Actualité: 30e anniversaire du Centre romand des vocations (CRV) à Lausanne. Rencontre avec les participants du camp de Pâques aux Emibois, dans le Jura.
APIC – REPORTAGE
Les Emibois: une semaine de réflexion, de prière et de détente pour 34 enfants
«Découvrir les merveilles de Dieu dans nos vies»
Maurice Page, Agence APIC
Les Emibois (JU), 23 avril 1997 (APIC) Chaque année les camps vocations rassemblent plus de 500 enfants et adolescents de toute la Suisse romande pour vivre une semaine de réflexion, de prière et de partage, mais aussi de détente. Les «camps-vocs» sont sans doute l’activité la plus connue du Centre romand des vocations (CRV) qui fête cette année son 30e anniversaire.
Fondé en 1967 à l’initiative des évêques de Suisse romande et des supérieurs des ordres religieux, le CRV coordonne et anime la pastorale des vocations. «Nous sommes un peu comme des jardiniers qui défrichent le terrain, arrosent la terre et mettent un peu d’engrais pour que les jeunes pousses puissent grandir et s’épanouir», explique le responsable, l’abbé Pascal Desthieux, qui vient d’être ordonné prêtre. Reportage aux Emibois, au camp de Pâques.
Malgré les quelques rayons de soleil, le printemps n’est pas encore vraiment là dans ce coin reculé des Franches-Montagnes. La colonie de Boncourt est nichée dans les pâturages, au milieu des grands sapins à 955 mètres d’altitude. L’air est encore frais. Dans la grande salle, 34 enfants s’affairent autour de grands panneaux. Ciseaux et colle en mains, il s’agit de représenter la création à partir d’images tirées de magazines. Deux garçons seraient assez tentés de découper une starlette aux seins nus… Ils se rabattront finalement sur un bébé rose aux fesses potelés.
A l’heure où nous arrivons, la musique rock occupe toute la maison. Nous sommes au moment du bricolage qui conclut la matinée de réflexion. Le thème du camp-vocations tourne autour de David le petit berger devenu le grand roi d’Israël.
Pas une usine à curés !
Nous organisons ce camp de Pâques pour la 5e fois, explique le responsable Sandro Agustoni, assistant pastoral à Neuchâtel. «Lorsqu’on dit camp-vocations certains imaginent encore une usine à curés ou à religieuses. Ce que nous cherchons? Surtout à permettre aux enfants de découvrir que Dieu fait des merveilles dans la vie de chacun et qu’il nous invite à répondre à ses appels». C’est plus que du tourisme ou de simples vacances. Le matin est consacré à la réflexion, le plus souvent en groupe, l’après-midi on met l’accent sur la détente avec des jeux ou du bricolage. «Hier chacun a fait des figures en pâte à sel», explique Stéphanie en montrant une superbe fleur en relief. Il faut dire qu’elle revient pour la cinquième année consécutive. La journée encadrée par la prière en commun, le matin et le soir est encore ponctuée par les chants.
Un coin du dortoir des garçons a été aménagé en oratoire. Un autel cubique décoré d’une image de la Vierge en batik apportée par Marie-Pascale, une religieuses d’origine indienne, occupe un angle de la soupente. Les enfants ont construit des maquettes d’églises. Certains ont fait dans le classique avec clocher, horloge, grand portail et vitraux. D’autres ont trouvé des idées plus originales. Avec des matériaux de la forêt, ils ont bâti des huttes de branchages. L’église du bidonville a été réalisée avec des boîtes de conserves empilées et soigneusement décorées. Les fenêtres ont été décorées de vitraux en papier coloré.
Chaque jour, un moment de désert
Chaque jour les enfants sont invités à un moment de «désert», un grand silence entre 17h et 17h30. Après avoir reçu un thème de réflexion par écrit, chacun se retire dans un endroit calme ou sort se promener dans la nature. Alicia trouve que c’est un peu long. Stéphanie n’est pas d’accord: «Pour moi dans mon cœur, c’est comme si je parlais à Dieu. C’est un bon moment. Hier nous avons réfléchi à la question du respect de l’autre, avant de dire durant la messe ce que cela représentait pour nous.» «J’ai bien aimé lorsque nous avons dû choisir une photo et écrire à quoi cela nous faisait penser», renchérit Yannick.
Un grand puzzle
La moitié des 34 enfants (23 filles et 11 garçons) viennent du canton de Neuchâtel. Le reste est arrivé des divers coins de Suisse romande, et même de Zurich. Côté animateurs on est aussi très éclectique: un couple, deux religieuses, une maman, un prêtre, un séminariste, et quatre jeunes. Sans oublier bien sûr le cuistot. Ce panachage est une des règles des camps-vocations. Pour bien montrer la diversité des appels. «Je constate que chacun a sa place. C’est un peu comme un grand puzzle», relève Edmée, maman de trois enfants, venue avec son dernier âgé de huit ans. Pour Nadia, la femme de Sandro et leurs trois enfants, le camp est un moment de partage privilégié. «La vie en communauté est l’aspect qui me plaît le plus. Je me découvre et je découvre les autres». Séverine, 17 ans, participe pour la première fois comme monitrice. Elle savait ce qui l’attendait: elle a vécu plusieurs camps comme participante.
La musique de rassemblement retentit. Le choix du gospel «Freedom, Freedom, Ye» (Liberté, Liberté) s’imposait ! A l’heure du repas, tout le monde se précipite à grands cris dans le réfectoire. Il faut la voix de stentor d’Ismaël pour tenter de ramener un peu de calme et permettre de chanter une prière. Le rôle de «garde-chiourme» qu’il s’est attribué semble lui coller assez bien. C’est lui qui assume aussi la «police» de nuit dans les dortoirs. Avec à la clé quelques footings nocturnes pour calmer les plus turbulents. «Un des meilleurs moments du camp», avoue sans aucune honte Stéphanie.
L’an dernier, le programme était plus chargé avec des temps de prière selon un horaire strict. Il y a eu des moments forts, mais aussi des tensions. Cette année nous avons voulu une formule plus détendue, avec un programme plus léger et plus élastique cela se passe très bien, explique Sandro Agustoni.
A chaque journée une expérience nouvelle
Chaque journée a apporté une expérience nouvelle avec presque autant de motifs de satisfaction que d’enfants. Cindy a surtout apprécié la prière autour du feu la nuit, suivie d’une marche aux flambeaux. Nathalie a retenu la visite au Carmel de Develier. «Une sœur nous a expliqué comment elle vivait.». Fanny a trouvé un peu bizarre de voir des barreaux chez des religieuses. «Je crois que je n’arriverais pas tellement à y rester.» Alicia a retenu la «chasse à l’homme» sorte de cache-cache nocturne dans la forêt. «Nous devions chercher les moniteurs avec des lampes de poche». Quant à Justin, il a préféré les discussions à partir d’un texte. «Hier nous avons parlé du jeune David de la Bible et découvert qu’il ne faut pas se moquer des autres. Même si on est capable de faire mieux qu’eux».
Le camp vocations est plus qu’une parenthèse dans la vie quotidienne. «Nous tenons aussi à être ouverts sur l’extérieur. Notamment en animant la messe du samedi soir dans la paroisse voisine du Noirmont ou encore en recevant les parents le dimanche», souligne Sandro Agustoni.
Sœur Véronique, jeune retraitée de 63 ans, participe pour la première à un camp-vocations. Une expérience extraordinaire, avoue-t-elle sans ambages. Naguère elle partageait son temps entre les détenues de la prison de Lonay et les mourants du CHUV à Lausanne. Le mot de la fin restera à Jocelyne, une des monitrices âgée de 20 ans. » A la fin de ce camp, ma satisfaction est presque totale. Je ne vois rien de négatif à déplorer». Un sentiment que résume Emmanuelle, 7 ans,: «J’ai tout aimé». (apic/mp)