Afrique du Sud: l’Eglise anglicane dénonce les exportations et les achats d’armements

Non au retour d’une «culture militaire grotesque»

East London, Afrique du Sud, 27 août 1997 (APIC) «Il est préoccupant de constater que notre pays, qui a lutté pour la protection des droits de la personne, laisse des gouvernants ambitieux d’autres pays acquérir des armes qui leur servent à bafouer les droits de leurs citoyens et à menacer leurs voisins». Tel est le rappel à l’ordre que vient de lancer au gouvernement sud-africain l’Eglise anglicane d’Afrique australe.

L’Eglise anglicane déplore en outre que l’Afrique du Sud consacre à l’achat d’équipements militaires inutiles des sommes nécessaires pour des projets de reconstruction et de développement, l’éradication de la pauvreté, les programmes d’éducation, de santé et d’assistance sociale. Ceci même si les coupes effectuées dans le budget militaire se montent à 60% depuis 1989.

Dans un mémorandum adressé au président de la Commission nationale de contrôle des armes conventionnelles, Kader Asmal – par ailleurs ministre du gouvernement Mandela – le primat anglican, l’archevêque Njongonkulu Ndungane, se déclare préoccupé par la politique du gouvernement dans le domaine de l’armement.

Cette déclaration a été faite peu après la visite effectuée par le ministre de la Défense, Joe Modise, en Arabie saoudite et au Koweït pour promouvoir un contrat de vente d’armes – d’un montant de sept milliards de rands. L’an dernier, un contrat d’une valeur de trois milliards de rands concernant la vente de systèmes de contrôle de tirs de chars à la Syrie avait été annulé à la suite des pressions exercées par la communauté internationale.

«Il est préoccupant de constater que notre pays, qui a lutté pour la protection des droits de la personne, laisse des gouvernants ambitieux d’autres pays acquérir des armes qui leur servent à bafouer les droits de leurs citoyens et à menacer leurs voisins. La vente de matériel obsolète par l’Afrique du Sud à des puissances étrangères est inexcusable. L’Eglise anglicane a appris avec inquiétude que quelque 25 000 mitraillettes, des véhicules militaires, des avions et du matériel militaire ont été vendus récemment. Personne ne sait à qui, ni pourquoi ces ventes ont été faites.»

L’Eglise critique également la décision du gouvernement d’acheter des corvettes et des sous-marins. «Le projet d’acheter ces bâtiments de guerre nous ramène à la période sombre de l’apartheid durant laquelle le pays voyait son salut en termes de force militaire. (…) En tant qu’Eglise, nous avions espéré qu’un gouvernement, formé de gens qui ont si longtemps souffert de la violence souvent liée à l’acquisition d’équipements militaires, comprendrait la nécessité de promouvoir une politique équilibrée dans le domaine. Nous craignons un retour à cette culture militaire grotesque qui faisait partie du mode de vie sud-africain avant 1994», poursuit la déclaration.

Le Bureau de liaison avec le Parlement de la Conférence épiscopale d’Afrique australe a lui aussi exhorté le gouvernement sud-africain à réduire ses activités dans l’industrie de l’armement. «Nous condamnons la vente d’armes – de toutes sortes – aux pays dont l’histoire est marquée par les violations des droits de la personne. (…) Ceci concerne les ventes envisagées d’armes à la Turquie, au Rwanda, à l’Arabie saoudite, à la Syrie», a précisé un des membres du personnel de ce bureau, Mike Pothier, Les deux plus grandes firmes dans le domaine de la production et de l’acquisition sont toutes deux des sociétés d’Etat, et en tant que telles, doivent rendre des comptes aux électeurs, conclut-il. (apic/eni/mp)

9 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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