Etude menée par la Fondation Bertelsmann
Allemagne: Les Européens seraient plus religieux qu’on ne le pense
Gütersloh, 7 octobre 2008 (Apic) Bien que les Européens soient de moins en moins nombreux à fréquenter les églises, une grande majorité d’entre eux se considèrent encore comme religieux, indique une récente étude menée par la Bertelsmann Stiftung, la plus grande fondation privée d’Allemagne, basée à Gütersloh, dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, près de la ville de Bielefeld.
«Bien que tout le monde parle de religion, on n’a pas de données concrètes sur les opinions exactes des gens et leurs conséquences sur la vie de tous les jours», a déclaré Martin Jäger, directeur de projet à la fondation.
«Cette étude s’est penchée pour la première fois sur la religiosité, et non pas sur les affiliations institutionnelles et les perceptions de soi uniquement. Elle démontre que la situation est extrêmement complexe; les Européens sont bien plus religieux qu’on ne le pense généralement».
Au total, 21’000 personnes de 21 pays ont pris part à l’étude «Observation des religions», qui comprenait cent questions détaillées sur la croyance en un être divin, les expériences religieuses et l’intérêt pour la religion. D’après les réponses obtenues, 74 % des personnes se sont dites «religieuses», et un quart «très religieuses», les pays les plus religieux étant l’Italie et la Pologne et le moins religieux la France.
Les catholiques romains tendent davantage à être pieux que les protestants, 42 % des catholiques affirmant qu’ils vont à l’église, contre 15 % des protestants. Dans toutes les catégories d’âges, une part importante des personnes interrogées considère également que les croyances sont individuelles, et n’intègre que certains aspects de la tradition.
L’étude suggère que la religiosité est plus répandue en Europe qu’en Russie, mais plus faible qu’aux Etats-Unis et dans d’autres régions du monde. «Les résultats indiquent que l’Europe continue de s’inspirer de valeurs chrétiennes», a déclaré Martin Jäger au correspondant de l’agence oecuménique ENI. «La religiosité exerce manifestement encore une influence importante sur la vie sociale et culturelle de l’Europe. Son rôle de lien entre les nations de l’Union européenne ne devrait pas être sous-estimé».
La classe politique de l’Union européenne (UE) a parfois été accusée d’ignorer le rôle des Eglises et des religions, qui n’étaient mentionnées dans aucun document de l’UE jusqu’à la fin des années 90. Bien qu’un nouveau traité européen reconnaisse «les héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe», certains responsables d’Eglise ont averti qu’en mettant l’accent trop étroitement sur la laïcité, l’UE ne reflète pas les attitudes sociales et culturelles.
Selon l’étude, présentée à Bruxelles le mois dernier, 27 % des Européens affirment n’appartenir à aucune Eglise, tandis que 92 % pensent que toutes les religions contiennent «un fond de vérité». L’étude indique par ailleurs que 42 % des personnes interrogées acceptent les conceptions panthéistes qui identifient Dieu avec la nature, ou y sont ouvertes. Plus de la moitié des personnes interrogées affirment que leur religion n’a aucune influence sur leurs opinions politiques ou leur comportement sexuel.
La fréquentation hebdomadaire ou irrégulière des Eglises fait partie de la vie normale de 90 % des Polonais et 75 % des Italiens, et de seulement 45 % des Français et 44 % des Allemands. Selon Martin Jäger, «les Eglises traditionnelles ont un problème de communication parce que les gens sont plus ouverts aux pratiques et messages religieux qu’on ne le pensait». (apic/eni/be)