Signature à Augsbourg, le 31 octobre: tout un symbole

Accord sur la doctrine de la justification entre catholiques et luthériens

Genève, 11 juin 1999. (APIC) La Fédération luthérienne mondiale et l’Eglise catholique signeront le 31 octobre 1999 à Augsbourg, en Allemagne, leur «Déclaration commune à propos de la doctrine de la justification», ont annoncé vendredi le cardinal Cassidy côté catholique et le pasteur Noko côté luthérien, au cours d’une conférence de presse donné au Centre oecuménique des Eglises (COE), à Genève. L’événement a été simultanément salué à Rome. La date et le lieu ne doivent rien au hasard. Le 31 octobre correspond à la Journée de la Réforme.

«C’est un jour merveilleux et plein de joie», a déclaré, visiblement soulagé, le Cardinal Edward Idris Cassidy, président du Conseil Pontifical pour l’unité des chrétiens, alors que le pasteur Ishmael Noko, secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), insistait sur «la bonne nouvelle» que signifie pour les deux Eglises cet accord de consensus sur un des points les plus controversés de la théologie depuis la Réforme.

Pour le Cardinal Cassidy, cet accord «ouvre de nouveaux horizons» dans le dialogue oecuménique tout d’abord entre luthériens et catholiques, mais aussi pour toutes les Eglises chrétiennes. En effet, les deux intervenants ont mis l’accent sur le fait que cet événement permet d’aller de l’avant, car «ce n’est pas un document de compromis», mais un «consensus sur des vérités fondamentales de la doctrine de la justification».

Le président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens a reçu au mois d’avril l’accord de sa Congrégation et celle pour la Doctrine de la foi, présidée par le Cardinal Joseph Ratzinger. La pape apportait enfin son aval le 26 mai dernier. Du côté luthérien, l’ensemble des Eglises membres de la Fédération luthérienne ont approuvé ce texte. La FLM représente plus de 57 millions de luthériens sur les 61 millions recensés dans le monde actuellement.

Trois textes seront signés

Augsbourg, le lieu de la signature, a été délibérément choisi pour son aspect symbolique, historiquement, à cause de la Confession d’Aussbourg des luthériens en 1530 et, en raison de la présence d’un nombre égal de luthériens et de catholiques dans la ville actuelle. La date du 31 octobre a aussi été choisie pour des raisons bien précises. En effet, ce sera la Fête de la Réforme dans la plupart des Eglises protestantes ce jour-là, c’est également la veille de la Toussaint, célébrée par les catholiques et par de nombreux luthériens.

Les textes qui seront signés le 31 octobre sont au nombre de trois: il s’agit de la «Déclaration commune de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Eglise catholique romaine a propos de la doctrine de la justification», du «Communiqué commun officiel de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Eglise catholique», en trois points, et d’une «Annexe» qui confirme le consensus.

Sur la base de ce consensus, les deux Eglises peuvent ainsi déclarer que les condamnations antérieures qui ont pu être lancées par le passé soit par l’une soit par l’autre Eglise dans le domaine de la justification ne sont plus d’actualité. Comme le précisait d’ailleurs le pasteur Noko, «les condamnations mutuelles prononcées à l’époque de la Réforme concernant la doctrine de la justification ne s’appliquent pas à l’enseignement de la justification tel qu’il est formulé par les luthériens et les catholiques romains dans la Déclaration commune».

Poursuite du dialogue

Désormais, «les Eglises luthériennes signataires et l’Eglise catholique romaine sont en mesure de défendre une compréhension commune de notre justification par la grâce de Dieu, au moyen de la foi en Christ.» Toutefois, la Déclaration commune précise bien qu’elle «ne contient pas tout ce qui est enseigné dans chacune des Eglises à propos de la justification; elle exprime cependant un consensus sur des vérités fondamentales de la doctrine de la justification et montre que les développements qui demeurent différents ne sont plus susceptibles de provoquer des condamnations doctrinales.» Le Cardinal Cassidy et le pasteur Noko ont reconnu que ce n’était pas un accord final sur toute la doctrine et que, même si le but des rencontres bilatérales, qui ont débutés officiellement en 1967, est de parvenir à la pleine communion ecclésiale, la poursuite du dialogue est nécessaire, en particulier sur «le rapport entre parole de Dieu et enseignement de l’Eglise ainsi que la doctrine de l’Eglise, de l’autorité en son sein, de son unité, du ministère et des sacrements et enfin le rapport entre justification et éthique sociale.»

Les relations officielles entre catholiques et luthériens ont été jalonnées de nombreux textes sur une conception commune de la justification: la première phase en 1972 donnait «L’Evangile et l’Eglise», puis en 1985, «La justification par la foi» concrétisait le dialogue aux Etats-Unis et en 1986, c’est le texte «Les anathèmes du seizième siècle sont-ils encore actuels?» qui résumait le dialogue en Allemagne. Ce dernier document était officialisé en 1994 par l’Eglise évangélique luthérienne unie d’Allemagne. Le dialogue international concluait enfin ses travaux également en 1994 par un rapport intitulé «Eglise et justification». Tout cela pour arriver à la proposition finale de la Déclaration commune qui date de 1997, texte qui aurait déjà pu être signé l’an passé, mais qui, pour des raisons de détails, ne sera signée que le 31 octobre 1999 à Augsbourg. (apic/beb/pr)

11 juin 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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