Alliance Sud appelle la Suisse à «prendre au sérieux» l’aide au développement
La quatrième Conférence internationale des Nations Unies sur le financement du développement (FfD4) se déroule du 30 juin au 3 juillet 2025 à Séville. La coalition d’organisations suisse Alliance Sud appelle la Confédération à participer de manière constructive à la rencontre.
«La déclaration finale de la Conférence est déjà prête et ne comprend aucune avancée décisive contre la crise mondiale multiple», déplore Alliance sud dans un communiqué. La coalition regroupe sept organisations civiles actives dans le développement international dont les œuvres d’entraide catholiques Action de Carême et Caritas Suisse.
L’ombre du désengagement américain
La quatrième édition de la FfD4 réunit des dirigeants mondiaux, des institutions internationales, des entreprises, la société civile et le système des Nations Unies «pour relever les défis urgents en matière de financement qui entravent la réalisation des objectifs de développement durable (ODD)». Alliance Sud a dépêché dans le sud de l’Espagne son expert en politique fiscale et financière Dominik Gross.
La coalition suisse se réjouit que la FfD4 «énonce des déclarations d’intention pertinentes en matière de politique fiscale et de désendettement», en remarquant que celles-ci «devraient également inciter la Suisse à agir».
«Cette conférence majeure de l’ONU est toutefois obscurcie par une dette publique record dans le Sud global, la non-participation des États-Unis et le démantèlement complet de l’agence américaine pour le développement international (USAID) annoncé pour le 1er juillet», regrette Alliance Sud. Mais jusqu’au 3 juillet, les discussions à Séville porteront sur bien plus que le «financement du développement» au sens de la coopération internationale (aide publique au développement, APD).
«La Suisse n’a pas brillé lorsqu’il s’agissait du soutien au multilatéralisme»
La question de savoir comment les pays pauvres peuvent mobiliser davantage de ressources propres est au cœur des débats. Les mesures contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites figurent donc en bonne place dans l’ordre du jour. Les thèmes de la dette et du désendettement, du commerce et du développement, des questions systémiques liées à l’architecture financière internationale et du rôle des entreprises et des aides publiques correspondantes occupent également une place centrale. «Autant de thèmes qui interpellent tout particulièrement les pays riches comme la Suisse», commente la coalition d’organisations.
«Jusqu’ici, la Suisse officielle n’a pas brillé lorsqu’il s’agissait du soutien au multilatéralisme, à la coopération au développement et à la cohérence des politiques pour le développement durable, critique Dominik Gross. Nous attendons de notre pays qu’il prenne au sérieux les discussions et les processus de l’ONU et qu’il y participe de manière constructive, au lieu de les bloquer ou de les ignorer par intérêt personnel.»
Depuis début 2025, la Suisse a recentré sa politique d’aide au développement en orientant ses fonds vers des priorités stratégiques (ONU, lutte contre la pauvreté, santé, éducation, Ukraine) tout en appliquant des coupes budgétaires ciblées dictées par le Parlement. (cath.ch/com/arch/rz)