Des théologiens allemands demandent de refuser le texte
Allemagne: Déclaration commune de la FLM et du Vatican
Bonn, 3 février 1998 (APIC) Plus de 140 grands théologiens protestants allemands viennent de publier une déclaration sans précédent dans laquelle ils appellent les Eglises luthériennes d’Allemagne à rejeter le texte d’une déclaration commune de la Fédération luthérienne mondiale (FLM) et du Vatican qui devrait mettre fin au conflit doctrinal qui dure depuis plus de 400 ans.
Au cours de cette année, la FLM et le Vatican espèrent signer une déclaration commune visant à régler la question théologique de la justification par la foi, qui sépare les deux traditions religieuses depuis que Martin Luther a rompu avec Rome au 16e siècle.
Dans leur publication, les théologiens allemands contestent certains points de la déclaration notant qu’»il existe entre les luthériens et les catholiques un consensus dans les vérités fondamentales de la doctrine de la justification» et que «les différences qui subsistent dans le langage, les formes théologiques et les accentuations particulières dans la comprééhension de la justification sont portées par ce consensus».
Les théologiens allemands soulignent plusieurs questions sur lesquelles, à leur avis, il n’existe aucun consensus. La déclaration des théologiens allemands, publiée la semaine dernière, intervient à un moment particulièrement délicat car les 122 Eglises luthériennes, membres à part entière de la FLM, examinent le texte de la proposition de déclaration commune, et aussi parce que le président de la FLM, Christian Krause, est lui-même un évêque luthérien allemand.
La doctrine de la justification – basée sur la croyance de Martin Luther en une justification de l’être humain par la foi seule et non sur la base «de la force, des mérites ou des actes», a fait l’objet de discussions pendant des siècles.
Du côté de la Réforme, on considérait la question de la justification comme étant le point de cristallisation de toutes les polémiques. Les confessions de foi luthériennes et le Concile de Trente de l’Eglise catholique romaine, qui s’est réuni de 1545 à 153, ont prononcé des condamnations doctrinales qui restent en vigueur aujourd’hui.
Pour certains observateurs, tout accord entre les traditions luthérienne et catholique romaine serait une percée oecuménique importante et permettrait aussi de faciliter le règlement d’autres questions qui divisent encore les deux traditions.
Pas de conséquences pratiques
Dans leur déclaration, les théologiens allemands affirment que le fait de signer la déclaration commune n’aurait pas de conséquences pratiques. «Cela ne signifierait ni la reconnaissance des Eglises luthériennes et de leurs pasteurs, ni une avancée sur la question de l’intercommunion». Par ailleurs, disent-ils, la déclaration commune pourrait aussi menacer la relation entre les Eglises luthériennes et d’autres Eglises protestantes d’Allemagne et d’Europe qui ne sont pas membres de la FLM.
Interrogé par l’Agence œcuménique ENI, un porte-parole de la FLM a déclaré que la déclaration des théologiens allemands s’inscrivait dans le cadre «du processus de discussion et de réception actuellement en cours dans les Eglises membres de la FLM… Afin de pas influencer cette importante démarche, la FLM ne prendra pas position sur les déclarations faites par des particuliers au sein des Eglises membres».
Les Eglises membres de la FLM ont été invitées à donner leur réponse à la déclaration commune avant le 1er mai de cette année. Le Conseil de la FLM, qui se réunira en juin, décidera des étapes à suivre à la lumière des réactions des Eglises membres. A ce jour, sur les 13 Eglises membres de la FLM en Allemagne, l’Eglise évangélique luthérienne de Bavière a donné son accord et les autres doivent encore se prononcer. (apic/eni/pr)