Allemagne: Mgr Périsset débute son activité de nonce «avec enthousiasme et confiance»
Ambassadeur du pape dans sa patrie
Christoph Strack, Apic /Traduction: Bernard Bovigny
20 novembre 2007 (Apic) Il n’avait encore jamais été à Berlin. Mais il se représente ainsi la capitale allemande: «C’est une très grande et très vaste ville, un centre culturel. Comme Paris pour la France», affirme l’archevêque Jean-Claude Périsset. Ce Suisse de 68 ans est arrivé mardi 20 novembre à Berlin pour débuter sa fonction de nonce apostolique en Allemagne.
Il est issu d’une famille de confiseurs qui compte cinq enfants, établie à Estavayer-le-Lac, dans le canton de Fribourg. «En été, nous allions tous les après-midi, hormis le dimanche, nager dans le lac de Neuchâtel», se rappelle-t-il. Et encore aujourd’hui, la natation est restée un hobby.
Jean-Claude Périsset avait appris un peu d’allemand à partir de la 5e classe primaire. Puis il a passé le baccalauréat en allemand en 1959 chez les bénédictins à Sarnen, dans le canton d’Obwald. Aujourd’hui, il parle couramment allemand, avec un accent romand.
Son parcours n’est pas totalement habituel pour un ambassadeur du Vatican. Jean-Calude Périsset a été prêtre de paroisse, official et diplomate. Après 5 ans en pastorale à Genève, ont suivi deux années dans les congrégations romaines, puis des décennies dans le service diplomatique en Afrique du Sud, au Pérou, en France, au Pakistan, au Japon.
Des serviteurs et non des monarques
En 1986, il revient pour une demi-décennie à l’officialité de son diocèse d’origine, celui de Lausanne, Genève et Fribourg. Puis suivent 7 années à Rome, avant l’envoi à la nonciature en Roumanie. Quelle continuité voit-il dans toutes ces fonctions? «En tant que prêtre, confie-t-il, nous sommes des serviteurs et non des monarques. Plus la responsabilité est grande, plus le service est grand.
Ce n’est qu’en s’ajustant à ce principe que l’on arrive à quelque chose». Son frère aîné est également prêtre, dans son décanat d’origine à Estavayer-le-Lac. Pour ce qui touche les questions oecuméniques, qui arrivent sans qu’on les appelle dans le pays de la Réforme, le Suisse se sent «assez bien préparé». Et pas seulement en raison d’une étape dans le Conseil pontifical pour l’Unité des Chrétiens en 1997. Déjà à l’école enfantine, raconte Jean-Claude Périsset, il avait des amis réformés. Et la Genève imprégnée de calvinisme fait partie de son diocèse. Il y a même débuté comme prêtre, juste après son ordination en 1964, à la paroisse Notre-Dame au centre ville. «Mois après mois, nous nous sommes rencontrés entre prêtres catholiques et pasteurs réformés, et entre fidèles des deux confessions», affirme-t-il.
Un oecuménisme vécu
Jusqu’à aujourd’hui, il rencontre encore deux amis de cette époque, avec lesquels il reste également en contact à travers des lettres. L’un est pasteur réformé en Suisse, l’autre prêtre anglican en Angleterre. «En Roumanie, durant ces dix dernières années, j’ai aussi fait connaissance avec la piété et le sens de l’Eglise des orthodoxes et j’ai pu les apprécier». Le luthéranisme ne lui est pas non plus étranger. «Une de mes tâches au secrétariat pour l’Unité des chrétiens en 1997 touchait à la Déclaration commune sur la doctrine de la justification. J’ai alors appris à apprécier les luthériens».
L’archevêque Périsset a été ordonné prêtre durant le Concile Vatican II (1962-1965). Il évoque cette importante rencontre de l’Eglise avec un profond respect. Toutefois, on ne devrait pas surestimer l’époque conciliaire. Le Concile a certes approfondi la doctrine de l’Eglise, mais ne l’a pas réécrite, souligne-t-il. Et encore aujourd’hui, des pas restent à franchir «avec enthousiasme, mais aussi avec prudence».
Jean-Claude Périsset a dû rencontrer deux ou trois fois le cardinal Joseph Ratzinger dans les années 1980 et 1990. Lors de la présentation d’un livre, le prélat allemand commentait la partie dogmatique et le Suisse la partie canonique. Le fait d’avoir toujours pris en considération le droit canonique dans ses publications constitue un des points forts du pape actuel.
Que signifie devenir ambassadeur du pape dans le pays de ce dernier? Le nonce Périsset interprète sa nomination comme une preuve de confiance, et surtout comme une grande responsabilité. «Je dois toujours me sentir et être encore plus en accord avec lui. Je dois le représenter, et non adopter ma propre attitude».
Note: Des photos peuvent être commandées sur la banque de données de l’agence allemande KNA Bild sur le site www.kna-bild.de, mention «Périsset». (apic/kna/ak/bb)