Précisions de la partie catholique
Accord catholique-luthérien sur la justification
Rome, 22 juin 1999 (APIC) Le cardinal Edward Idris Cassidy, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et le pasteur Ishmaël Noko, président de la Fédération Luthérienne Mondiale (FLM), ont annoncé le 11 juin à Genève la signature, le 31 octobre à Augsbourg, d’une «Déclaration commune à propos de la doctrine de la justification». L’accord, fruit de trente ans de dialogue, et qui met fin à une lourde incompréhension mutuelle depuis le XVIe siècle, a été abondamment commenté dans la presse. Dans une note publiée ce 22 juin au Vatican, le Conseil pour la promotion de l’unité des chrétiens a tenu à apporter plusieurs précisions.
«Suite à certaines erreurs d’interprétation de la part des médias après la publication de la «Déclaration conjointe de l’Eglise catholique et de la Fédération Luthérienne Mondiale sur la doctrine de la justification» (DC), accompagnée d’une » Déclaration officielle commune » et d’une «Annexe», il paraît opportun au Conseil pour la promotion de l’unité des chrétiens de préciser le sens exact de textes qui n’ont guère été cités».
«Faisant siennes les intuitions des études bibliques récentes et puisant dans les recherches modernes de l’histoire de la théologie et de l’histoire des dogmes, le dialogue oecuménique, réalisé à la suite du concile Vatican II, a conduit à une convergence significative au sujet de la doctrine de la justification. Celle-ci permet de formuler dans cette Déclaration conjointe un consensus sur la vérité fondamentale de la doctrine de la justification». (DC n. 13).
En tenir compte dans la doctrine et dans la pratique
«L’enseignement des Eglises luthériennes présenté dans cette Déclaration ne tombe pas sous les condamnations du Concile de Trente » (DC n. 41). Dire cela, néanmoins, ce n’est rien enlever à la gravité des condamnations doctrinales relatives à la doctrine de la justification. Quelques-unes parmi celles-ci n’étaient pas purement sans fondement. A nos yeux, elles gardent le sens d’avertissements salutaires dont nous devons tenir compte dans la doctrine et dans la pratique». » (DC n. 42).
«Comme les dialogues similaires, cette Déclaration conjointe se base aussi sur la conviction que surmonter des condamnations et des questions controversées, cela ne revient pas à prendre à la légère les divisions et les condamnations, pas plus qu’à renier le passé de chacune de nos Eglises. Elle est toutefois convaincue qu’affleurent dans l’histoire de nos Eglises de nouveaux modes d’évaluation et que se produisent des évolutions qui non seulement peuvent permettre, mais exigent que l’on vérifie et que l’on examine sous un nouvel angle les questions qui divisent et les condamnations (DC n. 7). C’est notre façon commune de nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu dans l’Ecriture Sainte qui nous a conduits à ces nouvelles évaluations» (DC n. 8).
«Nous confessons ensemble que le pécheur est justifié par la foi dans l’action salvifique de Dieu en Christ ; ce salut lui est donné par l’Esprit Saint dans le baptême, qui est le fondement de toute sa vie chrétienne. L’être humain, dans la foi justifiante qui contient en elle l’espérance en Dieu et l’amour pour lui, a confiance en sa promesse miséricordieuse. Cette foi est active dans l’amour, et c’est pourquoi le chrétien ne peut et ne doit pas rester sans les œuvres» (DC n. 25).
Collaborer
«Dès que l’Esprit Saint a commencé en nous son oeuvre de régénération et de renouveau, à travers la Parole et les saints sacrements, il est certain que nous pouvons et devons collaborer grâce à la puissance de l’Esprit Saint… » (Allegato, n. 2C).
«Nous sommes renouvelés en vérité et intérieurement par l’action de l’Esprit Saint […]. Si donc nous disons que nous sommes sans péché, nous ne sommes pas dans le juste […]. Dès lors, luthériens et catholiques peuvent ensemble comprendre le chrétien comme «simul justus et peccator» (ndlr : à la fois juste et pécheur), même s’ils n’abordent pas la question de la même façon » (Allegato, n. 2A).
Aucun reniement du passé
Quant au concept de «concupiscence», compris par les luthériens comme le désir de l’être humain qui se recherche lui-même et que ceux-ci considèrent dès lors comme un péché, les catholiques le voient comme une inclination qui découle du péché et qui pousse au péché, mais n’est pas le péché, puisque le péché a un caractère personnel et, comme tel, conduit à la séparation d’avec Dieu» (Allegato, n. 2b).
Il n’y a donc eu aucun reniement du passé, mais plutôt un pas commun en avant dans la compréhension du mystère du salut en Christ, rendu possible par le climat de confiance réciproque qui s’est instauré et qui invite à poursuivre dans le même esprit le chemin entrepris. (apic/cip/pr)