La popularité des Talibans remonte auprès des citoyens ordinaires
Afghanistan: La composition du Parlement inquiète les défenseurs des droits humains
New York, 3 janvier 2006 (Apic) La nomination d’un responsable des Affaires religieuses de l’ancien régime taliban au nouveau Parlement d’Afghanistan à Kaboul suscite la préoccupation des défenseurs des droits humains. Le regain de popularité des Talibans auprès des citoyens ordinaires inquiète également les observateurs.
«Il y a le sentiment croissant qu’une occasion a été perdue», a déploré Sam Zarifi, directeur de recherches pour l’Asie de Human Rights Watch, une organisation de défense des droits basée à New York, à son retour d’une visite de trois semaines en Afghanistan. Cette visite coïncidait avec l’inauguration, le 19 décembre, du premier Parlement démocratiquement élu de l’Afghanistan après le renversement du régime taliban fin 2001 suite à une campagne militaire conduite par les Etats-Unis.
La nomination d’Arsala Rahmani, un responsable de haut rang du Ministère des Affaires religieuses du régime taliban à la Chambre haute du Parlement suscite un «réel pessimisme» parmi les groupes de défense des droits de la personne, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, souligne Sam Zarifi. «Un grand nombre d’Afghans se demandent pourquoi il est de retour’», a-t-il remarqué. L’ancien responsable taliban a été nommé à la Chambre haute par le président Hamid Karzai, qui a le soutien des Etats-Unis et de ses alliés occidentaux.
Un retour des Talibans par la petite porte ?
Le Ministère des Affaires religieuses était connu pour les nombreuses règles imposées aux Afghans au temps où le régime taliban gouvernait le pays conformément à ce qu’il considérait comme le respect strict de la loi islamique. Ce régime ultrareligieux qui avait instauré un département «de la Répression du vice et de Promotion de la vertu» – en fait la police religieuse des talibans – a suscité une condamnation internationale pour ses violations des droits humains, en particulier pour le traitement infligé aux femmes. Mais Sam Zarifi note aujourd’hui une remontée de la popularité des Talibans parmi les citoyens ordinaires.
Selon les observateurs, cette popularité est alimentée par le sentiment croissant que le gouvernement afghan est corrompu et inefficace et que dans la vie quotidienne, la sécurité se détériore rapidement. «Il y a plusieurs districts, en particulier dans le sud de l’Afghanistan, où le gouvernement n’existe même pas réellement», confirme Sam Zarifi.
Les Talibans et les autres opposants au gouvernement, a-t-il ajouté, seraient encouragés par les signaux montrant que l’engagement des Etats-Unis et de leurs alliés faiblit sur le terrain. Dans certaines régions, a-t-il précisé, «si ce sont les Etats-Unis qui exercent le contrôle durant la journée, la nuit, ce sont les Talibans qui ont le pouvoir». (apic/eni/be)