Ancien président de l’Eglise orthodoxe russe agent du KGB

Allemagne: Le COE était infiltré par le KGB, affirme l’auteur d’un livre sur la guerre froide

Genève, 8 février 2000 (APIC) Le Conseil oecuménique des Eglises (COE) était «infiltré» par des agents des services secrets d’Europe de l’Est durant la guerre froide, et l’un des ses anciens présidents était un agent du KGB, révèle Armin Boyens, auteur d’un livre paru ces jours en Allemagne, sous le titre «Protestantisme national et mouvement oecuménique: le comportement des Eglises durant la guerre froide».

Armin Boyens affirme que le métropolite Nikodim, personnalité influente de l’Eglise orthodoxe russe élu en 1975 membre du collège présidentiel du COE, était un agent du KGB, organisme de la police politique soviétique, chargée de la sécurité d’Etat. Le métropolite Nikodim a joué un rôle important dans la décision de l’Eglise orthodoxe russe d’adhérer au COE en 1961. Il a également été membre des Comités central et exécutif de l’organisation. Il est décédé d’une crise cardiaque en septembre 1978 alors qu’il se trouvait à Rome en audience chez le pape Jean Paul Ier.

Mikhail Gundyaev, représentant de l’Eglise orthodoxe russe, a cependant démenti l’allégation selon laquelle le métropolite Nikodim aurait travaillé pour le KGB. Pour Mikhail Gundyaev, qui représente l’Eglise russe auprès du COE à Genève, il est impossible, pour ceux qui ont bien connu ce responsable d’Eglise «de croire à» une telle information.

Le livre, publié en allemand, porte sur le mouvement oecuménique de 1945 à 1990. Il affirme qu’en 1992 les dossiers du KGB ont révélé que le métropolite Nikodim avait été un agent. Le livre va plus loin en précisant que les interprètes envoyés aux réunions oecuméniques par l’Eglise orthodoxe russe avaient été «choisis» par le KGB et écrivaient des rapports quotidiens sur ces rencontres. Ceux-ci étaient ensuite remis au métropolite Nikodim afin qu’il les transmette au Conseil soviétique chargé des affaires religieuses.

Pratiques courantes

Mikhail Gundyaev a cependant admis la possibilité que «certains membres de notre Eglise» auraient pu avoir des liens avec les anciens services de sécurité. Pour le reste… le simple fait que le métropolite Nikodim ait été mentionné dans les dossiers, même sous un nom d’emprunt «ne prouve rien», soutient-il. Le KGB n’hésitait pas, a-t-il ajouté, – et c’était une pratique courante – à garder des dossiers sur des responsables influents de l’Eglise, voire même de leur attribuer d’autres noms, à l’insu des personnes concernées.

Ce nouveau livre est le résultat de plusieurs années de recherches coordonnées par Gerhard Besier, professeur de l’histoire de l’Eglise à l’Université de Heidelberg en Allemagne. Le professeur Besier est bien connu pour avoir écrit un ouvrage controversé en trois volumes sur l’histoire des Eglises protestantes en Allemagne de l’Est.

Le nouveau livre comprend trois parties, chacune écrite par un auteur différent, sur le rôle du COE et des Eglises protestantes allemandes durant la guerre froide; la relation entre le protestantisme, le communisme et le mouvement oecuménique aux Etats-Unis; et l’histoire de la Conférence chrétienne de la paix.

Le chapitre concernant le COE et les Eglises allemandes durant la guerre froide – 295 pages – a été écrit par Armin Boyens, qui a consulté les archives du COE et de la Fédération luthérienne mondiale et celles du secrétariat d’Etat est-allemand pour les affaires de l’Eglise.

Porte-parole du COE, Karin Achtelstetter, s’est borné à déclarer que ce n’est pas dans la pratique du COE de faire des commentaires sur des personnes qui avaient été actives au sein de l’organisation avec l’approbation de leur Eglise membre. (apic/eni/pr)

8 février 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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