L’hospice du Grand-Saint-Bernard

A la découverte des lieux de prière et de ressourcement en Suisse romande (XXIII)

Lourdes, Paray-le-Monial, Einsiedeln ou Taizé sont connus de chacun. Il est d’autres lieux, en Suisse romande, où les chercheurs de sens peuvent vivre des jours de silence, de paix et de contemplation. Notre collaborateur Paul Jubin nous fait découvrir aujourd’hui l’hospice du Grand-Saint-Bernard.

Le col du Grand-Saint-Bernard, à 2472 m d’altitude, est un passage stratégique important entre le nord et le sud des Alpes. Hannibal, Charlemagne, Napoléon y ont inscrit des hauts faits. L’hiver y est long et la neige tombe en abondance : environ 20 mètres! Aussi les montagnards peuvent facilement s’égarer dans le brouillard et les étendues blanches. Autrefois, les voyageurs y arrivaient souvent épuisés et dépouillés. Pour mettre fin au brigandage et assurer la sécurité du col, St Bernard de Menton fonda cette maison en 1050. Depuis bientôt mille ans, l’hospice offre un refuge aux voyageurs. La porte principale a toujours été ouverte, jour et nuit, en toutes saisons. Aujourd’hui, ceux qui sont perdus. dans la vie y entrent aussi volontiers.

Au cours des siècles, l’hospice s’est agrandi pour répondre aux besoins des visiteurs. Il peut accueillir actuellement 150 personnes dans des chambres et des dortoirs. Quatre chanoines du Grand-Saint-Bernard, une oblate et des laïcs assurent une permanence. Ils forment une communauté de vie et de prière. Ils ne demandent jamais aux passants pourquoi ils viennent et restent disponibles pour ceux qui en expriment le désir. L’hospice continue d’accueillir les personnes en difficulté ou affamées de ressourcement. Elles ont tous les âges, sont de toutes confessions ou non- croyantes. «Pour nous, l’attention à chaque personne, sans distinction, se révèle prioritaire, précise Mgr Vouilloz, l’abbé-prévôt. Chacun est accueilli comme un frère en humanité, comme un enfant de Dieu. Chacun apporte avec lui son mystère d’amour. Nous appliquons la devise de l’hospice : Ici, le Christ est adoré et nourri.»

La communauté célèbre les différents offices à la crypte. Les hôtes qui le souhaitent y participent librement. Beaucoup découvrent ce lieu de prière et en sont touchés. L’hospice n’est pas un lieu de silence comme un monastère, c’est une maison d’accueil. Les passants y vivent en toute liberté. La plupart des visiteurs éprouvent le besoin de faire le point, de regarder vers le haut, de se ressourcer et d’accumuler des énergies spirituelles. Ils trouvent le silence dans les environs, dans la beauté sauvage de la montagne, «ce monastère de Dieu».

Durant les trois mois d’été, un hôtel adjacent à l’hospice accueille les voyageurs dans 25 chambres confortables. Du 15 juin au 15 septembre, les week-ends voient affluer au moins 200 hôtes. La communauté propose des pèlerinages d’été ; une marche avec prière et réflexion. En hiver, des classes d’étudiants viennent régulièrement avec l’encadrement de leur école. L’hospice fait aussi le plein aux fêtes de Pâques et Noël.

Les fameux chiens Saint-Bernard ne remplissent plus de mission de sauvetage. Le chenil de l’hospice en poursuit néanmoins l’élevage ; vingt ont été vendus l’an dernier. Les chiens restent une image de marque de l’hospice et une curiosité pour les touristes, de même que le musée. Aujourd’hui, les téléphones portables, la qualité du matériel sportif, l’hélicoptère s’avèrent plus performants dans les opérations de sauvetage.

L’Hospice du Simplon, avec trois chanoines de la même congrégation, remplit une fonction identique à celle du Grand St Bernard. De plus, une communauté au Val d’Aoste et une autre à Taïwan assument aussi cette fonction séculaire : accueillir et permettre la découverte de l’amour du Dieu vivant. Paul Jubin.

Les illustrations de cet article sont à commander à l’agence CIRIC, Bd de Pérolles 36 – 1705 Fribourg. Tél. 026 426 48 38 Fax. 026 426 48 36 Courriel: ciric@cath.ch (apic/pj/bb)

4 mai 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!