Affaire du chancelier de Toulouse: Mgr de Kérimel s’explique
Mgr Guy de Kérimel s’est expliqué dans une lettre le 10 juillet 2025 sur la nomination, d’un prêtre coupable de viol dans les années 1990, au poste de chancelier du diocèse de Toulouse. «Ne pas faire miséricorde c’est enfermer l’auteur de l’abus dans une mort sociale; c’est rétablir une forme de peine de mort», insiste-t-il.
La nomination du nouveau chancelier du diocèse de Toulouse a suscité un tsunami de réactions outragées dans la presse et les réseaux sociaux. Certains demandant l’intervention directe du pape Léon XIV pour infléchir la décision de l’archevêque. «Ces questions doivent être entendues. Par cette lettre, je souhaite vous expliquer mon choix, sans passer par le prisme déformant de la presse ou des rumeurs», dit Mgr de Kérimel.
«Le viol est un crime, et il ne s’agit aucunement de relativiser un crime. C’est notre devoir absolu de tout faire pour que la victime soit reconnue et aidée dans son chemin de vie; elle doit aller de l’avant pour se reconstruire en découvrant qu’elle n’est pas d’abord ni seulement une victime, même si ces blessures blessent à vie.»
Pas renvoyé de l’état clérical
Selon son évêque, «l’Église, et le diocèse de Toulouse en particulier, ont mis en place les moyens nécessaires pour prévenir les abus sur mineurs (cellule d’écoute des victimes, formation des prêtres et laïcs, mise en œuvre de procédures canoniques nécessaires…). Je reçois personnellement de nombreuses victimes, et je pleure avec elles. Je les accompagne du mieux que je le peux. Nous avons fait des signalements à la justice, nous avons envoyé des dossiers à Rome. Tout cela a été fait également pour le Père Spina, en son temps. Rome ne l’a pas renvoyé de l’état clérical, c’est-à-dire que le Dicastère de la Doctrine de la foi a jugé qu’il pouvait encore accomplir un ministère.»
Le rôle du chancelier
L’évêque explique ensuite que «le Père Spina s’occupe des archives de catholicité et en tant que vice-chancelier gère les notifications de baptêmes, de mariages; les extraits de baptême pour les paroisses qui le demandent… Il trie, archive, numérise des documents… Après la démission du chancelier en fonction, j’ai choisi de maintenir la continuité de mission et de nommer le Père Spina, chancelier en gardant son activité aux archives.
En tant que chancelier et comme avant, il continuera à travailler dans son bureau à l’archevêché; il n’a donc aucun contact avec les jeunes, et vit de manière très discrète. Le chancelier est un homme de l’ombre dans un diocèse, il n’a aucun rôle de premier plan, et cela ne peut en aucune manière être compris et présenté comme une promotion, comme certains organes de presse ont voulu le faire. Il s’agit de la poursuite et l’extension d’un service qu’il accomplissait déjà pour une large part.»
Le droit canonique stipule que le chancelier devant être ‘de réputation intègre et au-dessus de tout soupçon’. «Je pense que l’on peut dire cela aujourd’hui du Père Spina, si toutefois nous croyons, comme la foi chrétienne et la simple humanité nous y invitent, que la conversion d’une personne est possible. Ce qui suppose naturellement de pouvoir s’appuyer sur des signes clairs de conversion et de changement de vie.»
Pour la réinsertion des condamnés
«Faire miséricorde à un prêtre qui a péché gravement il y a trente ans, et qui, depuis, fait preuve d’abnégation et d’intégrité dans son service et son rapport à ses supérieurs et ses confrères, est-ce possible?» interroge Mgr de Kérimel. «Le pape François disait que Dieu est Miséricorde, c’est son Nom. Et nous, chrétiens, nous sommes témoins de la miséricorde divine.»
«En ce qui concerne l’affaire du Père Dominique Spina, la victime a été reconnue, elle a obtenu justice, le crime a été dénoncé et le Père Spina a passé quatre années en prison qu’il a purgé. La société comme l’Église doivent désirer et veiller à la réinsertion, en sécurité, des condamnés», insiste l’évêque.
La miséricorde va plus loin que la justice
Pour l’archevêque de Toulouse, «la miséricorde ne s’oppose pas à la justice, mais elle va plus loin. S’il n’y a pas de miséricorde, nous sommes les plus malheureux, car il n’y a de salut possible pour aucun d’entre nous. Ne pas faire miséricorde c’est enfermer l’auteur de l’abus dans une mort sociale; c’est rétablir une forme de peine de mort.»
Puisque pour nous chrétiens, la Parole de Dieu est notre référence, je vous invite à méditer le prophète Ézéchiel qui nous dit, «la justice du juste ne le sauvera pas au jour de son crime, et la méchanceté du méchant ne le fera pas trébucher le jour où il se détournera de sa méchanceté.» (33,12). Il nous invite à la miséricorde qui est notre seule espérance. (cath.ch/com/mp)