À Fribourg, le Cygne prend «La maison commune» sous son aile
Dans le restaurant du Cygne, à deux pas de la cathédrale de Fribourg, les générations se côtoient dans un joyeux brouhaha. Le lieu fête, en ce mercredi soir, l’ouverture de «La maison commune» qui joint espace d’amitié sociale et une restauration «consciente et vibrante».
«Que la vie ne soit pas le temps qui passe, mais le temps de la rencontre.» L’abbé Alexis Morard paraphrase ainsi le pape François lors du «moment officiel» de la soirée d’inauguration de «La maison commune», le 28 mai 2025. Le curé modérateur de l’Unité pastorale St-Joseph a été l’une des chevilles ouvrières du projet qui vient d’éclore à la Rue des Bouchers 2.
Le restaurant du Cygne, bien connu à Fribourg, a connu plusieurs années de fermeture. Les lieux ont été rachetés par le Bénéfice curial de Villars-sur-Glâne. L’établissement est aujourd’hui géré par la Fondation fribourgeoise pour une pastorale missionnaire (FFPM), composée de professionnels qualifiés issus de divers milieux laïcs et ecclésiastiques du canton de Fribourg, dont celui de l’hôtellerie.
L’amitié au cœur de la Cité
Des travaux commencés dès septembre 2022 ont donné une nouvelle vie au café-restaurant. «Une aventure pas toujours simple», avec de nombreux défis techniques, commente le représentant du bureau d’architecture d’intérieur Boo Studio, qui a réalisé les travaux dans ce bâtiment ancien.
«Dans la vie, nous avons tous besoin de signes», assure l’abbé Morard en référence au nom du restaurant. Ce «projet d’amitié sociale au cœur de la Cité» est censé en être un. «La maison commune» propose un espace de rencontre, de dialogue, de créativité et de fraternité inspiré de la pensée du pape François, notamment de ses deux encycliques Fratelli tutti (2020) et Laudato si’ (2015), explique Joseph Rusca, responsable du concept événementiel.

Tout cela dans le cadre d’un restaurant «où l’on aime se régaler sainement». Un projet «en cours de processus» relève l’agent pastoral. La maison vise à repenser les relations entre les êtres humains, la société et l’environnement, ainsi que soutenir les familles sous la forme associative. Concrètement, elle propose une programmation culturelle, notamment des concerts, des activités ludiques pour les enfants, ainsi que des espaces de réflexion.
«Tout cela doit servir à démontrer qu’un changement est possible, note Joseph Rusca. Que nous pouvons tous vivre ensemble dans le respect des uns des autres et de ce qui nous entoure.»
Un point de contact avec le monde
L’appel du pape François à l’Église «d’aller vers les périphéries», à la rencontre du monde, est au cœur du concept. Les employés de l’Église y collaborent ainsi activement avec des acteurs du monde profane, dont l’équipe de gérance du restaurant. «Nous avons une occasion incroyable d’être un point de contact entre l’Église et la société», assure Joseph Rusca. Cela loin de tout prosélytisme. «La foi chrétienne est présente sans s’imposer. Je pense qu’elle émerge toutefois naturellement dans nos activités et dans l’énergie du lieu», explique Joseph Rusca.
Quatre «mères» inspiratrices
Des moments catéchétiques sont prévus et des ouvrages religieux, notamment des Bibles pour enfants, sont disponibles parmi d’autres dans le coin lecture pour les plus petits. Mais la dimension chrétienne de «La maison commune» s’axe principalement autour des quatre «égéries» qui la patronnent: Marguerite Bays, Etty Hillesum, Hildegarde de Bingen et Maria Montessori.

Elles représentent toutes des valeurs que «La maison» entend développer: les talents catéchétiques et la portée à la fois régionale et universelle de la sainte fribourgeoise; la liberté intérieure et la lutte contre les fanatismes d’Etty Hillesum; le génie culinaire et visionnaire pour Hildegarde de Bingen; l’inspiration pédagogique de Maria Montessori. «Le choix de ces quatre femmes, qui ont été profondément influentes et novatrices dans le monde catholique, symbolise la dimension de ‘mère’ portée par La maison commune», explique l’abbé Morard. (cath.ch/rz)
Le Cygne, un restaurant, mais plus que cela
Falafels façon Hildegarde, bûchette de chèvre bio de Botterens, tartare de pleurotes… la carte du Cygne offre un choix de plats alléchants avec maintes touches originales. C’est que l’établissement voit plus loin que la simple restauration.
«Nous nous sommes donnés pour mission de proposer une cuisine qui fait du bien autant au corps qu’à l’esprit, à la planète», souligne Corentin, l’un des cuisiniers. Car les préparations du café-restaurant sont à la fois inspirées d’Hildegarde Von Bingen et validées par la psychonutrition. La moniale allemande du Moyen-Âge est considérée comme la première naturaliste d’Allemagne. Sa médecine combinait des éléments savants de grands auteurs et des ressources locales de médecine populaire, notamment basée sur la connaissance des plantes et des minéraux.
Le Cygne entend satisfaire les papilles tout en privilégiant les circuits courts, les actions sociales, la lutte contre le gaspillage, l’alimentation saine et propice au bien-être psychologique, ainsi que la sensibilisation des plus jeunes au respect de la nature. RZ