Afrique du Sud: Une «culture du viol» se répand de façon inquiétante

Un demi million de viols par année

Johannesburg, 5 novembre 2007 (Apic) L’Afrique du Sud connaît une «culture du viol» inquiétante près d’une décennie et demie après la fin de l’apartheid. Le pays, qui compte 47 millions d’habitants, enregistre près d’un demi million de viols par année, soit l’un des plus hauts taux dans le monde, relève la BBC.

«Pour les 54’000 viols rapportés à la police chaque année, il y en a neuf fois plus qui ne le sont pas», selon Rachel Jewkes, du Conseil de la Recherche Médicale sud-africaine (MRC). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Onusida estiment toutes deux que la violence sexuelle est un facteur prédominant de la propagation du sida en Afrique subsaharienne.

En Afrique du Sud, la plupart des femmes ne sont pas en mesure de négocier des rapports protégés. A cause du sida, l’espérance de vie est désormais tombée à 49 ans pour les hommes, soit une diminution de 13 ans depuis 1990. Une femme y a plus de chance d’être violée une fois dans sa vie que d’apprendre à lire, selon un rapport de la BBC.

Rachel Jewkes relève que le pays a été gravement traumatisé par la violence intense du régime d’apartheid, qui a «détruit la vie de famille», et par les changements sociaux énormes engendrés par la fin de ce système. Du temps de l’apartheid, le système de ségrégation raciale – notamment en raison du «Pass Law Act» – forçait les travailleurs noirs à vivre dans des «hôtels urbains» en laissant les familles sans pères à la campagne.

Ce déracinement violent a laissé un lourd héritage de violences et d’abus. Une des conséquences à long terme de l’apartheid a été en effet d’exacerber la violence sexuelle dans le pays. Aujourd’hui, alors que l’apartheid a formellement été aboli au début des années 90, la fragmentation des collectivités et la militarisation de l’ensemble de la société durant le régime d’apartheid se prolongent dans la violence à caractère sexuel qui se répand de façon inquiétante. Selon des croyances délétères, particulièrement répandues en Afrique du Sud, le viol serait censé guérir du sida. Une forte proportion de la population masculine est ainsi persuadée que violer une vierge les guérira de la maladie. Il en a résulté un terrain fertile pour le sida, qui se propage très rapidement en raison des relations sexuelles sous contrainte et non protégées. (apic/bbc/be)

5 novembre 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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