Sommet sur les abus: assemblée plénière du 23 février 2018 | © Antoine Mekary | ALETEIA | I.Media
Vatican

Abus sexuels: un plaidoyer pour inclure les laïcs dans la lutte contre les abus

Dans l’après-midi du 22 février 2019, les participants au sommet sur la protection des mineurs ont écouté le premier intervenant en assemblée plénière non-évêque: une femme laïque, Linda Ghisoni. Sous-secrétaire du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, impliquée dans la préparation du sommet, elle a expliqué qu’il était «vital» d’inclure les laïcs dans la lutte contre les abus.

La nécessité de l’Eglise de répondre aux abus n’est pas seulement une exigence sociale, a expliqué Linda Ghisoni. Pour elle, le «fondement de cette responsabilité» se trouve dans «la nature propre de l’Eglise mystère de communion». En effet, ces abus ont «miné et déchiré» l’Eglise corps du Christ. Affronter ce fléau n’est donc pas une «fixation» mais une nécessité de la «conscience de communion» du peuple de Dieu.

Cette communion, a poursuivi l’Italienne, rappelle également les «droits et devoirs» de chaque baptisé. Il est ainsi nécessaire d’établir des «relations saines et libres» entre les différents états et charismes au sein du peuple de Dieu. Ainsi, a-t-elle plaidé, les laïcs ne doivent pas être les «simples exécuteurs» de la volonté des clercs, mais «tous serviteurs». Il est donc «vital» que la réponse aux abus implique les laïcs. Les évêques, a-t-elle tancé, ne peuvent croire qu’il sont capables de résoudre seuls ou entre eux ce qui concerne toute l’Eglise.

Des propositions concrètes

Dans son allocution, la sous-secrétaire de dicastère a listé plusieurs propositions concrètes. Elle a ainsi recommandé la mise en place d’une «procédure de vérification» pour constater les actions prises face à un cas d’abus. Non pas par «méfiance» envers l’évêque ou le supérieur, a-t-elle argumenté, mais pour une aide afin que les uns et les autres agissent de manière «coordonnée».

Pour l’Italienne, il est également souhaitable d’établir au niveau local – diocésain ou régional – des conseils «qui opèrent de manière coresponsable» avec les évêques afin de les épauler «avec compétence». Ces organismes doivent être un «lieu de vérification et de discernement» des actions à entreprendre, sans pour autant se substituer à l’autorité épiscopale. Un tel mécanisme sera «un exemple et un modèle» d’une «saine collaboration» entre composantes ecclésiales, a-t-elle assuré.

Savoir communiquer

Autre recommandation: la création de «commissions consultatives indépendantes» au niveau des conférences épiscopales. Composées de clercs, religieux et laïcs, celles-ci auraient pour mission «de conseiller et d’assister» les évêques. Mais aussi d’informer les fidèles. Pour Linda Ghisoni, ces différents organismes devraient pouvoir s’appuyer sur un «bureau central» chargé de la formation, mais aussi de vérifier que chacun puisse y contribuer son «apport spécifique».

Linda Ghisoni a également plaidé en faveur d’une révision de la législation sur le secret pontifical. Celui-ci, a-t-elle argué, doit protéger la «dignité» et la réputation des personnes et le bien de l’Eglise tout en permettant un «climat de plus grande transparence et de confiance». Il faut éviter, a-t-elle insisté, que ce secret puisse être vu comme utilisé pour «cacher» les problèmes. De manière générale, a-t-elle poursuivi, une communication «correcte» sans «confidentialité injustifiable» est nécessaire. Car «la responsabilité est également de savoir communiquer».

Une intervention du pape François

Pour la première fois depuis son intervention au début du sommet, le pape François a pris la parole au terme de ce discours de Linda Ghisoni, a indiqué le Saint-Siège. Lui avoir demandé d’intervenir, a-t-il expliqué, ne relève pas d’un «féminisme ecclésiastique» qui finirait par dériver en «machisme avec une jupe». Pour le Souverain pontife, «inviter une femme à parler des blessures de l’Eglise, c’est inviter l’Eglise à parler d’elle-même». En effet, a-t-il détaillé, la femme est «image» de l’Eglise car elle est «épouse et mère».

Sans ce «style» féminin, a poursuivi le successeur de Pierre, les évêques risqueraient de parler du peuple de Dieu comme d’une «organisation» et non comme les membres de la «mère Eglise». Pour le pape, il ne s’agit donc pas de donner «plus de fonctions» aux femmes, mais «d’intégrer la femme comme figure de l’Eglise». «C’est le mystère féminin de l’Eglise qui est épouse et mère», a-t-il insisté. (cath.ch/imedia/xln/pp)

Sommet sur les abus: assemblée plénière du 23 février 2018 | © Antoine Mekary | ALETEIA | I.Media
23 février 2019 | 17:04
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture: env. 3 min.
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