Rome: Dernière demande de pardon de Jean-Paul II pour le sac de Constantinople
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Une avancée de l’œcuménisme avec les orthodoxes
Antoine Soubrier, correspondant de l’APIC à Rome, a rencontré le père Cottier
Rome, 17 mai 2001 (APIC) Jean Paul a demandé pardon aux orthodoxes, au nom de l’Eglise catholique, pour «le sac dramatique de Constantinople» en 1204. Le père Georges Cottier, explique à l’APIC la portée pour l’œcuménisme du geste du pape, lors de son voyage en Grèce les 4 et 5 mai.
Théologien du pape et genevois de souche, le Père Cottier interprète les excuses de Jean Paul II pour «les controverses passées et présentes» comme la reconnaissance d’une solidarité dans le mal. Selon les termes de Jean-Paul II, la demande pardon s’inscrit dans le «processus libérateur de la mémoire». La dernière en date des demandes de pardon de Jean-Paul II au nom de l’Eglise catholique-romaine «va débloquer beaucoup de choses» et pas seulement dans le dialogue avec les orthodoxes, a affirmé le père Georges Cottier, dominicain suisse rencontré 16 mai à Rome.
«On est en chemin», a-t-il ajouté, précisant «qu’on ne peut cependant pas établir de calendrier», et que «rien n’est prévisible». «Cette demande de pardon a enlevé un poids psychologique chez les orthodoxes», a-t-il expliqué, soulignant toutefois que «les prochains voyages du pape en Ukraine et en Arménie seront également décisifs pour le dialogue œcuménique.
Les demandes de pardon pour les fautes des Fils de l’Eglise ont été pour beaucoup dans l’accueil réservé au pape de certains pays majoritairement orthodoxes tels que la Roumanie, la Géorgie, la Grèce et bientôt l’Ukraine.
Eglise affaiblie par les demandes de pardon?
«Le pape sait ce qu’il veut, il n’a pas peur de voir l’Eglise affaiblie par cette reconnaissance des manquements et des faiblesses de l’Eglise catholique, a encore expliqué le théologien. «Les plus grandes réticences face aux demandes de pardon de Jean-Paul II sont liées à leur utilisation par les médias et sont le fait de catholiques. «Il ne faut toutefois pas multiplier ces actes», a reconnu le père Cottier, retraçant les principales demandes de pardon faites par Jean-Paul II.
Auteur du livre «Mémoire et repentance. Pourquoi l’Eglise demande pardon?», paru en novembre 1998, le théologien de la Maison pontificale ajoute que tout est parti en 1994 avec la lettre apostolique «Tertio Millennio adveniente». Jean-Paul II y annonçait son désir de demander pardon à Dieu pour «les erreurs de ses enfants dans le passé». «A présent le mouvement est pris», a-t-il expliqué. «Ces demandes de pardon ont été en général bien acceptées. Parmi celles-ci, citons la publication de `Nous faisons mémoire: une réflexion sur la Shoah», du 16 mars 1998. Le sommet de cette demande de pardon envers les juifs a été l’acte de repentance fait par le pape à Jérusalem, au mur des Lamentations, pendant l’année jubilaire».
Demande la plus complète
«La demande de pardon du 12 mars 2000, faite par Jean Paul II à Rome, est la plus complète», explique le Père Cottier. Elle n’a pas été faite pour des cas particuliers pour les divisions et injustices commises par les chrétiens dans l’histoire de l’Eglise». Jean-Paul II avait alors notamment demandé pardon pour les divisions entre chrétiens, pour la violence faite aux fidèles des autres religions et pour la responsabilité des chrétiens «dans les maux d’aujourd’hui» comme l’indifférence religieuse ou l’athéisme. Mais le pape demandait en même temps de pardonner «les fautes commises par les autres à notre égard», insiste le théologien de la Maison pontificale. (apic/as/imed/mjp)