne pourra plus prendre part à un conclave en cas de vacance du siège de Pierre. Le jésuite Péruvien, encore archevêque de Huancayo, fait partie des grands fervents défenseurs de l’Amazonie, mais aussi des valeurs familiales.
Avec cet anniversaire, le nombre de cardinaux électeurs passe à 130. En tout, le collège des cardinaux compte 239 cardinaux, dont 109 sont non-votants. Le Pérou n’a désormais plus de cardinaux électeurs puisque le deuxième cardinal péruvien, Juan Luis Cipriani Thorne, a également passé la barre des 80 ans en décembre dernier.
On comptera près de 11% de cardinaux électeurs d’Amérique latine, un chiffre identique à celui du début du pontificat. La proportion de cardinaux issus du continent du pape François reste stationnaire dans le Collège depuis 2013.

Pedro Ricardo Barreto Jimeno est né à Lima, le 12 février 1944. Il a suivi le noviciat de la Compagnie de Jésus dans la capitale péruvienne, puis des études en Espagne et a obtenu un diplôme d’éducateur. Ayant fait sa Profession religieuse en 1976, cinq ans après son ordination sacerdotale (18 décembre 1971), il a assumé diverses charges au fil des années, comme supérieur du noviciat jésuite, supérieur de la communauté de Ayacucho, puis de celle de Tarma, enseignant et directeur spirituel au Collège Cristo Rey de Tacna, où il a été aussi curé.
Jean-Paul II l’a nommé premier vicaire apostolique de Jaén en 2001. Son ordination épiscopale a eu lieu le 1er janvier 2002. Puis le pape polonais lui a confié la charge d’archevêque de Huancayo – dans les montagnes centrales péruviennes – en 2004. C’est son confrère le pape jésuite, François, qui l’a créé cardinal lors du consistoire du 26 juin 2018. Il est le cinquième cardinal du pays mais le premier choisi hors de la capitale Lima.
Pedro Ricardo Barreto est l’un des hommes-clefs du Synode sur l’Amazonie de 2019, dont il a été le président délégué. C’est dans son pays en janvier 2018 que le pape argentin a ouvert les travaux de ce Synode. Très engagé en faveur de l’environnement et des peuples indigènes, le cardinal a mené des campagnes de sensibilisation sur tout le continent américain, jusqu’au Canada, quand bien même ses prises de positions allaient à l’encontre d’intérêts de puissants entrepreneurs. Le prélat a même reçu des menaces explicites de mort, notamment en 2012, après avoir dénoncé les conséquences néfastes d’une mine sur la santé des travailleurs et des habitants.
Sur les autres questions sociétales, il représente une voix critique contre l’idéologie du genre. En 2022, il est élu chancelier de l’Université catholique pontificale du Pérou à Lima, remplaçant le cardinal Versaldi, venu en intérim après que le pape ait retiré la charge à l’autre cardinal péruvien, le plus conservateur cardinal Cipriani Thorne.
En novembre 2022, le cardinal Pedro Barreto n’hésite pas à demander au président de l’époque, Pedro Castillo, de quitter ses fonctions pour le bien commun. Déclaration qui provoque de vives critiques de l’élite politique et religieuse, y compris dans l’Église. Après la destitution du chef d’État en décembre 2022, le cardinal expliquera qu’il l’avait fait «en conscience» et que cela restait dans l’histoire «comme une prophétie».
En octobre 2023, alors que de vives tensions socio-politiques agitent le pays, le prélat défend le «droit de manifester» du peuple et demande au gouvernement et aux opposants de garantir l’accès des blessés aux soins. (cath.ch/imedia/ak/gr)