À Genève, découvrir les conceptions de la mort qui parcourent le monde
Une visite suivie d’une discussion sur le thème des rites funéraires est proposée au Musée d’ethnographie de Genève (MEG), le 30 octobre 2025. Des objets funéraires de l’exposition permanente permettront d’en apprendre davantage sur les conceptions de la mort dans d’autres traditions.
«Dans le monde andin, il fallait que le mort soit accompagné d’objets pour pouvoir continuer à vivre. Car la mort n’est pas une fin, puisque l’univers forme une unité», explique Leonid Velarde au journal Le Courrier (24 octobre). L’archéologue est spécialiste des Amériques et du monde précolombien. Parmi les objets présentés lors de la visite du 30 octobre figureront justement deux poteries anciennes précolombiennes: «L’une est ornée d’une représentation de mise à mort, raconte Leonid Velarde, sur l’autre des cadavres dansent en musique (…) Les défunts continuent ainsi à faire partie de la réalité présente, et nous aident à poursuivre notre vie. Si on les néglige, ils peuvent aussi se fâcher: les rituels servent ainsi à les bonifier, pour éviter leur colère.»
Les célébrations funéraires racontent également le statut de la personne défunte, et peuvent même l’augmenter. En Océanie, rapporte Leonid Velarde, une population insère le crâne du défunt, remodelé avec une pâte végétale, sur le corps d’un mannequin pour continuer à faire vivre son statut social après la mort.
Enjeux éthiques
Quant à la Fête des morts, aux Amériques, «elle célèbre l’existence de la personne mais aussi le cycle de la vie. Il faut se souvenir que dans les Amériques andines, novembre est le mois où arrivent les premières pluies et où les communautés commencent à semer. La mort est donc liée à la fertilité. Au Pérou, de nombreux objets précolombiens portent des représentations d’accouplement et de végétaux qui en naissent, mais aussi de cadavres en position équivoque.»
L’archéologue souligne aussi les enjeux éthiques posés par la conservation des restes humains: «De quel droit prélevons-nous des échantillons d’analyse, déplaçons-nous des corps des lieux où ils ont été trouvés? Jusqu’ici, la justification a toujours été scientifique, mais aussi ethnocentrée. Suffit-elle toujours à justifier ces atteintes aux désirs de ces personnes, ou des communautés d’origine?» (cath.ch/com/courrier/rz)
La visite au MEG est proposée en partenariat avec la Cie Folledeparole qui conduira la Marche des In-visibles en ouverture à la Fête des Mort.e.x.s 2025. Le projet socio-culturel animera le quartier genevois des Grottes les 1er et 2 novembre. En novembre 2024, près de 500 personnes ont pris part à une déambulation performative et interactive déjà en hommage aux In-Visibles, rapporte le site de la Cie Folledeparole. Ce qui a fait émerger l’idée de pérenniser cet événement, de le rendre encore plus inclusif, en proposant de nouvelles formes ritualisées et en impliquant davantage les différentes communautés du quartier.





