Allemagne: Les évêques de Bavière critiquent la «Petition Vaticanum II»
«En totale contradiction avec la réalité»
Munich, 27 février 2009 (Apic) La pétition «Pour la reconnaissance sans restriction des décisions du Concile Vatican II», signée par des professeurs de théologie et des milliers d’autres catholiques a suscité la polémique au sein de l’Eglise catholique. Dans une déclaration publiée jeudi 26 février, les évêques de Bavière critiquent l’argumentation développée dans cette démarche intitulée «Petition Vaticanum II».
L’affirmation selon laquelle le pape Benoît XVI permet que des parties de l’Eglise catholique remettent en cause l’esprit et la lettre du Concile Vatican II est en totale contradiction avec la réalité, affirment les évêques catholiques de Bavière. Ils relèvent que le Vatican a ainsi exigé le 4 février dernier de la Fraternité sacerdotale St-Pie X (*) la reconnaissance complète de tous les enseignements de l’Eglise et du Concile Vatican II. C’est, soulignent-ils, la condition indispensable pour une totale communion avec l’Eglise catholique.
Les évêques bavarois rejettent de façon déterminée «la tentative de jouer le pape contre le Concile» ainsi que le reproche que «le pape trahit le Concile». Ils rappellent que le Concile est dans son intégralité obligatoire pour l’Eglise catholique.
20’000 personnes ont déjà signé la pétition qui se trouve sur internet (Cf. www.petition-vaticanum2.org). Elle a été lancée au début du mois de février en réaction à la levée de l’excommunication des quatre évêques traditionalistes – Mgr Bernard Fellay, Mgr Tissier de Mallerais, Mgr Richard Williamson et Mgr Alfonso de Gallareta – qui avaient été ordonnés illicitement par Mgr Lefebvre en juin 1988 lors du schisme d’Ecône.
Le conflit se poursuit à Ratisbonne
Parmi les signataires de la pétition controversée se trouvent trois professeurs de l’Université catholique de Ratisbonne, à savoir la canoniste Sabine Demel, le théologien pastoral Heinz-Günther Schöttler et Burkhard Porzelt, professeur de pédagogie religieuse. Ils sont désormais dans la ligne de mire de l’évêque de Ratisbonne (Regensburg), Mgr Gerhard Ludwig Müller, qui les a sommés, sous peine de sanction, de se rétracter (Cf. www.bistum-regensburg.de).
Mgr Müller reproche aux théologiens signataires de laisser sous-entendre que le pape a, par sa décision de lever les excommunications, causé des dommages à l’Eglise parce qu’il permettrait ainsi un rejet des décisions du Concile Vatican II. «Une telle supposition est dénuée de tout fondement», souligne l’évêque de Ratisbonne, qui estime qu’ainsi ces signataires se sont eux-mêmes «disqualifiés en tant que théologiens catholiques».
En raison de sa responsabilité, comme évêque, de garantir que la formation théologique des étudiants en théologie soit donnée de façon scientifique, compétente et dans l’esprit de l’Eglise, il exige que les signataires prennent sans ambages et dans les quinze jours leur distance avec cette pétition. Les signataires doivent s’excuser par écrit auprès du pape. Ils doivent également venir personnellement, devant l’évêque, prononcer la profession de foi et le serment de fidélité (Cf. code de droit canonique CIC 833). Au cas où ils ne seraient pas prêts à le faire dans le délai donné, Mgr Gerhard Ludwig Müller annonce qu’il sera forcé de prendre d’autres mesures «pour le bien de l’Eglise de Ratisbonne et de l’Eglise toute entière».
La FSSPX n’est pas prête à reconnaître le Concile Vatican II
En tout état de cause, la réconciliation des intégristes avec l’Eglise catholique romaine n’est pas pour demain, la levée des excommunications n’étant qu’un premier pas pour permettre le dialogue. Cela ne signifie pas encore leur «réintégration» dans l’Eglise, comme l’a précisé la Secrétairerie d’Etat du Vatican, le 4 février dernier. Rome pose comme condition de cette réintégration la «pleine reconnaissance du Concile Vatican II», ainsi que du magistère des divers papes, de Jean XXIII à Benoît XVI.
Dans un entretien publié jeudi dans les quotidiens «La Liberté» et «Le Courrier», le supérieur de la FSSPX, le Valaisan Bernard Fellay refuse de faire de la reconnaissance du Concile Vatican «une condition préalable» à une réintégration de la Fraternité dans l’Eglise catholique romaine. «Le Vatican a reconnu la nécessité d’entretiens préalables afin de traiter des questions de fond provenant justement du Concile Vatican II», déclare-t-il.
Mgr Fellay exprime l’espoir que l’Eglise revienne sur les acquis de Vatican II, «car ces acquis sont de pures pertes: les fruits du Concile ont été de vider les séminaires, les noviciats et les églises. Des milliers de prêtres ont abandonné leur sacerdoce et des millions de fidèles ont cessé de pratiquer ou se sont tournés vers les sectes. La croyance des fidèles a été dénaturée. Vraiment, ce sont de drôles d’acquis!» JB/kna
(*) La Fraternité Sacerdotale St-Pie X (FSSPX) est une société de vie commune sans voeux qui a été fondée à Fribourg en 1970 par Mgr Marcel Lefebvre (1905-1991). Elle refuse clairement d’user du nouveau rite autorisé par le pape Paul VI en 1969. «Sous prétexte d’oecuménisme, ce nouveau rite tend à remplacer la notion de sacrifice par celle de repas. Par fidélité à la conception catholique de la Messe, sacrement du Sacrifice de la Croix, nous refusons cette réforme qui tend à faire de la Messe un simple mémorial», écrit sur son site internet la FSSPX, qui est toujours schismatique. (apic/kna/be)