À Rome, les évêques de France inquiets du débat sur la fin de vie
«Les verrous ont sauté et les dérives s’annoncent», a déploré la présidence des évêques de France à propos du projet de loi sur la fin de vie, qui arrive au Parlement. Les prélats s’exprimaient lors d’un point presse à Rome, le 22 mai 2024.
Alors que le projet de loi français sur la fin de vie a été approuvé en commission et qu’il doit être débattu à partir du 27 mai prochain à l’Assemblée nationale, le président de la conférence des évêques de France (CEF), Mgr Éric de Moulins-Beaufort, et les deux vice-présidents de la CEF, Mgr Vincent Jordy et Mgr Dominique Blanchet, étaient à Rome dans le cadre de leur traditionnelle visite post-assemblée plénière de Lourdes. Ils n’ont cette fois-ci pas rencontré le pape François mais ont pu s’entretenir avec un certain nombre de responsables de la curie romaine.
«On a ouvert la boîte de Pandore»
Avec Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, les Français ont partagé leurs inquiétudes sur la fin de vie. Le ›ministre’ des affaires étrangères du pape a pu évoquer avec eux «toutes les dérives qu’il y a eues dans des pays comme la Belgique ou le Canada».
Commentant le projet de loi français lors du point presse, Mgr Jordy a regretté que les garanties qui avaient été annoncées par le président de la République française n’avaient pas été tenues. «On a ouvert la boîte de Pandore […] On est davantage sur l’accélérateur que sur le frein», s’est-il inquiété, considérant que les soins palliatifs ne seraient pas «une priorité».
Quelques heures auparavant, les évêques français avaient pu lire un message du pape diffusé à l’occasion d’un colloque au Canada sur les soins palliatifs. Dans son discours, le chef de l’Église catholique faisait l’éloge des soins palliatifs et qualifiait l’euthanasie d’ « échec de l’amour » et de « reflet d’une ›culture du rejet’ ». « Le pape prend le sujet très au sérieux à l’échelle du monde », a souligné Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims.
Pas d’appel à manifester
En octobre dernier, le pontife avait raconté avoir mis en garde le président français sur les questions d’éthique: «Avec la vie, on ne joue pas, ni au début ni à la fin », lui aurait-il dit lors d’une rencontre à huis clos. À la question de savoir si le pape François pouvait être déçu par l’attitude d’Emmanuel Macron, Éric de Moulins-Beaufort a simplement répondu: «Je ne sais pas si le pape a eu des illusions. Le pape a dit ce qu’il avait à dire.»
Alors que la séquence au Parlement français ne fait que débuter et que le processus sera long, les évêques souhaitent poursuivre leur action et leur réflexion initiée il y a deux ans. Ceci sans pour autant chercher le «rapport de force» en appelant les catholiques à manifester. «Il s’agit d’aider à une prise de conscience», a insisté Mgr Jordy. Il a souligné que les religions n’étaient pas les seules à monter au front contre ce projet. «On sent bien que le monde des soignants en particulier est réellement inquiet.»
Les catholiques sont responsables de leur vote
À l’approche des élections européennes qui auront lieu le 9 juin en France, les évêques français ont déploré la faible visibilité des questions européennes dans la campagne électorale. Sans faire de commentaires sur les sondages qui créditent le Rassemblement national (RN) de près d’un tiers des votants, ils encouragent les fidèles catholiques à se rendre aux urnes et confirment qu’ils ne donneront aucune consigne de vote.
«Nous voulons insister sur le fait que chacun est responsable de son vote. Et dans une perspective religieuse, le vote fait partie des choix dont nous aurons à rendre compte un jour», a confié l’archevêque de Reims. (cath.ch/imedia/hl/rz)





