Le pape François lors de son discours devant les autorités grecques | © Keystone/YORGOS KARAHALIS
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À Athènes, le pape s'inquiète du «recul de la démocratie» en Europe

Lors de son premier discours prononcé en Grèce, le pape François a déploré le «scepticisme démocratique» présent aujourd’hui dans le monde, le 4 décembre 2021. À Athènes, «berceau» de la démocratie, il a livré un plaidoyer pour retrouver le sens de la «bonne politique» et du «bien commun». Il a de nouveau lancé un appel pour que l’Europe change d’attitude sur la question des migrants.

Le pape François a entamé la deuxième et dernière séquence de son 35e voyage apostolique à l’étranger. Arrivé à Athènes aux alentours de 10h30 (heure de Rome), le pape s’est rendu au Palais présidentiel où il a été accueilli par la présidente de la République grecque Ekateríni Sakellaropoúlou. C’est en «pèlerin» qu’il a dit arriver dans ces «lieux riches de spiritualité, de culture et de civilisation».

«Sans Athènes et sans la Grèce, l’Europe et le monde ne seraient pas ce qu’ils sont», a d’emblée assuré le pape argentin, deuxième chef de l’Église catholique à fouler le sol de Grèce après Jean Paul II en 2001. C’est de la capitale grecque, d’où l’idée même de citoyenneté a pris corps, que le pontife a souhaité lancer un cri pour un retour au véritable esprit démocratique, constatant «avec inquiétude» un recul en la matière.

«La démocratie exige la participation et l’implication de chacun, elle demande donc des efforts et de la patience», a-t-il cru bon de rappeler, fustigeant «l’autoritarisme» – qui est «expéditif» – et «les populismes» qui promettent des «assurances faciles».

Non à la colonisation idéologique

Pour lui, ce scepticisme à l’égard de la démocratie serait causé par «l’éloignement des institutions, la peur de la perte d’identité et la bureaucratie». Le «remède» à cette situation ne réside selon lui ni dans une recherche obsessionnelle de popularité, ni dans la proclamation de promesses intenables ou bien dans une adhésion à une colonisation idéologique abstraite.

Le remède se trouve dans une «bonne politique», c’est à dire, la recherche du «bien commun» et de la «justice sociale». Le pape François a alors donné comme boussole l’attention prioritaire «aux membres les plus faibles de la société». Il a appelé à un changement global d’état d’esprit: «Aidons-nous à passer de l’esprit partisan à la participation; d’un engagement à soutenir uniquement son propre parti, à une implication active pour la promotion de tous».

Reconnaissant que son propos pouvait sembler être de l’ordre de l’«utopie», il a fait remarquer devant son auditoire grec que le grand récit d’Homère enseignait le fait qu’une «odyssée» en mer agitée était souvent la seule voie pour atteindre son but.

L’Europe doit intégrer les migrants

Parmi les plus fragiles que le pape souhaiterait voir au cœur d’une «bonne politique», il a de nouveau cité les «frères et sœurs migrants». Soulignant que la Grèce avait supporté des difficultés importantes dans la gestion de la crise migratoire, il a fustigé la Communauté européenne, «déchirée par les égoïsmes nationalistes», pour ses blocages et son incapacité à se coordonner pour assurer la solidarité.

Une fois de plus, il a demandé à ce que, «selon les possibilités de chaque pays», les migrants soient «accueillis, protégés, promus et intégrés dans le plein respect de leurs droits humains et de leur dignité».

Pour lui, «il s’agit là d’une garantie pour l’avenir, afin d’être un signe de coexistence pacifique avec ceux qui, de plus en plus nombreux, son contraints de fuir en quête d’un foyer et d’espoir». «Transformons en une audacieuse opportunité ce qui semble être une épreuve malheureuse», a-t-il encore lancé.

Pour le respect du Serment d’Hippocrate

À la fin de son discours, le pape François a par ailleurs appelé à préserver l’héritage laissé par la Grèce, «mémoire de l’Europe». Il a alors fait référence au serment d’Hippocrate, dont certaines phrases «semblent avoir été écrites pour aujourd’hui». Et de citer notamment le fait de vouloir sauvegarder la vie à tout moment, «notamment dans le sein maternel».

Pour le pape, «le droit aux soins et aux traitements pour tous doit toujours être privilégié, afin que les plus faibles, notamment les personnes âgées, ne soient jamais rejetés». À l’heure où de nombreux pays s’interrogent sur la question de la fin de vie et du recours à l’euthanasie, l’évêque de Rome a rappelé que la vie était «un droit» et que la mort devait être «accueillie et non administrée».

Le programme du pape pour la suite de la journée

À 15h, le chef de l’Église catholique sera reçu par l’archevêque Hiéronymus II d’Athènes et de toute la Grèce à l’archidiocèse orthodoxe d’Athènes. Il y prononcera un discours dans la Salle du trône.

Puis, il se rendra à 16h15 à la cathédrale catholique de Saint-Denys-l’Aréopagite d’Athènes pour prononcer sa troisième allocution officielle de la journée devant les évêques, prêtres, religieux, séminaristes et catéchistes catholiques.

Comme lors de son précédent voyage en Slovaquie, le pape François retrouvera enfin des Jésuites à la nonciature apostolique d’Athènes, à 17h45. (cath.ch/i.media/hl/cmc)

Le pape François lors de son discours devant les autorités grecques | © Keystone/YORGOS KARAHALIS
5 décembre 2021 | 07:00
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 3 min.
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