Afghanistan: L’imam ne croit pas à l’égalité femme-homme et ne les veut pas en politique
«Les femmes ne sont pas intelligentes»
Kaboul, 30 mai 2002 (APIC) La participation des femmes, sur la base d’une parité avec les hommes, à la Loya Jirga, grande assemblée traditionnelle afghane prévue en juin, «contredit les règles de l’islam et pourrait nuire au processus», a estimé jeudi l’imam de la principale mosquée de Kaboul. «Les femmes, affirme l’imam, ne sont pas intelligentes et leur élection met le pays en danger». L’imam passe pourtant pour «un modéré». Il appartient en effet au front anti-talibans, qui a «libéré le pays» de cette tutelle.
Pour Qari Ubaidurahman Qarizada, imam de la mosquée de Pulikheshti, dans le centre de la capitale afghane, dont l’Agence France presse rapport les propos, le vote des femmes à l’assemblée «ne devrait pas avoir le même poids que celui des hommes».
Selon lui, les enseignements du Coran requièrent de l’assemblée, chargée de composer le prochain gouvernement de transition, de ne pas choisir une femme comme dirigeant de ce pays ravagé par la guerre.
«Les points de vue des femmes doivent être entendus par d’autres (par des hommes, NDLR) pour voir s’ils sont oui ou non rationnels», a affirmé le plus sérieusement du monde l’imam. Qui poussent encore: «Les points de vue des hommes doivent être acceptés parce qu’ils sont plus élevés que ceux des femmes», a-t-il ajouté, précisant que les questions qui donnent lieu à controverse devraient être réglées par le vote des hommes en cas de décision partagée.
«Le prochain système peut devenir dangereux si des droits égaux sont donnés aux femmes», a-t-il dit, soulignant que l’islam ne dénie pas les droits de la femme.
«Ce qui est dénié est leur préférence par rapport aux hommes. Du point de vue islamique, une femme ne peut être élue pour diriger un pays islamique parce que les femmes ne sont pas intelligentes et leur élection met le pays en danger», a-t-il encore déclaré.
Entouré d’un groupe d’étudiants en religion, Qarizada, vêtu de blanc avec un turban assorti, estime qu’une femme dirigeant un pays islamique ne «pourrait résister militairement à l’ennemi. Leur compréhension n’équivaut pas à celle des hommes», dit-il encore.
160 des 1’501 sièges de la Loya Jirga ont été réservés aux femmes. Pour l’instant, sur 300 délégués élus, seuls douze sont des femmes.
Et dire qu’il appartient au front anti-taliban
Des responsables de la cour suprême ont admis que la participation des femmes, sur un pied d’égalité, et leur «mélange avec des hommes sous le même toit» était un «point de controverse» au regard de l’islam.
Qarizada appartient au front anti-taliban emmené par l’Alliance du Nord qui a chassé les miliciens fondamentalistes de Kaboul au mois de novembre dernier, grâce à l’aide de l’aviation américaine.
Ghulam Mohammad, professeur de théologie à l’université de Kaboul, présente un point de vue plus modéré quant à la participation des femmes à la Loya Jirga. Il est toutefois d’accord pour dire qu’une femme ne peut pas diriger le pays. «Du fait de la différence physique entre hommes et femmes, l’islam ne permet pas qu’une femme dirige le pays», estime-t-il.
«Les femmes peuvent assurer tous les rôles en dessous de celui-là», a-t-il dit, précisant qu’elles «doivent couvrir leurs corps correctement et ne pas se mêler aux hommes pour des activités immorales». (apic/ag/pr)