À Rome, le chanteur Grégoire témoigne de l’espérance
À l’occasion du Jubilé des catéchistes qui s’est déroulé à Rome du 26 au 28 septembre 2025, le chanteur Grégoire a donné un témoignage sur l’espérance lors d’un colloque organisé à l’Université de la Sainte-Croix. Il s’est notamment exprimé sur l’annonce de la foi et sur la figure de la bienheureuse Eugénie Joubert (1876-1904), modèle pour les catéchistes.
Hugues Lefèvre, I.MEDIA
L’auteur-compositeur et interprète français a été révélé au grand public en 2008 par son tube Toi + Moi, «une chanson optimiste» écrite après un drame familial. Le compositeur de la comédie musicale Bernadette de Lourdes raconte la genèse de son succès et parle de l’espérance.
Vous avez confié que l’espérance vous a sauvé la vie. Que voulez-vous dire?
Grégoire: Mon frère aîné est décédé dans un accident de voiture à l’âge de 33 ans. Moi, j’en avais 23. Il était mon mentor. Il m’avait appris le piano et donné l’envie de la musique. Quand il est mort, j’ai pris ce drame pour une épreuve à affronter, à assimiler. J’ai aussi entendu comme un signal d’alarme m’avertissant que la vie était courte. J’ai alors décidé de prendre mon frère dans mon cœur et d’avancer.
«Il y a quelque chose de mystique dans la figure du pape»
Cinq ans après, mon troisième frère a décidé de partir rejoindre le premier, l’année de ses 33 ans. La douleur a été terrible. Mais, étrangement, elle a comme tué la douleur. Dans mon malheur, j’ai réalisé que j’avais le pouvoir de motiver mon entourage pour vivre pleinement. Quand vous perdez deux frères, on vous plaint, on pourrait même vous excuser de basculer dans la drogue ou l’alcool. À l’inverse, vous pouvez aussi insuffler aux gens quelque chose de positif, de l’espérance. Perdre deux frères donne un pouvoir. Quand vous invitez des gens pour faire la fête, tout le monde se motive pour vous. C’est à cette période que j’ai écrit la chanson Toi + Moi, une chanson optimiste et joyeuse, comme une provocation, une résistance.
L’espérance paraît plus évidente dans les vies compliquées?
Je ne saurais dire d’où vient l’espérance ni vraiment la définir. Mais je crois qu’elle se révèle particulièrement dans les vies douloureuses. Dans l’univers des artistes et de la transmission, on rencontre d’ailleurs beaucoup de personnes aux parcours de vie compliqués. Les épreuves vous font prendre conscience de qui vous êtes et vous font avancer. Il y a des vies plus ou moins difficiles. Et je n’en veux pas aux personnes qui ont une vie a priori plus lisse que la mienne. De toute façon, tout le monde se retrouve un jour face à l’épreuve. C’est la phrase de Christian Bobin: «Quelle que soit la personne que tu regardes, sache qu’elle a déjà plusieurs fois traversé l’enfer.»
Vous êtes ici à Rome, alors que l’Église célèbre le Jubilé de l’espérance. Que vous inspire le fait de voir des milliers de pèlerins venir ici des quatre coins du monde?
Quand les gens vivent pleinement leur démarche et que cela produit des fruits positifs, je trouve cela touchant. Ces foules me font penser à Lourdes et à Bernadette, sur qui j’ai écrit une comédie musicale. Son histoire est fascinante. Dans le spectacle, nous ne disons pas qu’elle a vu la Vierge. C’est elle qui le dit. Mais l’important, c’est que cette jeune fille a maintenu sa vérité, qu’elle est restée droite vis-à-vis de sa pensée, alors qu’il était plus facile d’abandonner. Résultat, il y a aujourd’hui des millions de malades qui viennent à Lourdes vivre une expérience de solidarité exceptionnelle.
En avril dernier, le pape François est mort et l’Église catholique a élu un nouveau pape. Est-ce que François ou Léon XIV vous inspirent?
Il y a quelque chose de mystique dans la figure du pape. Moi, je suis de la génération de Jean Paul II, mais j’ai eu la joie de rencontrer le pape François à l’occasion de la présentation du spectacle sur Bernadette. Avec Gad Elmaleh, j’ai aussi joué avant la messe du pape lors de son voyage à Marseille, en 2023. Rencontrer un pape est une chose extraordinaire, et je mets au défi quiconque de me dire le contraire. Je trouve fascinante l’ouverture au monde et la faculté d’écoute d’un pape. Tout au long de sa journée, il entend les malheurs et les joies du monde!
Allez-vous rencontrer le pape Léon XIV?
Ce n’est pas prévu. Mais ce n’est pas impossible qu’on puisse le voir un jour. Il est Américain, et le spectacle Bernadette arrive aux États-Unis l’année prochaine. Il commencera d’ailleurs à Chicago, la ville d’où est originaire le pape.
Vous avez composé sur Bernadette de Lourdes et Thérèse de Lisieux. Y a-t-il d’autres figures chrétiennes qui vous donnent envie d’écrire un spectacle?
Les spectacles sur Bernadette et Thérèse m’avaient été proposés. Au début, je ne savais pas si j’allais me lancer dans l’aventure. Mais c’est en découvrant le parcours de ces femmes que j’ai été convaincu de le faire. Leurs histoires sont exceptionnelles et universelles. Alors si demain quelqu’un me propose quelque chose dans la même veine, je me lancerai. (cath.ch/imedia/hl/rz)