Afrique du Sud: le pasteur Frank Chikane à Berne (200892)
«Abolir la culture de la violence»
Berne, 20août(APIC) «Il y a dans notre pays une ’culture de la violence’
que nous devons abolir» C’est en ces mots que le pasteur Frank Chikane, secrétaire général du Conseil sud-africain des Eglises (SACC) a qualifié,
mercredi devant la presse à Berne, la situation en Afrique australe. Même
si le processus de changement et les négocations sont en cours, Frank Chikane considère qu’il faut maintenir les sanctions contre le gouverment de
Pretoria. Il ne peut s’empêcher de se méfier en outre du président de Klerk
qu’il considère comme prisonnier de son parti nationaliste.
Le pasteur Chikane était l’invité de la Fédération des Eglises protestantes de la Suisse (FEPS) qui entretient depuis plusieurs années des contacts réguliers avec les Eglises d’Afrique du Sud.
Bien que les principales lois d’apartheid soient abolies, l’avenir politique, économique et social du pays est tout sauf assuré. Les Eglises ont
joué un rôle important dans l’évolution de la société sud-africaine, rapelle Frank Chikane. Elles ont dénoncé l’apartheid, elles ont contribué à la
négociation, elles devront s’engager à l’avenir pour le renouveau de la société et des âmes. Au mois de juillet dernier encore, elles sont intervenues pour relancer la négociation. Une des prochaines étapes est la création d’un gouvernement de transition et la rédaction d’une nouvelle constitution. Le pasteur réclame le droit pour les noirs d’élire leurs propres
représentants à la constituante et refuse toute possibilité de veto pour
les organes constitués.
A propos de la violence entre les noirs, le pasteur Chikane estime
qu’elle est souvent provoquée par le gouvermenement qui utilise ce moyen
pour affaiblir l’ANC. Il existe des groupes de forces spéciales chargés
d’éliminer des personnes et de provoquer des conflits, a-t-il expliqué.
Au départ, le pasteur Chikane estimait que le président de Klerk etait
un homme intégre, mais lorsqu’il lui a apporté des preuves de l’implication
de forces gouvermentales dans des actes de violence, le président a tout
nié et a couvert son ministre de la police. Depuis lors Frank Chikane garde
une grande méfiance par rapport au gouvernement.
Le pasteur Chikane souhaite de la Suisse et des gouvernements occidentaux une intervention politique et diplomatique ferme pour contraindre le
gouvernement sud-africain a poursuivre les réformes et à tenir ses promesses. Il remarque avec une certaine ironie combien il faut encore lutter
pour faire admettre, notamment aux Américains, que le peuple sud-africain a
droit à la liberté et à la démocratie. (apic/mp)